Dans son discours d’investiture prononcé ce samedi 20 janvier 2024 au stade des martyrs, le chef de l’État réélu a tendu la main aux perdants de la dernière présidentielle. “Ne ditons pas que plus le combat est dur, plus la victoire est belle ? Vous êtes donc, une composante consubstantielle à l’événement de ce jour et vous avez à juste titre votre place pendant ma gouvernance du pays” a déclaré Félix Tshisekedi.
Dans la foulée, le chef de l’Etat s'est engagé à veiller à ce que le rôle de porte-parole de l’opposition soit garanti au Parlement conformément à la Constitution.
L’opposition pour une table ronde et reprendre les élections
« Ce chaos électoral du 20 au 27 décembre 2023 n'a donné ni un vainqueur ni un vaincu. Martin Fayulu n'est pas un vaincu, Moïse Katumbi ne l’est pas ainsi que Dr Denis Mukwege et Epenge. Pas plus que Félix n'est pas un vainqueur ces élections avec leur lot de contestations et d'irrégularités graves qui n'ont pas donné un vainqueur et également un vaincu », a commencé Prince Epenge, porte-parole de Lamuka.
Donc, personne ne peut se délecter d'une victoire ou personne n'a à souffrir d'une défaite.
« Plutôt nous avons à regarder les choses en face. Un bon politicien ou un bon homme d'État ne peut pas avoir peur de regarder les choses en face et de prendre ses responsabilités. ce qui vient de se passer aujourd'hui est une farce qui n'engage pas les Congolais. On a célébré quoi au Stade des Martyrs ? On a consacré quoi la fraude et la tricherie ? On a béni quoi parce qu'il n'y a pas eu de vainqueur ni de vaincu ? »
Pour la coalition Lamuka et pour l'opposition, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et les autres acteurs importants de la vie nationale doivent se regarder en face et s'asseoir autour d'une table tirer les conséquences du chaos électoral qui s'est passé en décembre 2023 pour éviter s'humilier les Congolais pour la quatrième fois.
« Les Congolais ne se sentent pas concerné. Quand un pouvoir négocie les invitations, quand il y a un pouvoir négocier les félicitations des Etats voisins et les pays amis, quand il y a un régime prend en charge les voyages de ses invités, ça veut dire qu'il y a un gros problème, un très gros problème. Je pense que Félix-Antoine Tshisekedi a bien écouté et bien intériorisé la prédication de son propre pasteur Roland Dalo qui a eu le mérite que de n'avoir mis les doigts si le noeud du problème, la fraude, la corruption, les détournements et les mensonges pendant les élections comme pendant la gestion passée », a asséné Prince Epenge.
Pour ce proche de Martin Fayulu, il faut qu'on voit les choses en face. « Nous, nous sommes prêts à discuter pour dégager les responsabilités en rapport avec cette fraude électorale et tirer toutes les conséquences pour réparer ce qui a à réparer et prévenir ce qui a à prévenir ».
Toutes les parties doivent se regarder en face et réorganiser les élections
Cet opposant proche du leader de l’Ecidé explique qu’on définit, qu’on connaît et qu’on désigne les opposants par des élections démocratiques. C'est à l'issue des élections démocratiques et transparentes que le peuple montre noir sur blanc qui doit aller dans l'opposition et il désigne également qui doit gérer ses affaires. Or, ces élections n'ont pas su nous dire qui a réellement perdu pour faire de l'opposition et qui a réellement gagné pour gérer la République. Donc, la confusion est telle qu’elle a régné pendant ces élections ne permet pas de déterminer qui va faire de l'opposition et qui va être au pouvoir parce que les peuples ne s'est pas exprimé librement. On l'a empêché de s'exprimer librement.
« Comme conséquences, nous devons exiger l'annulation des élections. Que les acteurs politiques se définissent et orientent les choses de manière à ce que nous puissions préparer des vraies élections à l'issue desquelles nous serons en mesure de dire qui est opposant et qui ne l'est pas. Je vous ramène et c'est important de le souligner qu'en 2011, Etienne Tshisekedi à qui on avait attribué la deuxième place alors qu'il était le vrai vainqueur, avait refusé d'être le porte-parole de l’opposition ».
A l'issue d'une élection aussi chaotique et d'une confusion totale telle que les élections ont été organisées par Denis Kadima, personne ne peut dire qu’il est vainqueur des élections. Personne ne peut avoir le pouvoir de désigner qui est opposant. C'est à l'issue des élections démocratiques que l'on reconnaît que le peuple lui-même désigne qui doit aller faire de l'opposition et qui doit diriger et qui doit ses affaires ».
La Gazette du Continent