Qui était Pierre Mulele ?
Pierre Mulele était un des plus proches amis de Patrice Lumumba dont il fut ministre de l’Éducation nationale et des beaux-arts dans le premier gouvernement Lumumba après l’indépendance du Congo le 30 juin 1960.
Pierre Mulele
Il est né le 11 août 1929 dans le petit village d’Isulu matende, secteur de Lukamba, dans le territoire de Gungu, province de Bandundu, il était de l’ethnie Mbunda. Il avait comme épouse Léonie Abo.
Fils de Benoit Mulele, un infirmier et de Lwam Agnès, mère au foyer.
Après des études primaires à Kikwit, il s’inscrit au petit séminaire de Kizambi mais pour des raisons d’indiscipline, il sera renvoyé. À Leverville, il sera de nouveau répudié par le directeur de l’école pour les mêmes raisons. C’était un insoumis. Il s’enrôle à l’armée, il devient caporal.
En février 1959, il crée le PSA (parti solidaire africain) avec Antoine Gizenga et son ami Kama Sylvain.
Antoine Gizenga
Suite à l’arrestation et l’assassinat de Patrice Lumumba 16 janvier 1961 et l’arrestation d’Antoine Kizenga en 1962, Pierre Mulele devient l’un des lumumbistes qui poursuit le combat de Patrice Lumumba. Avec ses compagnons, ils s’exilent et vont suivre une formation militaire en Chine.
Le 31 décembre 1963, il est à la tête d’un mouvement de rébellion contre le pouvoir de Kinshasa.
La rébellion des « Simba » éclate au mois de janvier en 1964, elle est conduite par Pierre Mulele, Gaston Soumialot et Christophe Gbenye , tous membres du parti politique PSA (Parti solidaire africain) de Gizenga. Pierre Mulele se sert des techniques de la guerrilla apprises en Chine et des fétiches.
Il mène la rébellion Maï-Maï dans la région de Kwilu, ses milices causent de nombreuses victimes.
Défait par l’armée de Mobutu, le 2 septembre 1963, il se rend à Brazzaville, le 13 septembre 1968, il est mis sous résidence surveillée.
Le président Marien Ngouabi négocie son retour dans le cadre de l’amnistie générale décidée par les autorités de Kinshasa.
Monsieur Justin Bomboko ministre des Affaires étrangères de Kinshasa, viendra à Brazzaville le 28 septembre en vue de signer un accord avec les autorités.
Justin Marie Bomboko
M. Bomboko déclare : « L’amnistie générale décrétée à Kinshasa par le général Mobutu, est valable pour tous. Nous accueillons donc M. Mulele en frère. Il travaillera avec nous pour la libération totale de notre pays ». Les lumumbistes essayeront en vain de convaincre les autorités de Brazzaville que Mobutu les attirent dans un guet-apens, mais sans succès.
Le 29 septembre à 11 heures, M. Bomboko offre une réception sur le bateau présidentiel à laquelle assistent Mulele et les autorités de Brazza. L’après-midi, M. Bomboko traverse avec Pierre Mulele, Léonie Abo, Joseph Makinda, et deux autres partisans. Arrivés à Kinshasa, Mulele et sa femme passeront la nuit dans la résidence privée de M. Justin Bomboko.
Les trois jours suivants, des dizaines d’amis de Mulele viennent le saluer dans la parcelle de Bomboko. Leurs noms sont enregistrés par des militaires de la garde.
Germain Mwefu, un ami de jeunesse de Mulele, lui dit : « À l’extérieur, nous entendons des rumeurs disant que l’on va te tuer. La situation est grave, il faut que tu prennes la fuite ». Mulele répond : « Je ne suis pas allé à Brazzaville pour arriver à Kinshasa. Il y a eu un changement là-bas et cela m’a amené ici. Il y a trois choses : la naissance, la vie et la mort. J’ai fait tout ce que je pouvais, j’ai semé les bonnes graines, elles ne sont pas tombées sur les rochers, mais dans la bonne terre. J’attends maintenant mon dernier jour ».
Le 2 octobre à 17 heures, Mulele, sa soeur Thérèse, Abo et Mibamba sont amenés vers la prison dans l’enceinte du camp militaire Kokolo. Dans la nuit du 2 octobre 68, les militaires ont commencé à torturer Mulele et Bengila.
Pierre Mulele a été tué avec une cruauté bestiale, on lui a arraché les oreilles, coupé le nez, tiré les yeux des orbites. On lui a arraché les organes génitaux. Toujours vivant, on lui a amputé les bras, puis les jambes. Les restes humains ont été jetés dans un sac et immergés dans le fleuve.
La mère de Mulele a été arrêtée et traînée devant les villageois de Lukamba. Elle fut aussi fusillée.
Jean-Claude Mass Mombong