Jean Munsi autrement Kwamy ’’Lasitura’’ né à Kingabwa et grandi à Ngiri-Ngiri, fut un des premiers jeunes musiciens d’origine kinoise, lui, et l’autre insoumis, Mulamba Joseph Mujos le chanteur.
Kwamy, un chanteur élégant, propre et beau avec une voix de velours très raffinée, ami d’enfance de ’’Franco’’ Luambo François à Ngiri-Ngiri ; Kwamy un musicien avec une forte personnalité, il ne voulait pas se faire marcher dessus, d’où, il n’hésitait pas à claquer la porte d’un orchestre pour aller voir ailleurs quand l’air devenait irrespirable.
Il débuta sa carrière en 1959 dans l’orchestre ’’Vedette Jazz’’. Il va intégrer l’orchestre Ok Jazz de son ami et patron Luambo Franco après le départ de Vicky Longomba dans l’African Jazz pour la ’’Table ronde ’’de Bruxelles en janvier 1960.
Le point culminant de sa carrière sera à l’époque de sa brouille financière avec Franco, ponctuée par des ’’mbwakela ’’diatribes de part et d’autres.
Des chansons comme ’’Course au pouvoir, Chicotte, Faux millionnaire, etc..." ne cessaient d’alimenter les conversations dans les rues de Kinshasa.
Kwamy Munsi passera à l’ennemi donc, à l’African Fiesta Vita de Nico Kasanda, Roger Izeidi et Tabu Rochereau.
Un passage remarquable avant de se rapprocher de Nico Kasanda après la scission de l’African Fiesta Vita en deux ailes.
Il va traverser dans l’autre rive à Brazzaville pour les’’ Bantous de la capitale’’.
Création de l’orchestre’’ Révolution’’ en 1971 en compagnie de quelques anciens de l’Ok Jazz et de l’African -Jazz, un ensemble des frondeurs : Mujos, Kwamy, Dessouin, Youlou, Gizenga, Samu Bakula Armando, Isaac Musekiwa, Michel Boybanda, Piccolo Tshamala, Brazzos, une véritable comète. Il va à nouveau se rapprocher de Franco son ennemi intime ; la fameuse chanson patriotique qui passait en boucle à la radio nationale chaque jour dédiée au Zaïre ’’mboka kombo Zaïre, MPR kombo ya révolution ’’serait en fait une composition de Kwamy, sortie dans l’orchestre OK Jazz, chanson attribuée à tort ou à raison à Franco de mi-amor, le chantre du Mobutisme.
Après, Kwamy Munsi fera un long séjour à Paris avec les Manu Dibango, Kabasele Joseph, Don Gonzalo, Essou J. Serge, Edo Clary Lutula dans l’African Team, une expérience très enrichissante en 1973.
Retour à Kinshasa pour intégrer l’orchestre Vévé de Kiamuangana Georges ’’Verckys.’’
La chanson ’’Vivita ’’comme vestige. En 1975.
Un nouveau silence pour réapparaître miraculeusement dans’’ l’Afrisa international ’’de Rochereau Tabu Ley vers 1979- 80, et qui venait de récupérer aussi le mythique guitariste Kasanda wa Mikalayi Nico sur le déclin, un souvenir du temps de l’African Fiesta Vita vers 1964- 65.
Le témoignage de Kwamy Munsi
À cette époque, je tomberai sur un article écrit dans le journal’’ Elima’’ dans sa rubrique musicale avec Kwamy Munsi à la une après son come-back dans l’Afrisa international.
’’Mon silence a été motivé par mon état de santé, car j’ai été victime d’une paralysie causée par des forces obscures.
Un certain jour, j'étais chez-moi dans la maison à Ngiri-Ngiri lorsque j’aurai de la visite d’un sujet Ouest-africain qui prétendait être l’un de mes grands fanatiques, ce qui était tout à fait normal !
Et comme cadeau, il va me remettre un carton de whisky d’une grande valeur dans son emballage. Après son départ, je vais déballer le cadeau et je verrai la bouteille de whisky ’’Johnny Walker’’avec une croix noire à l’intérieur. Au contact de cette bouteille, je serai comme foudroyé avant de reprendre connaissance sur un lit de l’hôpital général, paralysé d’un côté dans une partie de ma tête.
La guérison va traîner.
Ma famille va se tourner vers les guérisseuses traditionnelles, chez une ’’mandona’’ dans la commune de Ngiri-Ngiri, d’après l’oracle, le cadeau empoisonné du whisky fut l’œuvre d’un grand musicien de la place qui en voulait à la vie de Kwamy pour cause d’un ancien contentieux non réglé. Lequel ?
C’était qui alors ?
L’Ouest-africain en question n’était qu’un simple émissaire et complice en mission commando. C’était ça le propre témoignage de Kwamy.’’
Son surnom de Kwamy lui était venu de kwameh Nkrumah, le tout premier président d’un pays de l’Afrique noire indépendante : le Ghana en 1957.
Ce qui poussait Jean Munsi d’avoir un esprit indépendant aussi ?
Les chansons : Faux millionnaire, Linda soleil, Camarade ya kisasa, Tomeseni mingi zonga, Belinda chérie na nga ya midi, Bolingo ya bougie, Mivé témoin etc... des œuvres de Kwamy Lasitura léguées à la postérité.
Kwamy Munsi né en 1939, décédé en 1982.
Paix à son âme.
Dary Abega
