Les Cheminots de la Société des Chemins de Fer Uélé-Fleuve (SCFUF, S.A.), de Bumba ont adressé le 12 juillet 2024 en désespoir de cause une pétition conformément à l'article 27 de la Constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule que « Tout Congolais a le droit d'adresser individuellement ou collectivement une pétition à l'autorité publique qui y répond dans les trois mois. Nul ne peut faire l'objet d'incrimination, sous quelque forme que ce soit, pour avoir pris pareille initiative ».
L'Etat congolais, l'unique actionnaire de cette entreprise l’a abandonné. Il n’a plus investi, ne contrôle plus, ne fait aucun suivi depuis près de 30 ans après. La pétition que ces agents et cadres viennent de faire n'est pas la première. Depuis l'époque du président Mobutu, ils adressent des pétitions au président de la République, au Premier ministre avec ampliation aux ministres du Portefeuille qui se succèdent sur l'état calamiteux de cette entreprise. Jamais ces autorités n'ont daigné répondre à leurs pétitions.
La Société des Chemins de Fer Uélé-Fleuve S.A a un réseau ferroviaire de 1.026 kilomètres qui s'étend de Bumba à Mungbere 870 km, de Komba a Bondo 121 km, d'Andoma à Titule 32 km et de Buta Triangle à Buta Gare 3 km. Elle constitue l'une des infrastructures de base du développement des contrées qu'elle est censée desservir. En son temps, elle avait bien joué ce rôle combien noble et important dans l’économie de cette partie de la RDC.
Malheureusement, elle est en déliquescence quasi-totale du fait de son abandon par l'Etat congolais sans y investir, sans suivi et sans le moindre contrôle pendant plus de trois décennies jusqu'à ce jour. Actuellement, elle n'a ni matériels de traction, ni matériels tractés ou tout autre engin ferroviaire en ordre de marche. Tous ses matériels sont obsolètes et déclassés. Son port de Bumba, sans engins de manutention, est dans un état de délabrement très avancé. Le trafic ferroviaire est totalement inexistant par manque d'outils de travail.
Le gros de personnel de la SCFUF, faute de travail, est en chômage forcé, en train de croupir dans une misère qui ne dit pas son nom. Les agents ayant atteint l'âge de attendent désespérément de prendre leurs retraites. Les décomptes finals des agents décédés ne sont pas payés. Les veuves et les orphelins sont laissés à leur triste sort. Le patrimoine immobilier de la SCFUF a été bradé par la Direction générale précédente à Goma, à Bunia, à Buta, à Watsa et à Kinshasa, dénoncent des agents en congé forcé.
Par ailleurs, suite à une injustice à son égard, la SCFUF n'a jamais bénéficié de sa part dans le partage du patrimoine lors de la liquidation de la SNCZ-Holding dissoute.
Les pétitionnaires mettent en exergue la gestion qu’ils qualifient de « calamiteuse et exécrable de l’ancien directeur général intérimaire, Jean Enyange Ma Ndobo, venu à ce poste d'une manière cavalière, c'est-à-dire sans acte juridique régulier. Pour les pétitionnaires, il est venu consacrer la descente définitive de la SCFUF aux enfers. « Dieu merci, il est limogé. Mais, il laisse à son successeur, Jean-Marie Agbema Manzunzu, une entreprise dans un état de coma, hélas ! »
Les pétitionnaires indiquent que l’ancien directeur général a laissé la SCFUF dans un système de gestion sans principes légaux et réglementaires. Pendant que les engagements sont suspendus par des mesures conservatoires du ministère du Portefeuille, il a continué d'engager des agents pour des postes inexistants.
Vente des mitrailles de la SCFUF
« La SCFUF a signé un contrat de vente des mitrailles avec le Groupe Ledya le 8 août 2012. Jean Enyambe ma Ndobo a détourné et dilapidé l'essentiel des recettes générées par la vente des mitrailles ». Or, au terme de ce contrat, lesdites recettes devraient permettre à la SCFUF d'entamer la première étape de la réouverture de sa voie ferrée, de reprendre partiellement le trafic ferroviaire pour le bien-être des populations de la partie Nord-Est du pays et de mettre rapidement trois camions-rails et une locomotive en marche. Rien de tout cela n'a été réalisé jusqu'à ce jour. Seul le concerné sait où il garde les fonds destinés à ces activités préalablement programmées.
« Nous faisons savoir que la présente pétition comme toutes les autres ne sont pas de pétitions anonymes puisqu’elles sont bien signées. Les signataires s'assument. Si Enyange doit considérer que ce sont des diffamations ou des imputations dommageables, il n'a qu'à s’en prendre à ces pétitionnaires. La voix de la justice lui est ouverte », a déclaré l’un des signataires, Michel Gala Kamanda, directeur d’exploitation.
C'est une illustration patente de l'immoralité, voire amoralité d'un véreux mandataire de l'Etat. « On se trouve là-devant un enrichissement sans cause d'un prédateur sans scrupule favorisé par l'impunité légendaire qui a élu domicile dans notre pays où la justice elle-même est malade ainsi que le président de la République lui-même l'a reconnu et déclaré. Et le scandale est déconcertant de voir Jean Enyange Ma Ndobo et ses complices s'en tirer à bon compte au grand dam de la SCFUF ».
Recommandations
Les pétitionnaires demandent l’implication personnelle de la Première ministre Judith Suminwa de pour la reconstruction et la modernisation de la SCFUF et de son port de Bumba afin de les intégrer dans le projet du « Corridor Nord », qu’elle diligente un audit de la gestion de la SCUF par l’ancien directeur général intérimaire, Jean Enyange Ma Ndobo et ses complices, et de les faire poursuivre judiciairement pour détournements du denier public le cas échéant tout en les contraignant à la restitution des fonds détournés et enfin qu’elle accompagne et soutienne le nouveau directeur général intérimaire afin de rétablir l’ordre et la bonne gouvernance à la SCUF S.A.
Les pétitionnaires attendent que le patrimoine bradé soit restitué à la SCUF ses biens immeubles, mais également de faire jouir la SCUF de sa part dans le partage de patrimoine issue de la liquidation de la SNCZ holding.
Ni les 5 chantiers, ni la révolution de la modernité et encore les 100 jours pour cette entreprise abandonnée
Quant à savoir pourquoi est-ce que l'État congolais dans ce programme notamment les 5 chantiers, la Révolution de la modernité, les 100 jours et le programme de développement de 145 territoires, comment l'État congolais n'intègre pas la société de chemin de fer Uele fleuve dans son programme d'action ? Ce n’est pas une question à laquelle nous pouvons répondre, tempère Michel Gala Kamanda. « Il n'y a que l'État congolais seul qui peut répondre à cette question parce que nous dénonçons d'abord cet abandon spectaculaire légendaire de la part de l'État congolais qui est l'unique actionnaire de cette entreprise ».
La Gazette du Continent