Situation des droits de l’homme en RDC : « Il est encore temps d’agir »

Situation des droits de l’homme en RDC : « Il est encore temps d’agir »

La Représentante du Secrétaire général des Nations unies en RDC, Bintou Keïta s’est adressée le 1er avril 2025 devant le Conseil des droits de l’homme à Genève en Suisse en présence de Madame la ministre des Droits humains, de Madame la Vice-ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, de Madame la Haute-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme et de Madame la Présidente de l’équipe des Experts indépendants sur la République Démocratique du Congo.

C’était dans le cadre du Dialogue interactif renforcé sur la situation des droits de l'homme en RDC lors de la 58ème session du Conseil des droits de l'homme.

« Je vous remercie de me donner à nouveau l’occasion de m'adresser au Conseil sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo. Je prends la parole aujourd’hui avec un sentiment d’urgence. Depuis ma dernière intervention ici, le 7 février 2025, la situation ne s’est pas stabilisée. Elle s’est aggravée. Le conflit s’enlise, la violence s’étend, et la souffrance des civils s’intensifie ».

Bintou Keïta a remercié les efforts du Haut-Commissaire aux droits de l’homme dont le travail est essentiel pour maintenir l’attention du monde sur la République Démocratique du Congo. Il renforce le plaidoyer en faveur d’une amélioration des droits humains dans le pays. Il rappelle aussi que cette crise n’est pas isolée. Et qu’il faut éviter qu’elle ne déborde vers l'ensemble de la région des Grands Lacs.

«Je salue l'engagement continu de l'Équipe d'experts internationaux, récemment venue en République Démocratique du Congo, dans la poursuite de son mandat pour faire avancer la justice et lutter contre l’impunité. Je souligne également le travail initial accompli par l'équipe de démarrage de la mission d'établissement des faits mandatée par le Conseil des droits de l'homme. Je plaide pour que toutes les parties apportent leur soutien et leur coopération à ce mécanisme important ».

Elle a noté avec intérêt l’intention des autorités congolaises de finaliser en urgence un cadre pour la justice transitionnelle, comme annoncé le 28 mars 2025. C’est un pas dans la bonne direction. Mais pendant que des efforts se poursuivent à Genève, à Kinshasa et ailleurs, les populations de l’est du pays souffrent d'un conflit prolongé. Les avancées du Mouvement du 23 mars, soutenu par les forces de défense rwandaises, l'activisme continu des ADF, de la CODECO et de diverses factions de Wazalendo perdurent. Résultat : les souffrances de centaines de milliers d'enfants, de femmes, de personnes âgées et déplacées à l'intérieur du pays s’aggravent.

Sur les 1.099 violations des droits de l'homme recensées par le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme depuis le début de l'année, 88 % ont eu lieu dans des provinces en conflit. 71 % de ces violations ont été commises par des groupes armés.

« Je suis profondément préoccupée par l'annonce récente de Thomas Lubanga - condamné par la Cour pénale internationale - de la création d'une coalition armée en Ituri à partir d'un pays voisin. Cette évolution inquiétante aggrave les tensions interethniques dans une zone déjà troublée et pose un risque de répétition de crimes internationaux ».

Et Madame Bintou Keïta de relever que « pendant que le conflit perdure, nous assistons à un revers inquiétant de décennies d'investissements et d'efforts pour faire respecter l'État de droit dans l'est de la RDC. C'est une évolution regrettable que nous ne pouvons pas permettre. Nous devons aux générations présentes et futures congolaises des sociétés justes, ouvertes et pacifiques. Des sociétés où la loi protège, où la vie a un prix, où la dignité n’est pas un luxe, mais un droit ».

Elle a parlé devant l’assistance avec un sentiment d’urgence. Un sentiment nourri par les réalités vécues chaque jour par les populations en République Démocratique du Congo. Là où les populations attendent que le droit reprenne sa place, et que la protection devienne une réalité. Il est encore temps d’agir.

La Gazette du Continent.

 

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