Le mardi 20 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila est arrivé à Kinshasa à la nuit tombée. Vêtu d'un pantalon et d'une saharienne de couleur bleue, il est descendu d'un jet privé. Les dignitaires de l'AFDL, conduits par le secrétaire général du mouvement, Déogratias Bugera, l'attendaient sur le tarmac. Le nouveau maître, prend ses quartiers, il se rend immédiatement à la résidence officielle des premiers ministres, située non loin du mess des officiers, dans la partie ultra-résidentielle de la Gombe, le quartier de Kinshasa bordant le fleuve.
Tractations et consultations pour arriver à la formation d'un gouvernement de salut national, qui devrait inclure quelques personnalités politiques kinoises choisies dans l'opposition et n'ayant jamais collaboré avec le maréchal Mobutu. Le commissaire à la sécurité de l'AFDL, Paul Kabongo, laisse entendre que le chef de file de l'opposition radicale, Etienne Tshisekedi, pourrait se voir confier un poste important dans le gouvernement. Dans la nuit du 20 mai 1997, deux industriels français ont été assassinés à Kinshasa.
Le secrétaire général de l'Alliance a téléphoné à M. Étienne Tshisekedi, lui annonçant qu'il allait le recevoir à l'hôtel Intercontinental, c’était mal connaître le rigide et intraitable Étienne Tshisekedi.
M. Étienne Tshisekedi a considéré que c'était à M. Bugera de lui rendre visite.
M. Bugera a simplement fait valoir à M. Tshisekedi qu'il était, lui, le numéro 2 du mouvement désormais au pouvoir et que le respect des préséances était passé de mode.
N’eut été l’opposition d’Etienne Tshisekedi et de l’UDPS qui avaient sapé politiquement les bases du régime Mobutu , M. Kabila n'aurait jamais vaincu militairement les Forces armées zaïroises.
La rencontre entre les deux hommes n'aura pas lieu.
Ce jeudi 22 mai 1997, un gouvernement de salut public est constitué, le président Laurent-Désiré Kabila nomme un gouvernement restreint de salut public. Bricolé à la va-vite, à la légitimité précaire, le président Laurent-Désiré Kabila amoncelle les ratés et les maladresses, renforçant le sentiment d'improvisation chez les congolais, avec des accointances rwandaise et l'Ougandaise.
Bizima Karaha aux Affaires étrangères (James Kabarere est nommé Chef d’Etat-major), Mwenze Kongolo( Afdl) , Mawapanga Manananga (Afdl) Justine Mpoyo (Udps), Henri Mova Sakani (Afdl), Paul Bandoma (Afdl), le docteur Jean-Baptiste Sondji ( Front populaire), etc...
Autant les victoires militaires furent brillantes, l’exercice du pouvoir de l’AFDL à ses débuts le sera beaucoup moins, les congolais ne tarderont pas à déchanter.
Jean-Claude Mass Mombong
