Le jeudi 30 juin 1960, le président de la République Joseph Kasa–Vubu proclame l’indépendance du Congo devant le Roi des Belges Baudoin 1er, les membres du gouvernement Lumumba, les parlementaires et d’autres invités. Parmi ceux–ci, il y a Ralph Bunche, diplomate américain et premier noir à obtenir le Prix Nobel de la Paix en 1950 grâce à sa médiation dans le conflit Israélo-Palestinien. Cadre des Nations-Unies, il représente, à la cérémonie de Kinshasa, le secrétaire général Dag Hammarskjöld.
La Tunisie présente la candidature du Congo au Conseil de sécurité.
A la suite d’une maladresse du commandant en chef de la Force Publique, le général belge Janssens, qui a expliqué aux militaires congolais que pour eux l’après l’indépendance est égale à l’avant indépendance, les soldats se mutinent dans plusieurs garnisons du pays à partir du 5 juillet 1960. Malgré ces troubles, la Tunisie, seul pays africain membre du Conseil de Sécurité desNations-Unies à cette date, présente la candidature de la République du Congo qui souhaite devenir membre de l’organisation des Nations-Unies. Dans sa plaidoirie, la Tunisie présente le Congo indépendant comme « démocratiquement organisé, ayant en main un appareil de gouvernement normal, lui permettant d’assurer l’ordre et la stabilité à l’intérieur et de faire face à ses obligations extérieures».
A l’unanimité, les membres du Conseil de Sécurité acceptent la candidature du Congo et recommandent à l’assemblée générale de l’accueillir en son sein.
Les troupes belges encouragent Moïse Tshombe à faire sécession
Le 10 juillet 1960, sous prétexte de protéger les européens de Lubumbashi, les troupes belges, qu’on appelait les troupes métropolitaines et qui étaient basées à Kamina, sont déployées dans le chef-lieu du Katanga. Et là, elles vont désarmer les militaires congolais. Le lendemain de cette neutralisation des soldats congolais, et protégé par le Major Weber, commandant du contingent belge, Moïse Tshombe, le gouverneur de la province cuprifère, proclame la sécession du Katanga. On est donc le 11 juillet 1960.
Le gouvernement congolais appelle l'ONU à l'aide
Les autorités congolaises de Kinshasa vont réagir vite. En effet, le 12 juillet, le président Kasa-Vubu et le premier ministre Lumumba envoient un télégramme au Conseil de Sécurité des Nations-Unies à New-York pour demander une assistance militaire en vue de mettre un terme à l’agression du Congo par la Belgique.
L’ancienne métropole, en intervenant à Lubumbashi, et dans d’autres localités du Congo, sans l’accord préalable du gouvernement congolais, a violé le traité d’amitié Belgo-Congolais signé le 29 juin 1960. En effet, il était prévu dans cet accord que les troupes métropolitaines belges installées au Congo dans les bases de Kitona et de Kamina ne pouvaient entrer en action qu’avec l’autorisation préalable du gouvernement congolais. N’ayant pas sollicité ni obtenu cet accord préalable, la Belgique a donc agressée le Congo.
Voici un extrait du télégramme des autorités congolaises : « Le gouvernement de la République du Congo sollicite envoi urgent par organisation ONU une aide militaire stop. Insistons vivement sur extrême urgence envoi troupes ONU au Congo Fullstop ». On peut noter en passant que le Congo demande l’intervention de l’ONU 5 jours seulement après son admission comme membre de l’organisation mondiale.
Le Conseil de sécurité crée l'ONUC
Le même jour, le 12 juillet, le secrétaire général des Nations-Unies convoque en urgence une réunion du Conseil de Sécurité. Après des longues discussions, parfois houleuses, les membres du Conseil de Sécurité adoptent la résolution 143 vers 4h du matin du 13 juillet. Cette résolution demande à la Belgique de « retirer immédiatement ses troupes du territoire de la République du Congo ». Et cette même résolution crée l’opération des Nations-Unies au Congo, ONUC, en sigle, qui consiste à l’envoi des troupes des casques bleus au Congo, en vue d’aider le gouvernement congolais à rétablir l’ordre sur l’ensemble de son territoire.
Les casques bleus onusiens débarquent au Congo
Le 15 juillet 1960, les premiers contingents des Marocains et des Ghanéens arrivent à Kinshasa. Ils seront suivis par des Tunisiens, des Ethiopiens, des Maliens, etc. A son apogée, l’ONUC comptera 20.000 militaires et civils, originaires des 33 pays. C’est la première grande opération des Nations-Unies depuis sa création.
L’ONUC coûtera la vie à 126 casques bleus tués au combat et 109 sont décédés à la suite d’accident ou des morts naturelles. On compte parmi ces victimes le secrétaire général des Nations-Unies Dag Hammarskjöld en personne, décédé le 18 septembre 1961 à Ndola, en allant à un rendez-vous avec Moïse Tshombe, le sécessionniste.
ONUC, une mission difficile et complexe
Ainsi, commence la très longue et tumultueuse histoire entre la RDC et les Nations-Unies à travers 3 longues et grandes opérations : ONUC, MONUC, MONUSCO.
En ce qui concerne l'ONUC, quels sont les défis qui vont apparaître sur le terrain ? Pourquoi le premier ministre Lumumba se fâche avec le secrétaire général Dag Hammarsjold ? Pourquoi il faudrait deux ans pour que l'ONUC lance une offensive de grande envergure pour mater Moïse Tshombe et sa gendarmerie katangaise encadrée par des mercenaires belges, français et sud-africains ?
Thomas Luhaka Losendjola
Ancien président de l'Assemblée nationale, ancien ministre, avocat et Député national.