Flic , Homme politique, Tueur, Résistant et Homme de Dieu.
Il était aussi passionné par l'écriture, il a écrit beaucoup de livres, une passion quasi inexistante chez les hommes politiques congolais. Figure controversée et charismatique du mobutisme , son parcours illustre la part d'ombre du personnage.
Décédé le 21 mars 2021, au lendemain de son décès, les hommages sont aussi mitigés que le personnage.
Les anciens mobutistes, les militants de son parti politique ( Apareco), les combattants de la diaspora ont salué la mémoire du résistant.
Pour les partisans des droits de l'homme, les catholiques, les chrétiens, les opposants au régime de Mobutu , les militants de l'Udps, il est l'homme du massacre des chrétiens du 16 février 1992.
Honoré Ngbanda avait la réputation d'être l'homme le mieux renseigné de la RDC. Il a endossé avec facilité le costume du premier flic , son ascension a été fulgurante.
Qui était réellement Honoré Ngbanda ?
Sa disparition le 21 mars 2021 au Maroc avait provoqué des réactions diverses et controversées.
Ses officines , ses méthodes expéditives , son rôle dans la répression des chrétiens et membres de l'Udps - le principal parti de l'opposition à l'époque du maréchal Mobutu -, lui a valu le surnom de Terminator .
Né le 5 mai 1946 à Lisala dans la province de l'Equateur , Il a fait ses études primaires chez les missionnaires catholiques, les Pères de Scheut, puis au petit séminaire de Bolongo à Lisala.
Étudiant à l'université de Lovanium au début des années 70, il a obtenu sa licence en philosophie.
Il sera affecté à la présidence de la république du Zaïre comme chercheur au Centre National de Documentation , l'actuelle Agence Nationale de Renseignement, ANR en sigle.
En 1972, il est affecté à la Présidence de la République du Zaïre en qualité de chef du collège des chercheurs et analystes au sein du Centre national de documentation, Département de la Documentation Extérieure (CND/DDE).
Administrateur chargé des opérations au CND/DDE, en 1975 , il se fait très vite remarquer par le président Mobutu , sa réputation de travailleur hors pair se confirme. C'est à ce titre, qu'il contribue de manière décisive aux négociations et rapatriements des anciens rebelles zaïrois en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie et en Zambie.
Honoré Ngbanda aurait fait ses premières classes auprès de Seti Yale et Édouard Mokolo mais dans les service des renseignements , les promotions riment avec les trahisons, homme de réseaux et des officines , il s'appuie sur les services officiels et réseaux obscurs, il installe un service parallèle dans les renseignements.
Son rôle s'illustre dans l'affaire "Soumialot" , il fait rentrer le redouté Gaston Soumialot à Kinshasa, en 1975. Le président Mobutu apprécie, l'homme est de la même ethnie ( Ngbandi ) que le maréchal.
Il connaissait Laurent Désiré Kabila lorsque celui-ci était rebelle et trafiquant.
En 1976, il est affecté à l’ambassade du Zaïre à Bruxelles , en 1979, il occupe le poste de directeur adjoint du Service National d’Intelligence (S.N.I) qui remplace le Centre National de Documentation.
En 1982, il est envoyé en Israël, avec rang de ministre conseiller, pour rouvrir la mission diplomatique du Zaïre à Tel-Aviv. L’ambassade du Zaïre dans ce pays avait été fermée en 1973.
En 1983, il est nommé ambassadeur en Israël. En 1985, il devient Administrateur Général de l’Agence Nationale de Documentation (AND).
En 1990, il est nommé Conseiller politique du Chef de l'État. Il l'assiste aux négociations politiques avec l’opposition, il est nommé ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants dans le gouvernement d'Étienne Tshisekedi, dans différents gouvernements ( Bernardin Mungul Diaka, puis dans celui de Jean Nguza Karl-I-Bond).
Le Zaire est attaqué par la rébellion conduite par Laurent-Désiré Kabila et les pays voisins , il mene les négociations avec différents responsables africains, il rencontre le président Nelson Mandela.
Mais le régime de Mobutu tombe le 17 mai 1997, Honoré Ngbanda s'exile en France dans un lieu tenu secret entouré d'un petit cercle des fidèles.
Il avait la conviction que la RDC est victime d’un complot international des pays voisins et occidentaux qui vise à la dépecer.
Pour lui , la RDC est occupée par le Rwanda et l’Ouganda , qui ont placé leurs hommes à tous les échelons du pouvoir, une conspiration soutenue par les puissances occidentales et les multinationales qui se sont liguées contre son pays.
En exil , il crée l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), le 4 juin 2005, une plate forme qui dénonce la mainmise des Rwandais sur le pouvoir de la RDC.
Père de la résistance ,Honoré Ngbanda a informé, dénoncé,sensibilisé et conscientisé la diaspora sur la situation d’occupation que connait la RDC à l’Est du pays par des forces étrangères.
Que reste-t-il du ngbandisme quatre ans après sa disparition ? Avait-il raison ?
Le ngbandisme politique et idéologique pourra t-il se hisser à la hauteur de son fondateur , telle est la grande inconnue ?
Jeanclaude Mass Mombong