Siégeant ce lundi 18 septembre 2023 en chambre foraine à la Prison militaire de Ndolo à Kinshasa, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a renvoyé l’affaire mettant en cause Salomon Kalonda, Conseiller de Moïse Katumbi, pour le lundi 25 septembre 2023.
Ce renvoi fait suite à la demande du ministère public pour rencontrer les moyens soulevés par les avocats de la défense. Salomon Kalonda a déclaré que « Monsieur le président, je me présente ici devant vous. Je suis malade. Contre l’avis de mes médecins, je ne pouvais pas me présenter parce que les médecins ont voulu me maintenir. Malheureusement, autant la mort peut m’emporter par la maladie, autant cette situation que je vis aujourd’hui avec ce procès de la honte peut m’emporter. Et donc, j’ai exigé d’être présent. Mais tout homme à des limites. Je ne saurai pas me mettre debout pendant toute la durée de la journée ».
La défense a voulu articuler les moyens de droit qui puissent démontrer que Salomon Kalonda ne devrait pas être jugé devant une juridiction militaire, a déclaré l’un de ses avocats, Me Hervé Diakiese. Au regard de la législation liée aux compétences de juridictions militaires, au regard des prescrits constitutionnels, sa qualité de civil est incompatible avec une procédure judiciaire menée à son encontre par une juridiction militaire. Selon Me Hervé Diakiese, la défense a développé des arguments sur la nullité de l’ensemble de la procédure initiée à son encontre, notamment tous les procès-verbaux établis lors de son interpellation et sa détention irrégulière par les services des renseignements militaires parce qu’ils ont été établis en violation de toutes les réglementations, de toutes les lois de la RDC et encore de la Constitution de la RDC. C'est d’autant plus qu’il est resté en détention illégale sans accès à l’avocat au-delà de toute la durée prévue par la loi.
« Au regard des éléments que nous avons développés, nous sommes rassurés que la juridiction militaire, indépendamment de la réplique de l’auditeur militaire, ne pourra que droit qu’à notre requête. Nous avons une panoplie de jurisprudences qui démontrent que dans des cas objectivement comparables, Salomon Kalonda ne peut pas être jugé par des juges militaires ». Malade, Salomon Kalonda a physiquement comparu au cours de cette audience.
Ce proche de Moïse Katumbi a été arrêté le 30 mai à l’Aéroport International de N’djili par les renseignements militaires. Il est poursuivi pour notamment collaboration avec les rebelles du M23. Le lieutenant-colonel des Forces armées de la République Démocratique du Congo, Ali Inusa en fuite, co-prévenu de Salomon Kalonda sera poursuivi par défaut. Ainsi, en a décidé la Cour militaire de Kinshasa-Gombe à l’audience d’introduction.
La VSV, Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme, a exprimé ses vives inquiétudes concernant les pratiques et méthodes musclées dont font montre certains éléments des services de sécurité ces derniers temps. Pour son directeur exécutif, Rostain Manketa, l’interpellation de Salomon Idi Kalonda frise un quasi enlèvement. Quel que soit le motif qu’on lui reproche, rien dans un Etat de droit ne pouvait justifier le traitement inhumain lui infligé.
La Gazette du Continent