Colonie britannique jusqu'au 1er octobre 1960, le Nigeria fait face le 30 mai 1967 à la sécession de sa région du Sud-Est.
Le 30 mai 1967, le lieutenant-colonel Odumegwu Ojukwu proclamait, de manière unilatérale, l’indépendance du Biafra, une région du Sud-Est majoritairement peuplée d’Ibos. La guerre du Biafra est une page noire de l’histoire du Nigeria et, le premier drame humanitaire de l’histoire postcoloniale de l’Afrique. Les Ibos sont victimes de persécutions et, se plaignent d'être tenus en sujétion par les habitants du Nord, les musulmans haoussas.
Argument ethnique et intérêts financiers
L’argument ethnique ne suffit pas à justifier cette sécession.
Des intérêts financiers sont en jeu dans cette région riche en pétrole. Il s’en est suivi d’une guerre meurtrière (1 million de morts, dont de très nombreuses victimes de la famine) qui émeut l’opinion publique internationale.
Le pétrole, découvert en 1955 par les compagnies britanniques, génère des revenus importants, une manne que les Ibos sont persuadés de pouvoir exploiter eux-mêmes.
Les rivalités ethniques qui rongent une Afrique aux frontières dessinées par les puissances colonisatrices n’échappent au Nigeria, les Ibos (catholiques) s'opposent aux populations du nord, musulmanes, les Haoussas. Le 15 janvier 1966, le général ibo Aguyi Ironsi s'empare du pouvoir. L’unification est refusée par le Nord, des émeutes puis des massacres contre les Ibos se déclenchent dans plusieurs villes. Le 29 juillet, Ironsi est assassiné lors d'un coup d'État mené par le général Yakubu Gowon, la chasse aux Ibos continue pendant des mois faisant plus de 30.000 morts et de mutilés.
Proclamation de l’indépendance du Biafra
Pour le gouvernement fédéral, c’est une véritable déclaration de guerre, le gouvernement nigérian ne tarde pas à décréter l’état d’urgence, impose un blocus sur les marchandises et, ouvre le feu. Le général Gowon lance une offensive générale. C'est le début d'une guerre qui durera trente mois et causer la mort de plus d’un million et demi de personnes, tuées moins par les balles que par la terrible famine provoquée par le blocus.
Le 15 janvier 1970, l’armée loyaliste reprend le Biafra. Quelques jours plus tôt, Ojukwu avait fui en Côte d’Ivoire (le 11 janvier), l’armée biafraise signe la reddition, le général Gowon appelle à la réconciliation nationale.
Ce qu’il faut retenir de cette guerre ?
Les petits enfants étaient les principales victimes d'un conflit déclenché par les rivalités ethniques et économiques et entretenues par des pays étrangers soucieux de maintenir leur influence. Une génération d'enfants de six à dix ans, disparue. Une autre génération de 18 à 23 ans, mutilée. Des vies d'enfants ne représentaient rien du tout en face de la raison d'Etat et des impératifs économiques et puissances occidentales. L’opinion occidentale découvre la famine, des images des enfants malnutris marquent la mémoire collective et provoquent une mobilisation sans précédent des associations humanitaires.
C’est à partir de cette guerre que naquit l’idée de l'ingérence humanitaire, incarnée par des médecins dont Bernard Kouchner. Médecins Sans Frontières (MSF) sera créé à l'issue de ce conflit en 1971.
57 ans après, l’Afrique est toujours victime de ses dirigeants et des puissances occidentales.
Jean-Claude Mass Mombong
