Longtemps, j'avais toujours crû en étant tout petit que Bolondo fut le nom de prison, n’importe laquelle. "Akoti bolondo, akeyi bolondo etc...".
Ou encore Wele, qui n’était autre que le nom d’un territoire de la province Orientale, l’Ouélé, aujourd'hui, on a les provinces Haut Ouélé et le Bas Ouélé depuis 2015. Pourquoi alors l’Ouélé était synonyme de la prison ? C'est parce qu’à l’époque coloniale les Belges avaient l’habitude de reléguer les condamnés plus loin comme dans une sorte de déportation. Un bagne. Ouélé était au bout du monde, donc très loin comme en Patagonie. Un aller sans retour, d’où Wele. Franco Luambo immortalisa Wele (Ouélé) après son emprisonnement pour conduite de sa vespa sans permis de conduire en 1958. À sa sortie, il composa la chanson "Mobembo na Wele" en souvenir de son séjour carcéral. La prison de l’époque fut similaire à quelqu’un envoyé loin dans Ouélé dans la province Orientale.
Revenons à l’arbre "Bolondo" !
Bolondo c’était quelle sorte d’arbre ? Baobab, safoutier, goyavier, fromagier, badamier ? Mais ce qui était sûr et certain, ce fut un arbre très épineux. Si, si !
Le Bolondo en question, c’était le fouet, la chicote flamande faite à partir d’une queue d’hippopotame, voire d’éléphant asséché et clouté, qu’on administrait sur la partie postérieure d’un récalcitrant ou d’un condamné.
Une douleur atroce et insupportable, le supplicié finira par saigner, ou par s’évanouir, ça dépendait de nombre de coups administrés par jour. On ne pouvait plus s’asseoir, ni marcher pour longtemps. Les plus fragiles succombaient aux blessures. Les colons s’en foutaient éperdument.
Bolondo la terreur, seuls les plus robustes survivaient après avoir grimpé sur l’arbre à épines surnommé Bolondo. Le fouet !
"Bolondo nzete ya nzube, nzete ya mabe" ainsi codé. Peut-être en faisant allusion au véritable arbre épineux qui pousse prêt des cours d’eaux ? Bolondo, c’est ce qu’il faut maintenant aux habitants de Kinshasa en guise de correction.
Dary Abega