Bozi Bozianna : un des monstres sacrés de la musique congolaise

Bozi Bozianna : un des monstres sacrés de la musique congolaise

L’histoire de la musique congolaise possède son lot de musiciens légendaires, le grand-père Bozi Bozianna est une figure phare de la chanson congolaise. À 72 ans, l’artiste n’a plus rien à prouver, il est l’un des monuments de la chanson congolaise. Bozi Bozianna a séduit plusieurs générations de fans sans jamais perdre son aura, un chemin difficile et au bout la gloire gagnée à force de talent et de travail.

C’est le grand frère de Koffi Olomidé, Djoniko, qui lui a donné le nom de Benz et son ami l’ambassadeur Ilolo Denis a rajouté Bozianna.


Bozi Bozianna et Koffi Olomide

Nous nous sommes entretenus dans le 8 arrondissement de Paris dans un restaurant huppé de la place. C’est que j’aime chez Bozi Boziana, et qui est partagé par beaucoup de Congolais : c’est l’image d’un homme simple. Il est d’abord facile.

Bozi Boziana possède deux caractéristiques principales, précieuses et rares chez les artistes musiciens congolais : un don de sympathie immédiat et celle d’une très grande modestie, qui ne sont pas les marques distinctives de ses collègues. Quand on parle de Bozi Bozianna, les mêmes mots reviennent toujours : c’est un garçon non conflictuel, qui n’élève jamais la voix -taciturne, tranquille et conciliant -, qui a toujours évité le dissensus. On a peine à comprendre comment il a pu s’accommoder et su s’imposer auprès des monstres sacrés et fauves coutumiers d’escrime au tempérament rugueux et impétueux comme les Evoloko, Gina wa Gina, Espérant Kisangani et autres fortes têtes.

Il s’est livré à moi, il m’a parlé de sa carrière, de ses débuts, ses souvenirs, des anecdotes, de sa famille, ses joies et déceptions.

Benoit Mbenzu Ngamboni Bokili de son vrai nom est né le 28 septembre 1951 à Kinshasa (RDC). Il est le fils de Louis Mbenzu Bolia et Joséphine Malenga. Originaire de la région de Bandundu, il est mununu bobangi du village de bolobo, son père fut infirmier à l’époque coloniale, l’équivalent peut-être d’un médecin aujourd’hui.


Benoit Mbenzu Ngamboni Bokili alias Bozi Bozianna

Aîné d’une famille de 15 enfants, il a grandi à Barumbu, à Ngiri-ngiri (avenue Nzombo), et a passé une grande partie de sa jeunesse à Matongé et Yolo, c’est à Yolo, qu’il fait une rencontre déterminante, alors qu’il fréquentait l’école saint-gabriel, celle d’un jeune de 12 ans, Evoloko Antoine, ce sont les débuts d’une vraie amitié, qui jouera un rôle important plus tard dans sa carrière. Il doit à Evoloko son entrée dans Zaiko Langa-Langa, en novembre 1973.

Bon père de famille, marié à Madame Faty depuis plus de 35 ans, papa de 5 enfants, Bozi Bozianna est un chanteur de grand talent qui a une carrière longue et prolifique, il s’est destiné à la musique dès son plus jeune âge.

Son parcours scolaire était peu flatteur, des études primaires à Renkin 1 et 2, Saint-Gabriel à Yolo et plus tard à Bumba, Bozi Bozianna délaisse ses études et s’abandonne à sa passion au grand regret de ses parents, car la musique n’avait pas bonne presse dans la société à l’époque.

Il fait ses premières armes à l’orchestre Bamboula de Papa Noël Nendule, il croisera Pépé Kallé et Madilu System, mais il garde de mauvais souvenirs de cette période. Il intègrera par la suite Minzoto Wela Wela de père Buffalo.

De retour d’une tournée européenne, son ami Evoloko Lay Lay insiste auprès du comité de Zaiko pour qu’il soit intégré dans le groupe. C’est le début d’une carrière fulgurante.


Evoloko Lay Lay

En 1974, Zaiko Langa Langa subit sa première défection avec le départ d’Evoloko, Mavuela, Jules Shungu (Papa wemba) et Bozi Bozianna. Ils vont créer le groupe Isifi Lokole, mais l’ego démesuré qui accompagne le succès de ces jeunes aux caractères très affirmés provoque de nouveau la scission.

Bozi Bozianna, Papa wemba et Mavuela quittent Evoloko, une année après pour créer Yoka Lokole.

Il quittera de nouveau Yoka Lokole, en 1976. En duo avec Gina wa Gina dans Libanko, il réintègre de nouveau Zaiko en 1977.

En 1981, il quitte Zaiko, il est de nouveau de l’aventure avec Evoloko, ils créent Langa Langa Stars avec Espérant Kisangani, Djuna Djanana, Djo Mali, Roxy, Dido Yogo (7 patrons).

Langa Langa Stars connaîtra un énorme succès, véritable phénomène dans l’histoire des groupes musicaux congolais (Ba Croix Rouges), ils enregistrent et vendent le plus grand nombre des chansons, mais le monde de show-business est beaucoup plus cruel que ça, ils ne résistent pas à la lutte d’influence, de leadership et commérages malsains de leurs entourages.

Bozi Bozianna quitte non sans regret son ami Evoloko, il connaît un petit passage à vide et rejoint la mère de sa fille, sa première épouse en Europe, Mandolina, la sœur de Lita Bembo (décédée). Contacté par Ben Nyamabo, ils créent Choc Stars fin 82, c’est le triomphe. Choc Stars était une pépinière des talents, Bozi enchaîne des succès et le groupe vend de milliers d’exemplaires de disques.

En 86, il fonde son propre orchestre, L’Anti-Choc, il explose, expose son talent et se réinvente en créant un nouveau concept, il sera le seul musicien à chanter avec les femmes à part Tabu Ley. Inspiré par Boney M (groupe de disco-pop), il impose un nouveau style avec sa voix langoureuse, le public découvre Jolie Deta, Deesse Mukangi, Scola « Nza Wissa » Miel et Betty « Bis » Kindobika, Mi Flo, et une équipe de choc composée de Fifi Mofude, Djo Nolo, Wally Ngonda, Nguma Lokito, Koffi Ali Baba, Deo etc...

Il est revenu aussi sur ses différents départs, il s’est promené dans beaucoup d’orchestres, sa carrière sera marquée par une grande errance, surnommé « pigeon voyageur », par la presse, il le vivra mal.

Il est revenu également sur sa séparation avec Ben Nyamabo -après quelques malentendus-, il décida de créer son propre orchestre Anti-Choc, bien lui en prit puisqu'il y connut un vrai succès.

Véritable auteur-composteur, sa discographie comporte des chansons d’anthologie.

Le Grand-Père Bozi fut l’un des premiers congolais à gagner le Kora en 1999. Il reçut son prix face à Mandela et Michaël Jackson en Afrique du Sud.

Retrouvez l’intégralité de notre entretien et des anecdotes sur notre site.


Jean-Claude Mombong Mass et Bozi Bozianna

 

Jean-Claude Mombong

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