Ils ont fait la fierté de l’Armée Congolaise : le Général Albert Tukuzu (4 août 1935 - 17 aout 2007)

Ils ont fait la fierté de l’Armée Congolaise : le Général Albert Tukuzu (4 août 1935 - 17 aout 2007)

1. Enfance

Il est né le 4 aout 1935 dans le village Kila, groupement Bodana, dans la chefferie Banda, territoire de Bosobolo, district de Nord-Ubangi dans la province de l’Equateur.

De son vrai nom Tii-Kuzu Guzu - Wo Angbanduruka, des noms prémonitoires qui ont des significations mystiques. Tii-Kuzu (qui tend vers la mort), Gusu-Wo (le flambeau), Angbanduruka (le survivant de la lignée des Ngbanduru).

Après la mort de sa sœur en 1946, le jeune Albert est resté l’enfant unique.

Il n’a pas connu son père, avant sa naissance, son père a été arrêté et transféré à Lisala pour y être condamné en 1935 à 30 ans de prison pour homicide.

Il avait été constaté dans le village de son père plusieurs cas de décès inexplicables, surtout dans la famille Tii-Kuzu. L’aîné de son père a perdu successivement 3 enfants.

Son père s’est substitué en justicier, surtout quand son cousin Tii-Kuzu est décédé en bas âge.

Il s’est armé des flèches, des lances, il a aligné tous les villageois et les a fait boire de force un breuvage qui s’appelle « mbondo ».

D’où l’expression populaire en lingala « komelela ye mbondo te ».

Le mbondo est un breuvage, une mixture des racines des plantes qu’on préparait et faisait boire aux gens, si vous ne dites pas la vérité, les conséquences sont mortelles. À l’issue de cette opération mbondo, 11 personnes seraient mortes, transféré à Lisala, son père serait condamné à 30 ans de prison.

Plus tard, à sa naissance, il héritera le nom de Tii-Kuzu celui de son cousin pour lequel son père a été condamné. Il serait mort en prison en 1955.

Il a quitté le village à l’âge de 11 ans pour s’inscrire à l’école primaire de Libenge. Le jour de son inscription en 1946, il ne comprend pas le lingala, à la question du prêtre sur son nom, son oncle a répondu « Tii-Kuzu» et le prêtre transcrit Tukuzu. En 1950, il est allé au séminaire de Molegbe qui sera transféré à Kotakoli, en 1955, il s’engage à l’armée. Après son incorporation provisoire à Banzyville (Mobay Mbongo), il descend à Coquilhatville l’actuel Mbandaka pour l’incorporation définitive. Après plusieurs stages, il sollicite et obtient son admission à l’Ecole Centrale de Luluabourg. À la fin de la session en 1959, il sera proclamé et reçu le prix de l’élève le plus méritant de l’école depuis sa fondation.

Immédiatement après la proclamation, un avion était dépêché de Léopoldville pour le prendre, il sera affecté à l’Etat Major Général à la 4 Direction (G4).

2. Parcours professionnel 

Octobre 1959 au mois d’avril 1960, il sera détaché à Kigali. Il jouera pour le compte de l’armée et de la nouvelle République un rôle très important que nulle part l’histoire du Congo n’en fera mention.

C’est grâce à lui que les officiers Belges qui menaçaient de confisquer l’indépendance politique n’ont pas réussi à le faire en application de la célèbre équation du Général Janssens, commandant de la force Publique, qui avait dit le 04 juillet 1960 : « Force Publique avant l’indépendance =Force Publique après l’indépendance ».


Général Emile Janssens

C’est lui qui aurait déclenché, après avoir préalablement informé le Premier ministre Patrice Emery Lumumba et qui lui avait donné son feu vert, ce mouvement à partir de Kinshasa et embrasa tout le pays, connu sous le nom de « Mutinerie de la Force Publique ».

Au 30 juin 1960, Mobutu n’était pas dans l’armée, les premiers officiers supérieurs tels que les Colonels Bobozo, Masiala, Itambo, Nzoigba, n’étaient pas à Kinshasa. Seul le gradé d’élite Lieutenant colonel Kokolo était avec le Sergent Tukuzu.


Général de Corps d’Armée, Itambo Munkina wa Kambala

48 heures après ce déclenchement, le Premier ministre Lumumba nommera Mobutu alors Secrétaire du gouvernement, Colonel et Chef d’Etat major de l’Armée Nationale Congolaise et l’a envoyé auprès de Tukuzu pour régler l’aspect diplomatique de cet acte.

C’est à cette occasion qu’il a vu pour la première fois Mobutu.

Il avait eu des rapports conflictuels avec Mobutu.

1960 à 1961 : comme Capitaine Attaché militaire en Belgique.

1962 : capitaine à Kananga, 1962-1964 : capitaine (Onucongo), 1964 : directeur de cabinet Adjoint ministère de la Défense, 1965 - 1967 : Major puis Lieutenant-colonel, c’est à ce titre qu’il participa au coup d’état militaire désignant Mobutu président de la République. Il fait partie des compagnons de la Révolution.

1968-1969 : Secrétaire d’Etat à la Défense, 1970 : Administrateur Général des services généraux. 1972 - 1975 : attaché militaire en Angleterre, 1975 - 1979 : chancelier des Ordres Nationaux, Président du Conseil d’administration : Mobil Oïl, Sotexki, Compagnie Sucrière de Kwilu Kongo etc.

Il a été accusé à tort d’usurpation du pouvoir et d’abus d’autorité en prenant des militaires, encercler la Banque du Zaïre pour extorquer les fonds, c’était l’affaire Blumenthal auprès du maréchal Mobutu et en mars 1984 à la mort de M. Nzondomyo Adolpwe incriminé Mobutu en disant que c’était lui qui avait commandité l’assassinat de Nzondomyo.

Intègre, il ne menait pas une vie ostentatoire, d’apparat ou d’exhibition tant sur le plan public que privé.

À l’arrivée de Laurent Désiré Kabila, ses alliés et ses troupes, la panique s’était emparée de la ville et des dignitaires de l’ancien régime.

À la dernière réunion avec les Compagnons de la Révolution, le chancelier Nkulufa avait recommandé à chacun d’eux de prendre des dispositions pour quitter le pays.

Homme de caractère, il demanda la parole pour dire que je serai le premier, à quitter le pays. Et voici ma nouvelle adresse : « moi, Tukuzu, je serai avec ma famille sur l’avenue Kalemie au numéro 12 dans la commune de la Gombe ».

Moins de 15 jours après l’entrée à Kinshasa, il a reçu la visite de 8 militaires de l’AFDL (tous rwandais) et un certain Georges Miko, il s’est présenté devant ces jeunes : « c’est moi papa Général Tukuzu ».

Le plus gradé l’a pointé du doigt : « c’est vous le Général Tukuzu ? » et lui a répondu : « oui, c’est moi ».

Et de poursuivre : « nous connaissons votre dossier, nous passerons un jour ».

Il ne sera plus inquiété.

 

Jean-Claude Mombong

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