C’est pour la première fois, que la France vit une confrontation d'un président et d'une majorité politiquement hostiles.
Cinq ans après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, la droite (RPR-UDF) conduite par Jacques Chirac, remporte les élections législatives provoquant une situation jusque-là inédite : la cohabitation entre un chef de l'État et une majorité parlementaire opposée.
Rien ne s'oppose dans la Constitution de 1958 à ce qu'un président de la République et une assemblée de tendance opposée cohabitent.
Le président François Mitterrand , élu pour sept ans prévient , qu’il accomplira la totalité de son mandat : “ Je suis le garant de l'unité nationale, je serai là pour assurer la continuité de nos institutions et répondre comme il se doit aux volontés de notre peuple “.
La suite lui a donné raison, il n’a jamais exercé une présidence au rabais, inerte.
Les règles de la constitution et la volonté des français exprimées lors des élections législatives ont été respectées.
Les prérogatives et les compétences du président de la République, telles qu'elles sont définies dans la Constitution sont intangibles. Le Gouvernement, dirigé par le Premier ministre, détermine et conduit la politique de la nation en vertu de l’article 20.
La politique étant son territoire, dès les premiers jours de la cohabitation, François Mitterrand sort ses griffes , il se pose en recours , le président de la République, dont les pouvoirs constitutionnels, bien qu'amoindris, restent importants, profite de la prééminence de la fonction présidentielle .
Pendant deux ans, François Mitterrand se posera en arbitre, en chef de l'opposition, il exerce une magistrature tribunicienne, il défend les acquis sociaux, il s’attire la sympathie de tous ceux qui craignent, à tort ou à raison, un changement brutal de politique économique et sociale du gouvernement Chirac.
Cette cohabitation hyperconflictuelle se termina par l’affrontement deux ans après ( avril-mai 1988),entre François Mitterrand et Jacques Chirac . La réélection de François Mitterrand a mis fin à cette première cohabitation.
La France connaîtra trois cohabitations : 1986-1988, Mitterrand-Chirac , 1993-1995 Mitterrand -Balladur ,1997-2002, Chirac -
Jospin.
Jeanclaude Mass Mombong