Mayaula Mayoni ’’Don Padrino’’, de ballon rond à la guitare

Mayaula Mayoni ’’Don Padrino’’, de ballon rond à la guitare

Les jeunes du quartier Immocongo (ex-quartier du 20 mai) dans la commune de Kalamu avaient de la bougeotte, peut-être à cause de la proximité du stade ’’Tata Raphaël’’ environnant plus tard stade du 20 mai, qui était donc pour quelque-chose ?

Amoureux des sports, les jeunes de ce petit quartier de Kinshasa pratiquaient plusieurs disciplines sportives à la fois comme : le football, le basketball, le handball, le tennis, etc... certains iront même jusque dans un très-haut niveau, comme les joueurs Mayanga Maku Adelard avec une fratrie des sportives (basketteuses), Pombi Coco, le gardien de Nomades puis Vita-Club de Kinshasa et enfin l’attaquant percutant Mayaula Freddy, le bombardier, l’homme aux tirs meurtriers et ses longues enjambées ; et d’autres encore ; le bourreau des Imaniens. Un titulaire à part entière et l’une des gâchettes sûres de l’attaque-mitraillette avec Kibonge Gento, Kembo Pinto, Mungamuni Asmara, Didi Bakoyene, Mayanga Adelard, Ricky Mavuba etc... une attaque qui donnait des insomnies aux défenseurs adverses et qui poussait les gardiens de but adverses à changer de poste voire de métier.

L’entraîneur de V.Club à l’époque Eddy Akwete ’’Ben Barek’’ avait arrêté un choix définitif aux derbys de la capitale. Face au FC Daring-Faucon (Imana), ce sera Mayaula Freddy le titulaire à l’aile-gauche, contre les Dragons Mayanga Maku comme titulaire. À cette même époque, Adelard ne marquait pas encore contre le FC Daring-Faucon par peur de mourir suite à ce que les Imaniens avaient interprété comme trahison de sa part.

Mayaula Freddy faisait donc le boulot, et jusqu'à ce que contre toute attente à son départ pour la Tanzanie avec sa famille, car vivant encore sous le toit parental. Son géniteur, un diplomate, sera affecté à l’ambassade de la RDC au pays de Juluis Nyerere. Un départ qui fera très mal aux Vclubiens ; un véritable déchirement. C’était au début de la décennie 70.

Un départ qui sera comblé par Adelard Mayanga l’autre aillier-gauche, qui va alors commencer à marquer contre les ennemis héréditaires de V.Club : le CS Imana malgré leur interdiction.

Après quelques longs moments depuis son départ, les nouvelles de l’ancien bombardier de V.Club vont commencer à nous parvenir de loin, Mayaula étant devenu musicien dans un orchestre des ’’Belgicains’’, l’orchestre Africana de Bruxelles ou bien encore le Yéyé-national. Mais ce qui était sûr et certain après un long moment en Europe, Mayaula Freddy ne reviendra plus à Kinshasa comme un aillier-gauche, mais comme musicien, guitariste-accompagnateur.

Déjà sa chanson ’’Chérie Bondowé’’ comme un avant-goût de sa nouvelle vocation, vers 1977-1978.

Les mélomanes zaïrois vont alors découvrir un nouveau Mayaula Freddy de retour au pays, malgré sa tentative de renouer avec son équipe, le Vita-Club auréolée d’un titre africain remporté en 1973. Dans ses bagages, les jeux de maillots pour son club chéri.

Dans sa nouvelle carrière, il aura la bénédiction de tous les VClubiens et surtout, vu qu’il était musicien dans l’OK Jazz de Luambo Franco, une affaire de famille donc, l’Ok Jazz n’était-il pas aussi un Vita-Club en version artistique ?

Mayaula Freddy s’avera être un très grand auteur-compositeur, ses chansons des véritables tubes pour le plus grand plaisir des Vitaclubliens, Bilimiens voire des Imaniens aussi. Sa réussite artistique fera même oublier son passé de footballeur.

Des chansons à succès, sans oublier son association avec Youlou Mabiala et Josky Kiambukuta dans les ’’Mamaki ’’, avec des tubes à succès.

Des années après, il ira en tournée en Afrique de l’Ouest avec quelques musiciens de la capitale et le jeune Malage de Lugendo encore méconnu du grand public. Un album en duo Malage-Carlito signé Mayaula, sponsorisé par Air Zaïre.

Son album sorti en 1997, sera l’apothéose de sa carrière, un album intemporel chanté par Carlito et Abby Surrya. Ousmane Bakoyoko, Makolo ya Masiya, Don Padrino, Amour au Kilo etc...

Sans oublier sa collaboration avec Mpongo-Love et Tshala Muana. Les titres comme Ndaya, Nasi nabali etc... portaient bel et bien la signature de l’ancien attaquant de l’AS Vita-Club de Kinshasa. Un homme talentueux dans tout ce qu’il faisait. Un dernier surnom : ’’Don Padrino’’ en guise d’au revoir.

Mayaula Mayoni Freddy né à Kinshasa en 1946, décédé à Bruxelles en mai 2010. Ses œuvres musicales avaient tout simplement remplacé ses buts marqués, ou encore les buts qu’il voulait marquer.

Paix à son âme.

 

Dary Abega

La Gazette logo

Newsletter

Inscrivez-vous pour ne rien rater