31 octobre 2014, la fuite de Blaise Compaoré

31 octobre 2014, la fuite de Blaise Compaoré

Décidément, la malédiction du pouvoir et les histoires de Constitution hantent les dirigeants africains, Blaise Compaoré est tombé pour avoir voulu y toucher afin de jouer les prolongations.

Il faut mieux partir cinq ans trop tôt qu’une minute trop tard.

Pourquoi les présidents africains s’accrochent au pouvoir, meurent ou préparent les transmissions familiales, quitte à le quitter dans des conditions humiliantes ?

L’accession au pouvoir de Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987 était entachée de sang par la mort de son frère d’armes Thomas Sankara.

Vingt-sept ans après, Blaise Compaoré quitte le pouvoir dans des conditions humiliantes, le vendredi 31 octobre 2014.

Mais la genèse de sa chute remonte plus loin.

En dépit des notes alarmantes envoyées par ses services de renseignement et des nombreuses mises en garde des chancelleries occidentales, le président Blaise Compaoré persiste et signe. Il veut s’éterniser au pouvoir, la constitution sera modifiée.

Il dévoile son intention de passer par la voie parlementaire 21 octobre pour modifier la constitution.

Dès le lendemain, des organisations de la société civile appellent à la désobéissance civile, l’insurrection s’organise avec le Balai citoyen et les partis d’opposition.

Le jeudi 30 octobre, une masse inimaginable prend la rue, des barrages s’érigent, la foule est immense, dans l’hémicycle, c’est la panique.

Des édifices gouvernementaux sont incendiés : l’Assemblée nationale, la télé et la radio nationales, le siège du parti présidentiel, les maisons de plusieurs dignitaires, etc..., les manifestants prennent d’assaut le parlement, d’autres manifestants avancent vers le palais de Kosyam, le président Compaoré hésite, consulte, plusieurs ministres l’exhortent à faire une annonce forte et à donner le pouvoir à l’armée.

Déboussolé, mal conseillé, le président demande à son état-major de tirer sur les manifestants, les officiers refusent.

Son sort est scellé, trahi, il a compris que l’armée n’interviendra pas.

Le vendredi 31 octobre, au petit matin, vers 8 heures, le chef d’état-major exhorte Compaoré à démissionner, un autre haut gradé lui envoie un SMS : "Chef, c’est fini. Il faut prendre une décision courageuse".

À 11 heures, le président Blaise Compaoré annonce sa démission et quitte le palais sous la protection de sa garde rapprochée, avec son épouse, Chantal, et plusieurs proches.

Son convoi se dirige vers Pô, son fief militaire, à quelques kilomètres du Ghana. Mais il apprend que d’autres manifestants l’attendent, son convoi fait demi-tour, un hélicoptère de l’armée française vient le chercher, lui, sa femme et quatre autres personnes. Direction Fada N’Gourma, plus à l’est, où l’attend un avion français qui le conduira dans la soirée à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.


L'ex-Président Burkinabé, Blaise Compaoré, en exil au Côte d'Ivoire 

 

Jean-Claude Mass Mombong

La Gazette logo

Newsletter

Inscrivez-vous pour ne rien rater