Le recours à l’Histoire a pour vertu de tirer les leçons du passé pour mieux appréhender le présent.
La complicité de l’ONU au Congo ne date pas d’aujourd’hui, malheureusement certaines similarités historiques ne nous servent pas de mise en garde.
62 ans après son arrestation, cette image reste dans toutes les mémoires, elle garde toute sa force, et revêt une dimension quasi-testamentaire.
« Si je meurs demain, c’est qu’un Blanc aura armé la main d’un Noir », phrase prémonitoire et prophétique de Lumumba qui n’a jamais perdu son acuité.
Le regard hagard de Lumumba nous arrache des larmes jusqu’aujourd’hui.
Patrice Lumumba est arrêté dans la nuit du 1 au 02 décembre à Port-Francqui, actuel Ilebo sur ordre du Commandant en chef de l’Armée nationale congolaise, le colonel Joseph-Désiré Mobutu.
Le chef de la sécurité nationale, M. Victor Nendaka ordonne à M. Gilbert Pongo ( officier des services de renseignement et père de la chanteuse Mpongo Love. ) de ramener M. Patrice Lumumba, Premier ministre à Léopold (Kinshasa), le lendemain.
Ses compagnons, Pierre Mulele, Valentin Lubuma et Mathias Kemishanga sont arrivés à Stanleyville (Kisangani), c’est en traversant la rivière de sankuru en pirogue - dernier obstacle avant d’atteindre l’objectif - que Lumumba fut arrêté, alors que les autres ont progressé.
Il tente de se mettre sous la protection des casques bleus de l’ONU, mais la direction ordonne à ses troupes de ne protéger en aucun cas M. Patrice Lumumba.
Arrivé à l’aéroport de N’Djili avec ses deux compagnons d’infortune, Joseph Okito (ex-vice-président du sénat) et Maurice Mpolo (ex-ministre de jeunesse et de sport), Lumumba est ligoté, tabassé, maltraité, roué des coups ; ils essuient injures, coups de poings et crosses de fusils, ils sont traités sans le moindre égard, et jetés dans un camion militaire.
Un soldat le saisit par les cheveux et lui relève la tête pour le montrer aux caméras, un autre lui fait avaler un mouchoir imbibé d’urine.
Ces images ont choqué et feront le tour du monde.
Ses bourreaux étaient d’une cruauté indicible.
Il sera conduit au camp Binza devant le colonel Mobutu, bras croisés, regardant les militaires humilier le Premier ministre Lumumba avec une extrême violence.
Rendons un hommage respectueux à la mémoire et la vie de celui qui demeure un Héros national, qui a préféré mourir la tête haute avec une foi inébranlable et une confiance profonde dans la destinée de notre pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés d’un État souverain.
La classe politique actuelle est orpheline des personnalités d’une telle grande envergure et intégrité, d’une telle probité intellectuelle et politique et, surtout, bénéficiant, d’un prestige personnel incomparable.
Ses convictions pour le Congo surclassaient nettement celles de ses rivaux politiques.
Jean-Claude Mombong