Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) rapporte qu'au moins 60 civils ont été tués depuis janvier, résultat d'une recrudescence d'attaques violentes en Ituri. C’est à travers son bulletin publié le 27 février 2024. Au milieu des difficultés d'accès et du contexte très volatile, les partenaires humanitaires continuent de fournir de l'assistance aux populations affectées.
Selon cette agence des Nations unies, plus de 37.000 personnes bénéficient d’un meilleur accès humanitaire sur l’axe Bunia – Komanda. Plus de 10.000 enfants ont abandonné l’école en raison de l’insécurité dans la zone de santé de Mandima. Et enfin, au moins 68 civils tués en Ituri à cause des violences des groupes armés.
Le contexte sécuritaire est marqué par une recrudescence des incidents de violence par les groupes armés non étatiques. Plusieurs cas de meurtres de civils, mouvements de population et autres incidents de protection ont été rapportés. Depuis le 1er janvier 2024, des attaques impliquant ces groupes armés ont déjà coûté la vie à au moins 68 civils, selon la Coordination Provinciale de la Société Civile de l’Ituri, au cours d’un point de presse tenu le 12 février 2024.
OCHA maintient le plaidoyer auprès des autorités provinciales pour le renforcement de la protection des civils, particulièrement les déplacés et retournés.
Territoires de Djugu et Irumu
Au moins 17 civils ont été tués entre le 9 et 13 février 2024, dans plusieurs attaques armées dans les territoires de Djugu et Irumu, selon des sources locales. De récentes attaques ont été rapportées le 13 février 2024. Des affrontements entre deux groupes armés non étatiques autour du contrôle des sites aurifères dans la zone de Gbado ont fait au moins 13 orpailleurs tués.
Cet incident est le deuxième du genre enregistré depuis le début de l’année. Le premier affrontement a été signalé entre le 23 et le 24 janvier 2024 dans la localité de Blangete (Zone de santé (ZS) de Kilo, territoire de Djugu). Deux civils ont été tués et plus de 4.000 personnes forcées au déplacement dans les aires de santé de Pluto, Pilipili, Kilo-Moto, Mongwalu, CECA 20 et Notre-Dame de Charité Maternelle, selon des sources humanitaires.
Les tensions intercommunautaires sur fond de conflits fonciers et de lutte pour le contrôle des ressources minières sont l’une des causes de la crise en Ituri, particulièrement dans la zone de santé de Damas. Cette zone abrite plus de 43.000 personnes déplacées depuis plus de deux ans.
Dans le territoire d’Irumu, quatre civils dont deux agriculteurs ont été tués par des éléments armés au cours d’une série d’attaques les 9 et 10 février 2024 dans deux villages à Ofay (ZS de Komanda) et Tchabi (ZS de Boga). Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a pour mission de mobiliser et de coordonner une action humanitaire efficace et fondée sur des principes, en partenariat avec les acteurs nationaux et internationaux.
Intensification de la réponse humanitaire dans la province de l’Ituri
Ces incidents pourraient ralentir les activités économiques et agricoles des habitants d’Ofay ; ce qui les exposent au risque d’insécurité alimentaire. Pour rappel, environ 15.000 personnes (70 % de la population) sont retournées dans l’AS d’Ofay en janvier 2024 à la faveur du dialogue entre les groupes armés, organisé à Komanda du 19 au 20 janvier, par des autorités territoriales.
Territoire de Mambasa
Entre le 4 et le 5 février, une série d'attaques armées a fait 20 civils tués dans les villages de Manzia, Ngwaba, Makumbo et Lukaya (AS de Bella et Lukaya), selon la société civile locale. À la suite de ces incidents, au moins 5.000 personnes se sont déplacées dans plusieurs localités, dont Nziapanda Bella, Makeke, Makumo et les zones environnantes. Depuis novembre 2023, des groupes armés non étatiques opèrent des attaques répétées contre les populations civiles dans plusieurs localités des zones de santé de Mandima, Lolwa (territoire de Mambasa) et Komanda (territoire d’Irumu).
Les activités scolaires perturbées dans la Zone de Santé de Mandima
Depuis le 8 janvier 2024, au moins 26 écoles ont fermé à cause de la persistance des activités des groupes armés non étatiques dans les localités de Makeke, Mambembe, Bandipakau et Katsoma (AS de Makeke et Bella). Plus de 10.000 enfants dont plus de 3.000 filles sont ainsi décrochés de l’école, selon les autorités scolaires locales. Les enfants, leurs parents et les enseignants ont été forcés à se déplacer vers les localités relativement stables sur l’axe Bella – Biakato et vers le du Nord-Kivu. Les élèves déplacés accusent déjà du retard dans le programme scolaire et les autorités éducatives plaident pour le rétablissement rapide de la sécurité pour favoriser le retour des enfants.
Territoire de Mahagi
Le 21 janvier, des éléments armés ont tué au moins huit personnes déplacées dans la localité de Jupalungu Panduse, dans leurs champs, selon la société civile locale. Depuis septembre, les violences armées se sont intensifiées dans la zone de santé de Kambala et entravent le retour des déplacés dans leurs villages d’origine. La zone de santé de Kambala compte près de 20 000 déplacés, victimes d’attaques armées depuis 2021.
Accès humanitaire
Le 5 février 2024, un partenaire humanitaire a dû reporter la distribution du cash dans les AS de Mwanga et Kunda (territoire d’Irumu), selon des sources humanitaires. Plus de 12 000 personnes déplacées étaient ciblées pour cette assistance. Ce report résulte de l’insécurité causée par des affrontements entre deux groupes armés signalés la veille.
La Gazette du Continent