Il y a 40 ans disparaissait Sekou Touré le premier président Guinéen

Il y a 40 ans disparaissait Sekou Touré le premier président Guinéen

Sékou Touré avait construit un récit national reposant sur son « non » au général De Gaulle le 28 septembre 1958.

Pour les Guinéens, les Africains, surtout les panafricains, Sekou Touré incarnait le combat anticolonialiste, il était le chantre de l’anti-impérialisme, de l’anticolonialisme et de l’unité africaine.

Le mythe héroïque du père de l’indépendance a perduré pendant son règne, mais face aux témoignages des victimes de la dictature, après sa mort, son héroïsation s’est effondrée, le mythe a été brisé.

Sékou Touré était un orateur hors pair et charismatique, qui affectionnait les discours fleuves lors des meetings du parti et veillait à leur radiodiffusion sur les ondes de la Voix de la Révolution.

Il était aussi un écrivain prolixe, il écrivait seul ses discours.

M. Ahmed Sekou Touré, chef de l'État guinéen, est mort, à l'âge de soixante-deux ans, lundi 26 mars, à 23 h 30, à l'hôpital de Cleveland (Ohio), où il venait de subir une intervention chirurgicale.

Victime d'une attaque cardiovasculaire, dimanche 25 mars, alors qu'il se trouvait en Arabie Saoudite, M. Sekou Touré avait été transporté aux États-Unis.

Un communiqué du bureau politique du Parti démocratique guinéen (PDG), réuni lundi sous la présidence du premier ministre, M. Lansana Beavogui, a proclamé un deuil national de quarante jours en Guinée.

En ce mois de mars 1984, le président guinéen Sékou Touré ne ménage pas ses efforts en vue de réussir le sommet de l’OUA que la Guinée s’apprête à accueillir.

Mais quelques jours après un voyage au Maghreb, le 22 mars le président fait un malaise.

Le lendemain, le roi Hassan II du Maroc alerte la clinique cardiologique de Cleveland, aux États-Unis, et dépêche des médecins à Conakry, la capitale de la Guinée.

Le 24 mars des cardiologues venus des États-Unis diagnostiquent l’anévrisme de l’aorte, une intervention chirurgicale est décidée ; un avion saoudien est affrété pour amener Sékou Touré jusqu’à Cleveland.

Les chirurgiens débutent une opération très délicate, mais au bout de quelques minutes le cœur lâche vers 15 heures 30. Le décès est constaté.

Le 28 mars, la dépouille arrive par avion spécial à Conakry. Le cercueil sera exposé pendant deux jours au Palais du peuple, la population lui rend un dernier hommage. Le 30 mars, un rassemblement sera organisé en son honneur au Stade du 28-Septembre. Puis, en présence de nombreux chefs d’État et personnalités, a lieu l’inhumation au mausolée de Camayenne.

Conformément à la constitution, le Premier Lansana Béavogui assume la direction du pays, mais malheureusement le bureau politique du Parti démocratique de Guinée (PDG) est en proie aux plus vives dissensions, donne l’occasion à l’armée de prendre le pouvoir, dans la nuit du 2 au 3 avril 1984.

Les proches de Sékou et les anciens dignitaires seront tous arrêtés et, les prisonniers politiques détenus au camp Boiro sont libérés.

Sékou Touré est un autodidacte, un syndicaliste, qui avait dit « non » à de Gaulle en 1958, menant son pays à l’indépendance à l’issue d’un référendum du 28 septembre.

« Il n’y a pas de dignité sans liberté. Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage », avait dit celui qui, ensuite instaurera une dictature sans précédent :étatisation de l’économie, parti unique, multiplication des arrestations au prétexte d’innombrables complots supposés de ses adversaires politiques (le complot Peul). Les victimes croupissaient au sinistre camp Boiro.

Le nationalisme guinéen pardonnait malheureusement ses dérives dictatoriales.

 

Jean-Claude Mombong

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