"Encore une fois de plus et en moins de deux semaines, le Syndicat autonome des magistrats du Congo (Synamac) monte au créneau pour dénoncer l'assassinat ignoble d'un magistrat sous l'indifférence générale et le silence inquiétant de services de sécurité et des autorités politiques".
C'est ce qu'annonce dans un communiqué le président de ce syndicat, Edmond Isofa, le 10 juillet 2024 à Kinshasa. Face à ces agressions à répétition des magistrats, qui ont conduit cette fois-ci à l'assassinat du Procureur de la République Baudouin Lukodi, chef de Parquet près le Tribunal de paix de Bafwasende, une localité de la province du Tshopo, le bureau exécutif national du Synamac, réuni le 10 juillet 2024 a faits quelques constats.
D'abord, le silence qui frise l'indifférence de la part des autorités et services appelés à assurer la protection des personnes et de leurs biens. Ensuite, l'insécurité créée le plus souvent par les déclarations politiciennes et populistes de certains acteurs politiques contre les magistrats, les rendant seuls responsables de la mauvaise administration de la justice, ce qui est en marge de la vérité réelle.
Ce sont ces déclarations qui ont exacerbé sinon provoqué ces agressions avec l'absence d'un porte-parole du pouvoir judiciaire à même de porter la voix des magistrats face aux différentes accusations portées injustement contre eux en violation de la résolution de l'Assemblée générale enjoignant sa désignation.
De ce qui précède, le Synamac estime qu'il est temps que le magistrat se prenne en charge et assure lui-même sa propre sécurité tant au lieu de service que dans son lieu d'habitation.
Le Synamac demande au président de la République et Chef de l'Etat, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions, de faire application de l'article 19.5 de la Loi Organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant Statut des Magistrats en dotant chaque magistrat d'une arme de petit calibre pour assurer sa défense personnelle face à l'imminence d'un danger.
Le Synamac relève en outre que face aux attaques et contre-vérités distillées çà et là à longueur des journées contre les magistrats, le temps de la grande muette est désormais révolu.
Que dorénavant, la voix des magistrats sera portée en dépit de certaines restrictions déontologiques tant que l'honneur du magistrat en particulier et du pouvoir judiciaire en général serait mis en cause.
"L'honneur n'ayant pas de prix, le magistrat ne saurait accepter de passer pour un bouc émissaire aux yeux de l'opinion publique qui du reste, est loin d'être dupe de la réalité sociale de notre pays. Comme rappelé dans notre précèdent communiqué, les magistrats n'ont pas que des devoirs mais ils ont aussi des droits. Le Synamac entend coûte que coûte les faire respecter".
Aussi, la convocation d'une Assemblée générale extraordinaire est envisagée dans les prochains jours à la suite d'une réunion du comité exécutif national élargie aux délégués qui est convoquée pour le vendredi 12 juillet 2024.
Il appartiendra aux magistrats, et à eux seuls, de réfléchir en primeur sur la suite à donner à ces agressions répétitives et inacceptables.
La Gazette du Continent