Musique : Éditions "Opika" de frères Benatar (Gabriel, Joseph, Michel, David)

Musique : Éditions "Opika" de frères Benatar (Gabriel, Joseph, Michel, David)

Les commerçants grecs et juifs furent ces premiers hommes d’affaires à mettre la main sur les riches gisements artistiques congolais qui étaient sa musique au début à partir des années 40.

Une affaire très juteuse rondement menée par les Grecs et les Juifs, profitant de la naïveté des musiciens congolais à cette époque, qui ne connaissaient pas encore ce que c’était un droit d’auteur. Le fait d’écouter leurs voix sortir de la radio, fut déjà une fin en soi.

Grâce au musicien centrafricain Jhimmy Zacharie Elenga ’’Jhimmy l’hawaïenne’’, un ancien séminariste à Bikoro qui avait porté plainte contre ses producteurs belgo-juifs concernant ses droits d'auteur ; procès qu’il finira par remporter d’ailleurs, que les musiciens congolais moins instruits à l’époque coloniale apprendront à revendiquer leurs droits d’auteurs avec succès. Il y avait à l’époque les Éditions Ngoma, Loningisa, Opika, Kina, Gallotone, Esengo ,Olympia etc.... propriétés de commerçants grecs et juifs.

Les Éditions "Opika" de frères Benatar, des Belges d’origines juives furent de loin les mieux organisées, ayant dans leur écurie les musiciens Kabasele Joseph, Tino Baroza, Dechaud Muamba, Nico Kasanda, Jhimmy Elenga, Doula Georges, Gobi Boyimbo etc.... Les Éditions Opika furent le berceau de l’orchestre African Jazz crée en 1954.

À cette époque, la ville de Léopoldville n’était pas encore une très grande agglomération, comptant encore une population moins nombreuse. Quelques communes seulement formèrent la Capitale Léopoldville qui se limitait vers le Pont Cabu (Kasavubu). Léo I (Kinshasa), Léo II (Kintambo) et Kalina (Gombe) et les communes annexes.

À la sortie d’une nouveauté, les Éditions Opika faisaient un matraquage publicitaire sans pareil, organisait des cortèges à travers les artères de Léopoldville comme dans le Carnaval de Rio au Brésil ; plusieurs cars alignés à la queue leu-leu avec musiciens dont un certain Jhimmy Elenga ’’hawaïenne’’ superbement habillée, un véritable dandy, la tête de gondole des éditions Opika ; les Dechaud Muamba, Nico Kasanda etc... toute la crème sera là des éditions pour fêter cet évènement dans l’écurie.

On verra ensuite dans le même convoi, le fameux danseur Alex et ses danseuses traditionnelles (zebola) dans le cortège pour faire le tour de Léopoldville dans des camions de la société brassicole BRALIMA avec sonorité, des décibels qui propageant le nouveau son de disque 78 tours plusieurs kilomètres à la ronde, à des années-lumière de vues sur YouTube et des abonnés aujourd'hui.

Le cortège sera d’habitude suivi par une marrée humaine qui fera plusieurs kilomètres à pied, aux pas de course sans se rendre compte de la distance déjà parcourue, comme si elle était envoûtée par la fantaisie des musiciens de l’écurie se trouvant à bord du cortège. Et surtout de celle du crâneur Jhimmy Zacharie Elenga ’’Hawaïenne ’’.

Dans les Éditions Opika tout était très bien organisé. L’auteur de la ’’nouveauté ’’verra son nom inscrit, et sa photo sur le disque numéroté, le nom du groupe et de ceux qui ont participé à l’enregistrement de la chanson. Autre temps, autres mœurs.

Opika voulait tout simplement dire : soyez prêt pour le combat, soyez donc fort, tenez bon ! Opika pende !

Malheureusement, les Éditions Opika ne dureront que 5 ans seulement. Ses musiciens comme les Kabasele Joseph, Ebengo Paul Dewayon, Rossignol Lando Vungbo se retrouveront aux Éditions "Esengo" plus tard.


Dary Abega

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