Opération Panthère noire : des premières bavures policières signalées dans la ville de Kinshasa

Opération Panthère noire : des premières bavures policières signalées dans la ville de Kinshasa

On ne pourrait pas le croire, mais les faits prouvent le contraire. Alors que le lancement de l'opération Panthère noire par le vice-premier ministre, ministre de l'Intérieur Peter Kazadi en début de ce mois avait suscité de l'espoir dans la lutte contre le banditisme urbain et les antivaleurs dans la capitale Kinshasa. Tout ne marche pas bien. Au contraire, quelques éléments de la police commis à cette opération évoluent en bande organisée de "criminels" s'il faut le dire, opérant en toute impunité, dans un véhicule de marque Mercedes, connu sous l'appellation de Sprinter et les victimes sont en grand nombre à Kinshasa.

La dernière victime en date, un opérateur économique, un jeune entrepreneur évoluant dans l'agro-alimentaire et responsable d'une grande charcuterie semi-moderne au niveau de la 13ème rue Limete. Il a été kidnappé et amené pendant des heures à une destination inconnue après lui avoir administré des tortures physiques graves, prêt à y laisser sa peau. Des hommes en uniforme lui ont confisqué des millions de francs congolais qu'il détenait et jeté tard dans la soirée au niveau de la 16ème rue Limete sur le petit boulevard.

Dans son témoignage, après quatre jours des soins intensifs et dans un état critique, il fait de révélations troublantes sur le scénario qui a entouré son enlèvement.

''Un vendredi comme d'habitude, nous faisons des achats pour nous approvisionner en farine, viande hachée et autres produits pour la production et fabrication des boudins et saucisses. Nous avons une quantité semi-industrielle, car nous avons des demandes qui vont au-delà de nos frontières. J'étais allé à la banque faire un retrait pour que le gérant, comptable et le chargé des achats fassent leur travail sans difficulté vu que nous avions une rupture de stock".

J'ai pris une moto au niveau de la 11ème rue. Le conducteur cherchait à traverser vers le petit boulevard lorsqu'un véhicule de marque Sprinter leur a empêché de poursuivre leur itinéraire. Soudain, c'est plus de huit policiers qui descendent du véhicule demandant au conducteur de s'arrêter. L'un d'eux n'a pas hésité de dire que ''mutu tozoluka ye yo, il a violé une fille'' (C'est la personne que nous recherchons et qui a violé une fille). "Du coup, trois agents tombent sur mon sac à dos qui contenait plus de 10 millions de francs congolais et 5.000 dollars américains.

C'est la bagarre qui s'ensuit. Ceux qui étaient dans le véhicule sont intervenus. Il était seul contre une vingtaine de policiers armés qui réussiront à le maîtriser et le jeter dans dans leur véhicule où il n'y avait que de policiers. Une fois à l'intérieur, c'est l'enfer pour cet opérateur économique. "Ils m'ont bandé les yeux, frappé et drogué jusqu'à ce que je perde connaissance. Dans cette résistance, ils m'ont poignardé dans l'œil et cassé mes deux dents me disant que je ne valais rien par rapport à tous ceux qui meurent à l'est. Ils disaient que nous étions leur source d'argent".

Ils ne sont pas payés et ils souffrent. Ils lui ont par la suite bandé la bouche parce qu'il les suppliait de le laisser. "Je suis père de famille et responsable de plus de 60 agents. La scène a débuté aux environs de 11 heures. Je me suis retrouvé à l'hôpital dans un état d'inconscience vers 18 heures. C'est qui m'avait été rapporté par des témoins. J'étais ligoté. Je ne pouvais même pas voir d'où nous venions. Saignant, ils m'ont obligé d'ouvrir les yeux et m'ont administré du piment rouge et puis ils m'ont balancé sur le boulevard Lumumba en ne me laissant que la carte d'électeur. Ils sont partis avec mon passeport, les téléphones et une montre de grande valeur. Je criais, en demandant secours, quelqu'un m'a approché. Ce sont des personnes présentes après les faits qui m'ont acheminé à l'hôpital. Je leur ai demandé d'appeler mes travailleurs à la 13ème rue".

Ils étaient en alerte parce que le conducteur de moto, c'est un petit qui nous transporte souvent en cas d'urgence. Ils avaient déjà lancé les avis de recherche. Voilà comment la scène s'est produite, a expliqué "Mille goûts" comme on l'appellent par ses partenaires, surtout des revendeurs de ses produits qui font du succès et vendus dans les grandes alimentations à Kinshasa, Kikwit, Matadi, Brazzaville, Lufu et Angola.

Présentement, il se remet de ses graves blessures et tortures. Les autorités sont appelées à encadrer cette opération pour éviter les abus de ce genre. C'est pour la troisième fois en mois des deux semaines, toujours à Limete qu'on signale des cas d'enlèvement par des policiers dans un véhicule pareil.

Le commissaire provincial de la police ville de Kinshasa, le commissaire divisionnaire adjoint Blaise Mbula Kilimbalimba de la police ville de Kinshasa et le vice-premier ministre, ministre de l'Intérieur sont invités à interpeller des policiers qui se livrent à ces pratiques qui ternissent l'image de la police. Les nouvelles autorités de Kinshasa auront du pain sur la place si elles ne planifient pas et ne mettent de stratégies en place pour lutter contre ces criminels urbains.

 

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