Malheur aux vaincus, malheur aux colonisés, et pas de pitié pour les salopards. L’histoire ne retient que les vainqueurs : les Belges !
L’État indépendant du Congo (EIC) en sigle créé en 1885 fut une propriété privée du roi des Belges Léopold II.
Léopold II, Roi des Belges
L’embryon de la Force publique, l’armée coloniale belge fut composé au départ par les anciens esclaves du Zanzibar rachetés auprès de Tippo-Tippo par Henr y Morton Stanley après avoir signé un accord tous les deux. Ces esclaves rachetés, lui serviront comme porteurs de bagages avant de se muer en soldats de la Force publique créée par Camille-Aimé Coquilhat, né à Liège en 1853 et décédé à Boma en 1891.
Ensuite le corps de la force publique sera composé des anciens militaires venus de colonies britanniques (Nigéria, Sierra-Léone) au nom de la coopération entre l’État indépendant du Congo et le Royaume-Uni. Les noms : kopo, buku, mutuka, tumbako, mbeto, supu, pepesupu etc... comme étant les vestiges de cette époque lointaine. Des noms anglais africanisés.
La Force publique participa à toutes les deux guerres mondiales 1914-18 et celle de 1940-45. Deux campagnes victorieuses. D’où la place de la Force publique à Kinshasa.
Les noms comme Gambela, Assosa, Birmanie, Mahenge, Force.... comme souvenirs de villes conquises à l’ennemi pendant ces campagnes victorieuses. En Afrique de l’Est, en Abyssinie (Ethiopie) et en Asie.
Et en retour, ces vaillants militaires avaient obtenu quoi en retour chez les colons ?
Avant de pouvoir répondre à la question, faisons un retour dans le passé !
Après la fin du partenariat entre les Belges et le Royaume-Uni sur le plan militaire, il fallait maintenant aux autorités de l’EIC de commencer à puiser localement les militaires autochtones qui formeront l’armée coloniale. Après une étude sociale approfondie et anthropologique, la population riveraine vers l’Équateur sera celle choisie pour être incorporée dans la Force publique par force ainsi que les Batetela qui avaient le même pedigree et la même culture que les Bangala, des pêcheurs, chasseurs et téméraires voire très costauds.
Quels en étaient les critères ?
Il fallait être en bonne santé après un examen thoracique, savoir bien se tenir sur ses plantes de pieds et n’ayant aucune anomalie.
Être pubère avec des poils sous aisselles comme une preuve tangible de maturité. Une razzia était organisée dans le but de ’’ramasser ’’tous les jeunes garçons de la zone équatoriale, d’autres seront relâchés après un test non concluant. L’armée avait besoin des hommes robustes et non pas des gringalets.
À cette époque, il n’y avait pas encore des écoles, la plupart encore incultes, apprendront à lire et à écrire dans l’armée en étant devenus adolescents, donc un peu tard. Des soldats dressés comme des bêtes de somme et sans état d'âme. Des robots humains. Une machine répressive sans pitié. Ils faisaient aussi le rôle de la police.
Ces soldats, après avoir servi la colonie, gagnaient quoi à la fin ?
L’injustice et le racisme.
Ils n’excédaient jamais le grade d’Adjudant en chef. Obligés de rester au bas de l’échelle, des exécutants, les Belges dans le rôle de Commandement.
Après avoir servi dans la Force publique, au péril de leur vie, ces anciens soldats illettrés et sans instruction basique seront renvoyés vers la vie civile après la fin de leur service et années de conscription en percevant une retraite minable alors qu’ils étaient encore à fleur d’âge. Beaucoup deviendront inutiles dans la société, d’autres des pêcheurs, des sentinelles et veilleurs de nuit, vigiles, tradipraticiens, cantonniers, juges ancestrales, chefs couturiers etc.... certains préféraient rentrer définitivement au village pour devenir chasseurs traditionnels ou encore cultivateurs. Rejetés par les colons belges comme du papier mouchoir après avoir été déracinés du terroir en étant encore tout petits. Du racisme et du mépris.
Les plus chanceux sont ceux qui avaient bénéficié de l’indépendance du Congo belge en juin 1960, promis à un avenir incertain, l’indépendance changera leur destin malheureux à partir de Mobutu Sese Seko lui-même en personne ; les anciens de la Force publique, les anciens gradés d’élite de commandement de Luluabourg comme les Bobozo, Bosango, Itambo, Nyamaseko, Ingila, Monyango, etc... deviendront des généraux et ’’Compagnons de la Révolution’’ sous Mobutu.
Une juste récompense et enfin une revanche sur le destin !
La colonisation belge ? Que des regrets et des pleurs !
Dary Abega