L’artiste Fafa de Molokaï : trois ans déjà !

L’artiste Fafa de Molokaï : trois ans déjà !

L’artiste Fafa de Molokaï figure parmi les meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes qu’ait connu la RDC.

Il est né le 12 mai 1957 dans la ville portuaire de Matadi dans la province du Kongo central, dans une famille de 9 enfants, d’une mère institutrice et d’un père marin.

Adolescent, il sera marqué par un drame familial.

La mort prématurée de son père bouleverse sa vie-une mort survenue dans un accident de voiture en 1966-, une épreuve très traumatisante pour le jeune Fabrice, qui souffrira de l’absence paternelle et refusa de conduire toute sa vie.

Élevé par son grand-père Ngizulu, Ngizulu kubiala Honoré Fabrice de son vrai nom débute sa scolarité à la colonie scolaire de Boma, une célèbre institution qui se distinguait à l’époque par la formation de l’élite locale. Dès sa prime jeunesse, le jeune Fabrice est passionné par la musique, il manifeste une attirance pour la chanson, influencé par sa mère qui l'a berçé par les mélodies de Tabu Ley.

C’est d’ailleurs dans cette vénérable cathédrale qu’il fit ses premières armes- il chantonnait déjà à l’époque des airs de Tabu Ley-, il rencontre le futur compositeur de "l’Amour scolaire", Mascot de katalas qui devient son ami et coéquipier dans Festina. Il rejoint plus tard l’orchestre Guys Boys à Matadi, il fait la connaissance de Luzolo Bambi, guitariste à l’époque, élève comme lui à l’Athénée de Matadi (juriste de renom, professeur et ancien ministre de la Justice), Shekedan, Sola Sita, il fera aussi la connaissance de Shimita, star des années 80, étoile montante de l’orchestre Zaiko Wawa de Pepe Felly Manuaku et Mimi Ley.

Son bac en poche, Fafa de Molokaï descend à Kinshasa chez son oncle paternel pour poursuivre ses études universitaires, mais la fibre musicale le rattrape.

Il s’installe à Foncobel (l’actuel Kimbangu) dans la maison familiale, chez son oncle paternel, il rejoint un groupe de jeunes du quartier Asia Mama et le Wondostock Bikumba Kumba.

Wondostock animait la campagne électorale d’un grand ténor de la politique de l’époque, M. Diomi Diogas, le jeune Fabrice impressionne à chaque prestation.

L’orchestre Yoka Lokole était invité à une fête de baptême d’un des fils des parents de la famille Mobutu, l’orchestre Wondosctock assurait la première partie du spectacle.

Interprétant les chansons de Grand Kallé, le jeune Fabrice (grande allure et belle apparence) séduit non seulement les invités, mais aussi les musiciens de Yoka Lokolé en perte de vitesse après le départ de Papa Wemba.

Sec Bidens (Muganganga) qui a un flair musical inégalable le sollicite pour l’intégrer dans  Yoka Lokole, la mayonnaise prend, mais le succès sera de courte durée, l’orchestre ne fait pas long feu.

Le même Sec Bidens  le présentera à Papa Wemba en 1978, c’est l’attaque chant indoussa avec Emmeneya Kester, Espérant Kisangani, Bipoli Nafulu, Debaba et Dido Yogo, dans Viva La Musica.

Le succès sera immédiat : Cherie Gitta, bolingo ya pensionnat, Ambro djenny, dédicace à l’un des premiers résidents en Suisse et jeune premier. Fafa de Molokai explose, il enchaine avec "Bolingo ya pensionnat ", fille de chance et lèvre de miel, ces chansons sont de véritables tubes.

En 1984, il s’installe en Europe, il va jouer avec Spraya Dora et Chandile dans Okinawa.

Sa rencontre avec l’artiste musicien Koffi Olomidé sera décisive en 1986 et se concrétisera par un album dont 2 de Fafa de molokai "parents responsables " dédicace à sa femme, la baronne Adèle Manoka et "youla bols" produit par le producteur Ado Mbengani.

Papa wemba s'installe à Paris, Fafa de Molokaï rejoint son mentor dans cette nouvelle aventure.

En 1992, il claque la porte de Viva La Musica, c’est la grande cassure, il crée une nouvelle formation « Nouvelle génération de la République », avec José Fataky, Lidjo Kwempa, Luciana de Mingongo, Awilo Longomba, Bongo Wende etc...

La sortie de ces dissidents entrera dans les annales de la musique à Paris (des jeunes révoltés avec un look d’enfer, Jeans et blousons avec la présence de Djenna mandako).

Les Parisiens sont convaincus pendant 3 ans, le rythme Zimpopae pompa fait vibrer Paris, Bruxelles, et Genève.

Lors d’un concert à la salle LSC, une dispute précipite leur dislocation.

En 2010, il fonde avec des anciens de Viva La Musica, la Musica Act two, il se retrouve avec les mêmes (Djuna Djanana, Styno, Lidjo kwempa).

En plein concert à Meaux en 2015, une bagarre éclate sur scène entre les musiciens, l’aventure s’arrête.

Fafa se tourne vers l'art culinaire et devient chef cuisinier aux restos universitaires de Nanterre.

Il essaie de tenter une carrière solo, malheureusement le succès ne sera plus au rendez-vous et la chance lui tourne le dos.

Fafa de Molokaï, malade, décède le 4 juin 2020 à l’hôpital René Dubose de Pontoise après une courte et foudroyante maladie, à l'âge de 63 ans.

Il a laissé plusieurs chansons d’anthologie.

Fafa de Molikai était marié à la baronne Adèle Manoka, fille d’un richissime congolais, son amour de jeunesse.

Il a laissé 3 orphelines, Émeraude, Mirella et Cheyenne.

Paix éternelle à ce grand artiste.

 

Jean-Claude Mass Mombong

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