Que reste-t-il du massacre de Lubumbashi 34 ans après ?
La répression de Lubumbashi marque le début de la première désolidarisation des Etats occidentaux avec le régime du maréchal Mobutu.
La Belgique exige que soit tenu une enquête internationale à Lubumbashi. Elle sera suivie par le Canada et les Etats-Unis. L’extrême dramatisation internationale de ces événements et la mise à l’écart du maréchal Mobutu fragilisent son régime.
Plusieurs hypothèses se disputent la vérité de ces événements appelés : « Opération Lititi Mboka, mot de passe donné aux ressortissants de l’Equateur ».
Pendant trois jours, du 9 au 12 mai 1990, le campus universitaire de Lubumbashi, deuxième ville du pays, a été le théâtre de violents affrontements entre les étudiants et les forces de l'ordre.
Alors qu'ils tentaient d'organiser une manifestation pacifique de solidarité avec leurs confrères de Kinshasa, les étudiants de Lubumbashi ont découvert que trois de leurs camarades ngbandis (ethnie du président Mobutu) étaient en fait des indicateurs qui fournissaient à la police les noms des opposants au régime.
Ces derniers ont été battus, jetés dans un trou, lapidés et brûlés jusqu'à ce que la Garde Civile vienne les libérer.
Ces trois indicateurs ont alors avoué entre autres avoir participé à l'enlèvement et à l'assassinat de 23 étudiants considérés comme des opposants au régime.
Dans la nuit du 11 au 12 mai 1990, après l'interruption du courant électrique sur le campus et l'encerclement de celui-ci par les forces de l'ordre, un commando armé de la Division ou Brigade spéciale présidentielle (DSP composée essentiellement de ngbandis) a fait irruption sur le campus vers 23 heures afin de venger leurs frères ngbandis lynchés quelques jours.
Les membres de la DSP ont exécuté à l'arme blanche de nombreux étudiants, éventrant les uns au moyen de poignards, les étudiants les plus visés par ces représailles provenaient surtout des régions des deux Kasaï, du Kivu, du Bandundu et du Bas-Zaïre. Les étudiants de l’ethnie Ngbandis et de l’Equateur furent épargnés, car ils pouvaient répondre au mot de passe « lititi mboka ». Lititi mboka signifiant herbe de mon village, la mauvaise herbe ne sera pas épargnée.
Le Premier ministre zaïrois de l’époque, Lunda Bululu, a défendu à la télévision nationale, la thèse officielle selon laquelle les événements qui ont ensanglanté Lubumbashi, la capitale du Shaba, dans la nuit du 11 au 12 mai, n'ont fait qu'un mort et quelques blessés.
Le bilan de ce massacre aujourd’hui est indéchiffrable, des points obscurs sont à présent mis en lumière, concernant notamment la Genèse des événements. À Lubumbashi, une étudiante soeur d’un général-parent du président Mobutu - , aurait été agressée par des étudiants, des étudiants originaires de l’Equateur prennent sa défense. Pour venger sa fille, les autorités auraient demandé à la DSP d’intervenir pour arrêter les étudiants récalcitrants, pour d’autres, la répression de Lubumbashi était un complot inventé par les Belges pour précipiter sa chute du maréchal Mobutu, c’est un massacre sans cadavres. Mais Amnesty International et la presse belge avaient fait état de plusieurs dizaines de victimes.
L’ancien gouverneur de cette province, M. Koyagialo Ngbase Té Gérengbo, figurait parmi les commanditaires de l'opération punitive lancée contre les étudiants dans la nuit du 11 au 12 mai 1990. Aucune preuve n’a été apportée jusqu’à ce jour.
Jean-Claude Mass Mombong