Les présidents Félix-Antoine Tshisekedi de la République Démocratique du Congo et Paul Kagame de la République du Rwanda se sont retrouvés à Doha, le 18 mars 2025, sous l’égide de l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, pour répondre à la crise sécuritaire qui agite l’Est de la RDC.
Ce rendez-vous, le premier entre ces deux dirigeants depuis plus d’un an, a abouti à une déclaration commune prônant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel.
Les voix de l’opposition, notamment celles de la plateforme Lamuka dirigée par Martin Fayulu, dénoncent le manque de transparence de cette démarche. Selon eux, le président Tshisekedi agirait « dans le dos du peuple » en multipliant des initiatives jugées par certains comme des « manœuvres désespérées » pour consolider son pouvoir. Olivier Kamitatu, proche de Moïse Katumbi, et Ferdinand Kambere, cadre du PPRD, estiment en outre que la résolution du conflit doit relever uniquement d’une démarche purement congolaise, avec un retrait immédiat des forces étrangères.
D’autres critiques, portées par l’activiste Palmer Kabeya, pointent du doigt l’inaction de la communauté internationale face aux violations des droits humains, et regrettent ce qu’ils perçoivent comme une diplomatie congolaise oscillante, incapable de prendre une position claire vis-à-vis du Rwanda.
En revanche, le député Willy Mishiki, élu du Nord-Kivu et membre de l’Union sacrée de la Nation, a qualifié cet échange de « pas géant vers la paix », insistant sur la nécessité de tirer parti des précédentes négociations pour instaurer une stabilité durable. De son côté, l’Union africaine, par l’intermédiaire de Mahamoud Ali Youssouf, a communiqué son soutien à l’idée d’un dialogue régional structuré, fondé sur les mécanismes éprouvés élaborés à Luanda et à Nairobi.
Le sommet de Doha survient dans un contexte de tension exacerbée par l’avancée des rebelles du M23 dans le territoire de Walikale, dans l’Est de la RDC. Un groupe, selon certains rapports des Nations unies, bénéficiant du soutien de Kigali. Alors même que Kinshasa multiplie ses partenariats avec des acteurs régionaux tels que l’Angola, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), les initiatives diplomatiques antérieures n’ont pas réussi à enrayer la montée de la violence. Le retrait du M23 lors d’un rendez-vous à Luanda, prévu le même jour, a renforcé la détermination du Qatar à intervenir en tant que médiateur pour rétablir la confiance entre Kinshasa et Kigali.
Parallèlement, la médiation à Doha s’inscrit dans le cadre plus large du « processus de Dar es Salaam » lancé le 8 février 2025 par l’EAC et la SADC. Une réunion décisive, programmée avant le 31 mars, doit prochainement réunir les présidents Emmerson Mnangagwa (Zimbabwe) et William Ruto (Kenya), ainsi que des facilitateurs régionaux tels qu’Uhuru Kenyatta, Olusegun Obasanjo et Haile-Mariam Desalegn, afin d’unifier les efforts en faveur d’un plan de paix global.
Magloire Mutulwa