"L'état civil est le miroir de notre existence. Il est le reflet de notre identité, de notre appartenance à une communauté et à une Nation. Il est le socle de nos droits et de nos devoirs. Sans état civil, nous sommes comme des navires sans ancre, à la dérive dans un océan d'incertitude. Nous devons donc nous mobiliser, agir et en faire une priorité nationale".
Ainsi s'est exprimé Ramatou Touré, cheffe de la protection de l'enfant à l'Unicef au cours d'un atelier organisé le 13 août 2024 à Kinshasa. C'est à l'occasion de la journée africaine de l'état civil célébrée le 10 août de chaque année.
La célébration officielle de la septième édition de la journée africaine de l'état civil sous le terme "renforcer les liens entre les systèmes d'enregistrement des faits d'état civil et les statistiques de l'état civil et les systèmes d'identité juridique par la transition numérique au service d'une inclusion plus forte".
Cette journée est une initiative des ministres africains en charge de l'état civil et de leurs alliés. C'est un événement marquant qui souligne l'importance cruciale des systèmes d'enregistrement des faits d'état civil et des statistiques vitales et qui permet aux Etats de remettre au goût du jour l'agenda de l'état civil en plus de nous offrir l'opportunité de conscientiser le public sur l'importance et les procédures de la déclaration des faits d'état civil. Cette journée permet aussi de faire le plaidoyer auprès des décideurs sur l'urgence de mettre en place un système d'état civil fiable et sécurisé en vue d'atteindre respectivement 100 % d'enregistrement des naissances et 80 % d'enregistrement de taux de décès conformément aux objectifs de développement durable de 2030.
À moins de six années de la date butoir de l'atteinte de développement durable, le taux actuel d'enregistrement de naissance de 40 ℅ en RDC "nous rappelle l'urgence de mettre en place un programme spécial accéléré en vue de l'enregistrement universel des naissances, des mariages et des décès. D'ailleurs, le thème de cette journée nous indique déjà quelques pistes à explorer telles que la transition numérique pour renforcer les systèmes d'identité juridique qui constituent une étape fondamentale vers une intégration plus forte entre les systèmes de santé, les systèmes de la population, les systèmes de la justice, de la migration...".
Ce thème invite la population également à accorder une attention particulière à l'impérieuse nécessité d'aller vers une modernisation des systèmes d'état civil en Afrique en prenant en compte l'informatisation des services, la digitalisation des procédures et la numérisation des actes d'état civil. Le tout est accompagné d'une simplification nécessaire des procédures.
Enfin, cette numérisation offre une opportunité unique d'améliorer l'accessibilité et la fiabilité des enregistrements, sans oublier l'importance de la production de données statistiques de routine sur tous les faits d'état civil.
Les systèmes d'état civil en Afrique font face à plusieurs défis majeurs que est notamment la couverture géographique insuffisante, particulièrement dans les zones rurales où l'accès aux services d'état civil peut être limité voire inexistant. La complétude des enregistrements est souvent faible même dans les zones urbaines où l'accès est plus aisé. Ce qui affecte la fiabilité des données produites et en conséquence la planification du développement des pays. La qualité des informations encore enregistrées qui est également une préoccupation avec des données souvent imprécises concernant l'âge et les caractéristiques socio-économiques des individus. La conservation et la sécurisation des documents qui posent aussi un problème entravant la disponibilité des données historiques. Tous ces défis soulignent l'urgence d'améliorer les systèmes d'état civil pour assurer que chaque individu puisse être enregistré et reconnu légalement et conformément aux aspirations nationales de la RDC ainsi qu'aux recommandations internationales et aux objectifs de développement durable.
"Un espoir que dis-je, un grand espoir est en train de renaître en RDC qu'il s'agisse de l'adoption du Code du numérique en 2022 accompagné du plan national numérique 2025 sans oublier la stratégie nationale de l'état civil ainsi que son plan d'action ou encore qu'il s'agisse de l'expérimentation à N'sele dans la ville de Kinshasa, mais aussi au Kasaï et au Katanga du projet de digitalisation du registre de vaccination de routine couplé à l'instrument à la naissance des nouveau-nés qui fera l'objet d'un passage qu'à l'échelle".
A travers ces initiatives, le gouvernement de la République Démocratique du Congo donne un signal fort de son engagement vers la modernisation de son système d'état civil. C'est le lieu de saluer les efforts du gouvernement de la RDC à travers son secrétaire général, à travers les ministères de l'Intérieur, de la Santé, de la Justice et celui du Numérique entre autres ainsi qu'à travers tous les partenaires techniques et financiers qui l'accompagnent. Ces efforts sont salutaires mais il reste néanmoins beaucoup à faire.
''Soyez assurés que nous serons à vos côtés pour relever ensemble ces défis en vue d'atteindre l'ODD 16. 9 qui vise à notamment à fournir une identité légale pour tous".
La Gazette du Continent