Goma : 52 morts signalés après une nuit de violence armée, Kinshasa et l’AFC-M23 livrent des versions divergentes

Goma : 52 morts signalés après une nuit de violence armée, Kinshasa et l’AFC-M23 livrent des versions divergentes

La ville de Goma, sous contrôle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23) depuis fin janvier, a connu une nuit particulièrement violente du vendredi 11 au samedi 12 avril 2025.

Des échanges de tirs nourris, impliquant armes légères et lourdes, ont secoué plusieurs quartiers de la ville, notamment Ndosho, Kyeshero, Lac-Vert, Mugunga, Kituku et Turunga. Des scènes de panique ont été rapportées chez les habitants, déjà éprouvés par une insécurité quotidienne.

Alors qu’aucun chiffre officiel n’a été communiqué à l’échelle locale, le gouvernement central à Kinshasa a publié un communiqué via le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières. Il fait état de 52 morts, dont un patient tué sur son lit d’hôpital à Kyeshero, à la suite de ces violences armées.

Dans un communiqué daté du 12 avril, Médecins Sans Frontières (MSF), qui opère dans cette structure médicale, condamne fermement l’usage des armes dans et autour des établissements de santé. L’organisation souligne que ce drame reflète une résurgence inquiétante des attaques contre les services médicaux dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, et appelle au respect strict du droit humanitaire.

Le gouverneur militaire nommé par l’AFC-M23, Bahati Musanga Erasto, a réagi par une communication officielle. Selon lui, les tirs entendus dans les quartiers de Goma seraient le résultat d’un accrochage entre l’Armée Révolutionnaire Congolaise (ARC), bras armé de l’AFC/M23, et une coalition d’adversaires composée des FARDC (Forces Armées de la RDC), des Wazalendo (milices d’autodéfense) et des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda).

« Ces groupes ont tenté une attaque sur nos positions, mais ont été rapidement repoussés. La population est appelée au calme, votre armée assure la sécurité », a-t-il déclaré, tout en réaffirmant la volonté de l’ARC de garantir la paix.

La nuit du 11 avril 2025, bien que plus violente que d’ordinaire, s’inscrit dans un climat d’insécurité croissante qui sévit depuis plusieurs semaines à Goma. Les habitants rapportent des cas fréquents d’incursions armées nocturnes, vols, extorsions, assassinats et autres actes de banditisme, souvent impunis. L’intensité des affrontements de cette nuit a néanmoins dépassé les précédents, selon des témoignages recueillis sur place.

La prise de Goma par l’AFC-M23, survenue le 27 janvier 2025 après de violents affrontements contre les forces loyalistes, a profondément modifié l’équilibre régional. La capitale provinciale du Nord-Kivu a été déplacée à Beni, au nord de la province, où les autorités légales de la RDC ont trouvé refuge.

Depuis, plusieurs entités du Nord et du Sud-Kivu sont passées sous contrôle de l’AFC-M23, exacerbant les tensions entre Kinshasa et les autorités de facto installées dans les territoires conquis.

Alors que les populations civiles continuent de subir les conséquences de ce conflit armé, les divergences persistantes entre les parties en présence compliquent l’établissement d’un climat de paix durable. L’appel au calme, les condamnations humanitaires, et les bilans contrastés montrent à quel point la situation reste fragile et sujette à de multiples interprétations.

Magloire Mutulwa

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