Jean Kembo, Kembo Uba Kembo à l’authenticité alias ’’Jean Pépé, Pinto de Miranda, monsieur-but, Kamikaze’’, tous ces noms démontrent amplement les compétences de cet attaquant racé, un joueur robuste, jambes en forme x ; joueur combatif et sans peur qui avait rendu d’énormes services à son club le V.Club de Kinshasa et les Léopards du Zaïre.
Natif de Kinshasa en 1947, enfant de la commune de Matete, Jean Kembo fut un joueur de l’équipe de FC Nomades II, Matonge, avant de s’exiler dans le Bas-Congo précisément à Inkisi dans une équipe du coin, le FC Dragons d’Inkisi, découvert lors d’une rencontre de football qui opposa son équipe au club kinois, le populaire V.Club, équipe aux couleurs ’’vert-noir", une rencontre qui se solda par un score-fleuve en faveur des ’’Bana mbongo’’, l’unique buteur des provinciaux fut l’attaquant Kembo Jean évidemment, qui tapa alors dans l’œil des dirigeants kinois et plus particulièrement de Franco Luambo, le président du club et vedette de la musique congolaise. Le patron de l’orchestre OK Jazz.
Rentrés dans la capitale, les dirigeants de V.Club vont aller voir rapidement les dirigeants de FC Nomades II pour un transfert de la perle rare découverte loin à Inkisi afin de l’incorporer dans le V.Club, c'était en 1967.
Son recrutement apportera un nouveau punch à l’attaque mitraillette de l’équipe, un peu émoussée, car le buteur-maison, le canonnier par excellence, Luc Mawa "l’homme de Brazzaville, le bombardier" déclinait petit à petit après avoir longtemps servi et porté son équipe sur ses épaules depuis le début des années 60. Son duo en attaque avec le jeune Kibonge Joseph "Seigneur Gento" fera souffrir les gardiens adverses.
L’arrivée de Kembo Jean commença à reléguer Luc Mawa sur le banc des réserves, qui deviendra plus un joueur par intermittence.
Jean Kembo va s’imposer sur le front de l’attaque de V.Club, une attaque tout feu tout flamme, avec un Kibonge Gento en meneur, Kembo le buteur, Mayaula Freddy le bombardier, Didi Bakoyene; Mayanga Adelar et Mungamuni Léon plus tard. La renaissance d’une attaque de rêve ; les défenseurs adverses auront du pain sur la planche en jouant contre les "Dauphins noirs", l’équipe à battre. Kembo Jean, le bourreau de tous les gardiens, il leur rentrait dedans avec le ballon dans les filets, il les chargeait ostensiblement sans avoir peur, même les gardiens les plus costauds (Raph Montonga, Tangu Carrol, Thomas Nkono, le Marocain Belkourchi), à l’époque, les gardiens de but n’étaient pas encore protégés comme à nos jours.
Kembo, joueur techniquement doué et tantinet roublard, un joueur capable d’amortir le ballon dans n’importe quelle position, des tirs hyper-puissants tous les deux pieds. Un joueur décisif. Il sortait rarement bredouille à l’issue d’une rencontre, dans la victoire comme dans la défaite. Le public de V.Club "Moscovite" fut son oxygène, il donnait tout sur le terrain, pour lui, un match de football, ce fut une bataille, un combat des gladiateurs.
Comme lorsqu'il fracassa le poteau en bois à Brazzaville au ’’stade de la Révolution’’ en 1974 contre l’équipe Aiglon CARA en coupe d’Afrique des clubs, Vita-Club mené au score par 4-0, Kembo utilisa une astuce pour que le match s'arrête et soit reporté, malheureusement pour lui, les Congolais feront tout pour éviter ce piège. Ils vont rafistoler le poteau après 40 minutes d’arrêt, le match reprendra et ira jusqu'à son terme. Kembo était prêt à tout pour faire gagner son équipe.
Il sera de la campagne victorieuse de l’Éthiopie en 1968. Sacrés avec l’équipe nationale, les Léopards.
Hormis le championnat de Kinshasa AFKIN, Kembo remportera 3 fois successivement la coupe du Zaïre en 1971, 72, 73, un exploit jamais réalisé avant. Couronné par un titre de champion d’Afrique des clubs en 1973, buteur en finale face à l’ogre ghanéen, le Kotoko Asante de Kumasi du Ghana. Victoire finale 3-0 ; les 2 autres buts seront signés Mayanga Maku ’’Goodyear ’’, Vita-Club était au sommet de la gloire, et dans la foulée, un autre titre continental viendra clôturer cette série glorieuse avec le titre de champion d’Afrique des nations en Égypte 1974. Une participation à la coupe du monde en Allemagne de l’Ouest en 1974.
Après, ce sera le déclin du football zaïrois, la génération dorée était arrivée à la fin du cycle. Néanmoins, Kembo va continuer de jouer pour son club remportant au passage d’autres titres majeurs au niveau local et national, cumulant le football et les affaires ; sa carrière sera ponctuée par des apparitions et disparitions. Jusqu'en 1979 quand je le verrai pour la dernière fois avec son club en coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe face au Canon sportif de Yaoundé" kpakum’’ à Kinshasa ; Kembo sera remplaçant, monté au jeu vers la fin, ventre bedonnant et un surpoids. Ses heures de gloire étaient désormais derrière lui.
Kembo Jean deviendra alors commerçant et puis entraîneur de l’équipe de Sotraz.
Kembo Jean avait eu une nombreuse descendance, la plupart des athlètes aussi, footballeur, judoka etc...
Dont le plus connu Jires Ekoko Kembo adopté par Wilfrid Mbappé, un encadreur sportif et le père de la star française, le joueur Kylian Mbappé.
Jires Ekoko Kembo
Kylian Mbappé et son père Wilfrid Mbappé
Jires Ekoko Kembo et Kylian Mbappé
Kembo Jean a tiré sa révérence en 2007 à l’âge de 60 ans.
Dans l’histoire de notre football, le nom de Kembo Uba Kembo l’homme qui était à la base de notre qualification pour la coupe du monde 1974 contre le Maroc à Kinshasa mériterait d’être écrit en grand caractère et en lettres d’or. Ou c’était déjà chose faite ? Kembo Uba Kembo une voix d’ange dans la peau d’un guerrier au cœur de lion.
Kembo, la gloire en kikongo, Jean Pinto ne l’avait-elle pas vécue durant toute sa vie ?
Paix à son âme !
Dary Abega