Parler de la Belgique et de la RDC en deux minutes est un exercice difficile. Et pourtant, c'est ce que mon grand-frére Ambroise Tshiyoyo, notre hôte de ce jour, me demande de faire. Je vais tenter de m'y soumettre en vous parlant de trois dates seulement : 1830, 1885 et 2023.
1830 : la création du Royaume de Belgique
Trois puissances européennes, l'Angleterre, l'Allemagne et la France, acceptent l'idée de la création d'un nouvel État européen, qui servirait d'État-tampon entre elles. C'est la Belgique. A la seule condition que le nouvel État soit neutre. Ainsi l'indépendance de la Belgique est reconnue.
Les Belges se cherchent un roi
Le Parlement belge décide alors de se choisir un roi. Leur premier choix tombe sur le Duc de Nemours, le fils du roi de France Louis-Philippe 1er. Les Anglais s'opposent à ce choix parce qu'ils considèrent que la Belgique risque de basculer dans le camp français.
Le Parlement belge se réunit de nouveau et choisit cette fois-ci un prince allemand du nom de Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha.
Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha
Le 21 juillet 1831, il prête serment comme le 1er roi des Belges sous le nom de Léopold 1er. Et la date du 21 juillet devient la date de la fête nationale belge.
1885 : la création de l'État Indépendant du Congo
Le fils de Léopold 1er, devenu roi des Belges sous le nom de Léopold II après la mort de son père, veut reproduire l'expérience de la création d'un nouvel État-tampon. Mais cette fois-ci au coeur du continent africain. Pour réaliser son rêve, Léopold II dispose de trois atouts personnels.
Les atouts personnels de Léopold II
Roi Léopold II
1° Léopold II est le petit-fils du roi de France, Louis-Philippe 1er. En effet, sa mère, Louise d'Orléans, est la fille du dernier roi de France.
2° Léopold II est le cousin germain de la grande reine Victoria du Royaume-Uni. Parce que Victoire de Saxe-Cobourg, la mère de la reine Victoria, est la tante paternelle de Léopold II. C'est la soeur de Léopold 1er.
3° Léopold II est l'ami personnel du tout-puissant chancelier allemand, le Prince de Bismarck.
Le Congo, un État-tampon
En jouant sur ces paramètres familiaux et une diplomatie de haute facture, Léopold II va réussir à créer, en 1885, l'immense État Indépendant du Congo dont il est le souverain et qu'il gère comme son bien privé. Ce nouvel État sert de tampon entre les colonies françaises (Actuelles Congo-Brazzaville et Centrafrique), les colonies britanniques (Soudan et Ouganda, Zambie), les colonies allemandes (Ruanda-Urundi, Tanzanie) et la colonie portugaise d'Angola.
Les grandes puissances vont exiger de Léopold II que le nouvel État, comme la Belgique, soit neutre.
2023. Les deux ambitions : Bruxelles, capitale de l'Europe, Kinshasa, capitale de l'Afrique noire.
Aujourd'hui, Bruxelles, la capitale de la Belgique, est devenue la capitale de l'Union Européenne, l'une des premières puissances économiques et diplomatiques du monde.
Notre ambition à nous Congolais est que Kinshasa devienne aussi la capitale de l'Afrique noire.
Nous avons les atouts nécessaires pour devenir le chef de file de la civilisation noire : nombre d'habitants (105 millions) dont la majorité est constituée des jeunes, le potentiel hydroélectrique, le sol arable, les ressources minières, l'étendue de la forêt équatoriale, la réserve d'eau potable, la situation géostratégique du pays...
La vocation de la RDC, chef de file de l'Afrique noire.
Pour réaliser ce rêve, devenir la première puissance économique, militaire, diplomatique et culturelle de l'Afrique noire, il nous faut d'abord combattre et vaincre nos démons internes que sont nos sept péchés capitaux : la corruption, le tribalisme, le népotisme, le clientélisme, l'impunité, la complaisance, la culture de la flatterie. Ce sont ces péchés capitaux qui nous empêchent, depuis notre Indépendance en 1960, de "bâtir un pays plus beau qu'avant". C'est-à-dire un pays où règne la Paix, la Justice et où il y a du Travail décent et bien rémunéré pour tous !
Les rôles de la diplomatie et de l'armée
Il nous faudra aussi, dans la recherche de notre grandeur, une diplomatie plus dynamique et une armée professionnelle sera d'un grand secours. Et la Belgique, comme alliée historique, nous est indispensable. Il nous faut alors assainir nos relations et réfléchir ensemble sur les points qui constituent des fardeaux pour notre diplomatie et nous engager à les corriger.
La voie de la grandeur
On dit que le premier pas vers la guérison est la prise de conscience de sa situation. Réveillons-nous et prenons conscience de notre culture politique actuelle qui est nocive au développement de notre pays.
Cherchons les moyens de nous soigner en combattant nos péchés capitaux. C'est la seule solution qui nous amènera vers la grandeur et la considération régionale et internationale !
Thomas Luhaka Losendjola
Ancien président de l’Assemblée nationale, ancien ministre, avocat et Député national
