20 décembre 2001 : disparition de Léopold Sédar Senghor

20 décembre 2001 : disparition de Léopold Sédar Senghor

Poète, essayiste et homme politique, Président de la République du Sénégal de 1960 à 1980, Léopold Sédar Senghor (1906-2001) est une figure centrale de la francophonie africaine et fondateur (avec Aimé Césaire et Léon Gontran Damas) de la “négritude”.

Premier africain agrégé de grammaire (1935), il est professeur de Lettres classiques avant la Seconde guerre Mondiale pendant laquelle il est d’abord fantassin, puis prisonnier, puis résistant.

Il y a 22 ans jour pour jour disparaissait Léopold Sédar Senghor. Premier président du Sénégal, de 1960 à 1980, premier Africain à siéger à l’Académie française, celui qu’on appelait le « poète-président ».

Le 20 décembre 2001, un géant politique et littéraire, Léopold Sédar Senghor décédait à l’âge de 95 ans à Verson dans le Calvados.

Premier président de la République du Sénégal en 1960, intellectuel brillant, homme de lettres, Senghor est aux côtés de Nelson Mandela, Kwame Nkruma, Lumumba, Félix Houphouët-Boigny, l’un des Africains les plus respectés du siècle.

Avec Aimé Césaire, ils ont développé le concept de Négritude.

Président modéré, il est resté 20 ans à la tête de l’État avant de quitter volontairement son poste en 1980.

Politicien controversé, il se sentait à la fois très blanc et très noir, revendiquant une double appartenance qui deviendra l’un des fondements de sa pensée sur la civilisation de l’Universel, contestée par d’autres intellectuels africains.

La majorité de ses contemporains n’a retenu que sa phrase polémique :« l’émotion est nègre, la raison est hellène ».

Il est né le 09 octobre 1906 à Jaol au Sénégal

À 22 ans, il découvre la France et le lycée Louis-le-Grand. En 1931, il est licencié ès lettres et admissible à l’École normale supérieure.

L’homme des lettres a étouffé l’homme d’État, rayonnement international incontesté, mal compris chez lui, il bénéficie en revanche à l’étranger d’un prestige inégalé, il traîne avec lui l’immense regret de ne jamais avoir vu son œuvre consacrée par le Nobel de littérature. En 1984, son élection à l’Académie française, lui fait oublier cette blessure d’amour-propre.

Le président français Georges Pompidou fut son camarade de classe, il a obtenu la reconnaissance de l’intelligentsia française, Jean-Paul Sartre avait d’ailleurs préfacé, en 1948, son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache. Il fréquentait Gide, Sartre, Camus, Mounier, Leiris.


Jean-Paul Sartre

Les intellectuels comme la population lui ont pardonné sa distance et ont oublié les mécomptes économiques de son régime. Le sentiment qui domine, à son égard, parmi ses compatriotes, est la fierté d’avoir eu pour président un grand intellectuel de renommée internationale.

Sa femme, Colette Hubert Senghor s’est éteinte le 18 novembre 2019 à Verson, dans le Calvados, comme l’a souhaité le président Senghor, rapatriée au Sénégal, elle a été inhumée aux côtés de Léopold Senghor et de leur fils au Sénégal.

Les sénégalais ont retenu la supériorité du poète sur l’homme politique, son nom reste gravé pour l’éternité dans la littérature.

Il était aussi un « faux gentil », il était soucieux avant tout de consolider le jeune État indépendant et en même temps de renforcer l’assise de son propre pouvoir. Quitte à sacrifier un homme, fidèle entre tous, M’amadou Dia.

Il avait fait arrêter Mamadou Dia, accusé de « tentative de coup d’État » avec 4 autres ministres, Valdiodio N'diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Ils étaient traduits devant la Haute Cour de justice du Sénégal ; alors que le procureur général n’avait requis aucune peine, ils seront condamnés à 20 ans d’emprisonnement.

Lors de leur incarcération, des personnalités comme Jean-Paul Sartre, le pape Jean XXIII ou François Mitterrand avaient demandé leur libération, mais en vain ; ils avaient, comme avocat, Abdoulaye Wade et Robert Badinter.

 

Jean-Claude Mombong

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