Affaire Koffi Olomidé : les États-Unis sont l'arbitre qui porte la vareuse de l'autre équipe, le Rwanda (Avocat)

Affaire Koffi Olomidé : les États-Unis sont l'arbitre qui porte la vareuse de l'autre équipe, le Rwanda (Avocat)

"On ne doit pas pourchasser mon client Koffi Olomidé qui peut dire devant les médias publics que nous ne sommes pas en guerre. C'est le cri d'un Congolais". C'est ce que précise son avocat, Me Ruffin Lukoo, avant qu'il ne soit convoqué devant l'officier public près la Cour de cassation. Son client n'a pu se retrouver devant le Parquet près la Cour de cassation où il a été invité à comparaître le lundi 15 janvier 2024 pour raison de service.

Koffi Olomidé est un compatriote et un faiseur d'opinion qui aime son pays. Il a stigmatisé en disant que depuis que Bunagana était tombé, Rutshuru, Kiwanja ont suivi... Kitsanga, Mweso, Kilolirwe, Mushaki, Rubaya, Bihambwe, Minova, Bweremana... « On a rarement vu l’armée congolaise résister farouchement, se désole Me Ruffin Lukoo. La grande résistance n’a eu lieu qu’à Sake avec les Wazalendo, à Kitsanga et à Mushaki mais partout les Congolais ont été scandalisés de voir que leur armée décroche presque partout. Mais on ne sanctionne pas les différents commandants. Ce sont les commandants de grandes unités qui sont à la base de ce décrochage ». 

"Combien de matériel que nous perdons ? Combien d'hommes que nous perdons dans cette trahison qu'on appelle "lâcheté fuite" devant l'ennemie ? Koffi Olomidé est courageux en tant que faiseur de l'opinion et ambassadeur de la culture congolaise. Évidemment, ses propos font mal à ceux qui sont distraits en déclarant que « nous ne pouvons pas être en guerre ». On laisse des milliers de dollars, de millions de dollars être détournés par des responsables qui sont impunis. L'armée et la police nationale ont besoin de cet argent détourné. La Défense nationale a besoin de cet argent-là. Kinshasa ne donne pas l'impression que le pays est en guerre.

La RTNC mise en exergue

La chaîne nationale qui sanctionne le journaliste Jessy Kabasele et la justice convoque Koffi Olomidé. La RTNC a-t-elle déjà donné la preuve en reportages, en information, en extraits de ses journaux télévisés qu'il y a guerre à l'Est, se demande Me Ruffin Lukoo. Ça fait 20 ans qu'on reproche cela à la RTNC. Ça fait 30 ans environ qu'on reproche cela à la RTNC. Des villes sont occupées, il y a l'état de siège a l'Est du pays mais pour la télévision nationale ce sont des faits divers.

Alors il faut que ça soit Koffi Olomidé qui en parle. Des Congolais sont tués chaque jour à l'Est du pays, le drapeau n'est pas en berne, a argué son avocat, ressortissant de la province du Nord-Kivu. Koffi a eu juste le courage de dénoncer et de stigmatiser cela à la télévision nationale. D'ailleurs, la télévision nationale est la voie obligée pour dénoncer l'attentisme des médias publics qui sont chargés de défendre les pays et qui vivent du Trésor public. La RTNC fait comme si la guerre à l'est du pays est un fait divers. 

Comportement des Congolais vis-à-vis de Canal Plus pendant la CAN en Côte d’Ivoire

Des Congolais ont créé un incident à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d'Ivoire puisque Canal Plus n'a pas diffusé suffisamment de spots et le malheur à l'est de la RDC. « Nous nous sommes tous mobilisés comme Nation contre Canal Plus. Il faut en principe se mobiliser pour dénoncer l'attentisme et l'indifférence de la télévision nationale par rapport à ce qui se passe à l'Est du pays. Des villes qui tombent, c'est quand même un scandale, s'exclame Me Ruffin Lukoo.

« Koffi Olomidé a raison de considérer que nous pouvons envoyer un renfort face à des véhicules blindés qui passent sans résistance. Pourquoi le ministre de la Communication ne brouille pas les communications de guerre et toute cette propagande pro-ennemie ? Pourquoi il ne prend aucune initiative pour laisser l'opinion congolaise être polluée par des messages sur des réseaux sociaux de la propagande de l'ennemi ? Je crois que mon client Koffi Olomidé a raison. C'est une levée des boucliers plus ou moins arbitraire contre un compatriote qui s'énerve de voir que les autres traversent des villes sans aucune résistance. Finalement, on pourrait même dire que ce sont les supplétifs, les Mayi Mayi qu'on appelle aujourd'hui Wazalendo qui résistent. 

Attitude ambiguë des Etats-Unis face à la guerre d’agression

Lorsque les Congolais veulent respirer, c'est un cessez-le-feu qui est ordonné par les États-Unis. « Nous savons que ce sont eux qui ordonnent ce cessez-le-feu. Les États-Unis sont l'arbitre qui porte la vareuse de l'autre équipe, le Rwanda. Donc, les États-Unis sont juge et partie on le sait. Chaque fois que les États-Unis demandent le cessez-le-feu, on sait pour qui ça profite. Ils sont le juge de cette guerre. C'est l'arbitre qui crie aux parties stop. Lorsque la RDC observe le cessez-le-feu, l'arbitre donne la balle à la partie adverse (le Rwanda) pour marquer le but. Nous en avons vu les conséquences chaque fois qu'il y a un cessez-le-feu. C'est à la partie adverse, le Rwanda à qui est donné la possibilité d'avancer et de faire tomber encore des bourgades. La population doit être vigilante.

« J’estime que c'est arbitraire et injuste que l'on puisse condamner Koffi Olomidé alors qu'il n'a fait qu'exprimer les points de vue de tous les Congolais. Il a eu le courage en tant que faiseur d'opinion et ambassadeur la culture congolaise à le dénoncer officiellement ». 

Dans la plupart des cas, la faiblesse de la RDC a toujours commencé par l'attitude de Kinshasa. Kinshasa, c'est la fête, c'est l'ambiance, c'est la légèreté. C'est rare que les gens de Kinshasa soient sérieux par rapport aux questions vitales de la République. Tous les accords ont été signés par une autorité de Kinshasa. Tous les accords de trahison, c'est par une autorité de Kinshasa.

« Si cette autorité venait de province, elle n'aurait pas pu signer ces accords. Là, je parle de l'ancien ministre des Affaires étrangères que vous connaissez dans la plupart des engagements qu'il a signés pour trahir le pays. Les provinces peuvent résister, la population locale peut se mobiliser, mais l'attitude récréative, de somnolence et de l'indifférence, c'est de la mentalité de Kinshasa qui constitue le maillon faible de la résistance nationale ».

Me Ruffin Lukoo est d’avis que l'opinion doit y penser. « La population de toutes les provinces est résistante et debout. Mais souvent, ce qui nous fait ce problème, c'est cette mentalité de jouissance volatile évidemment parce que Kinshasa est gâté parce que la rétrocession au lieu d'avoir lieu à la source, c'est Kinshasa qui reçoit d'abord l'ensemble pour la plupart de cas pour servir au détournement et à la corruption. Les provinces qui génèrent tous ces revenus ne reçoivent que bien après des entités locales qui génèrent ces recettes ».

Me Ruffin Lukoo se rappelle qu’un ancien gouverneur de l'est du pays avait exigé la rétrocession à la source. Il avait provoqué une crise avec le Premier ministre d'alors par rapport à la possibilité de prendre à la source la rétrocession. Ce Premier ministre organisait des réunions improvisées où des ministres avaient des jetons de présence de 50.000 dollars, de 30.000 dollars voire 100.000 dollars pour une petite réunion.

« On appelait ça à l'époque troïka et conjoncture économique. Tout ça juste pour dilapider de l'argent. Dans l'ensemble de ces analyses, ça ferait que Koffi Olomidé a raison de les dénoncer. Pour cette raison, il doit être soutenu par la société civile. On doit arrêter de le pourchasser pour avoir fait le devoir d'un leader d'opinion dans un état de droit ».

 

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