De son vrai nom Jean De Dieu Bialu Makiese est né le 28 mai 1950 à Kisantu dans le Kongo-Central, RDC.
Fils d’Antoine Bialu Kaba et de Madeleine Mbongi , sa mère était l’aînée de la femme de Simaro Lutumba, maman Nkelani.
Marié à madame Pierrette Biya et père de plusieurs enfants, Madilu System était l'une des figures de la rumba congolaise et une des meilleures voix d’Afrique centrale.
Les Congolais étaient profondément attristés et choqués en apprenant la mort de Madilu, le 11 aout 2007, à l’âge de 57 ans, à la clinique Universitaire de Kinshasha, il était diabétique.
- Les débuts
Ancien choriste dans l’église catholique, Jean était un élève médiocre, il était loin d’être exemplaire sur les bancs de l’école. Heureusement pour lui, un aîné de son quartier avait décelé très tôt chez lui dans la chorale un fort potentiel. Coutumier de l’école buissonnière, sécher les cours était fréquent pour le futur chanteur, il confectionnait lui-même un faux carnet de notes qu’il faisait signer à ses parents. La preuve, turbulent, il multipliait les étourdies et changeait fréquemment les écoles : bandal, matete, ndjili, Kimbaseke etc... le reste appartiendra à la carrière musicale.
Comme tous les adolescents de l’époque, il a commencé dans des petits groupes de quartier, il a débuté à Lossarin -un petit groupe à Bandal-, les Shimba, Dua de Guivano, Fiesta Populaire, le Bamboula de Papa Noel Nedule et le Bakuba Mayopi.
En 1970, dans Bamboula de Papa Noël, Madilu avait comme collègue Pépé Kalle, Papy Tex, Bozi Bozianna, Aimé Kiyakana etc..
Il était fan de Sam Mangwana, Pépé Kalle était son ami d’enfance, à l’époque, il habitait à Kimbaseke chez son oncle et Pépé Kalle à Kingasani, deux communes voisines populaires de la ville de Kinshasa.
Le grand public a découvert Madilu Système dans l’Ok Jazz du grand Maître Luambo Franco Makiadi dans la chanson « Non ».
Madilu System et Franco Luambo Makiadi
Ses débuts furent très difficiles, il n’était pas considéré dans l’OK Jazz, Franco ne se privait pas de dire du mal de lui en public. Le Seigneur Tabu Ley l’aurait même méprisé, son passage éphémère et obscur dans l’Afrisa International était passé inaperçu. Lui-même en parlait quasiment pas dans les interviews.
Il lui a fait trop de bien finalement pour en dire du mal : « Tu es un mauvais chanteur », disait Franco.
Ulcéré, Madilu voulait quitter l’Ok Jazz, ses amis sont venus le chercher à l’hôtel où logeaient les musiciens de l’Ok Jazz. Le plan était très bien conçu, en sortant de sa chambre pour rejoindre ses amis Seskain Molenga, Sax Matalanza, pour la Suisse, il se retrouve nez à nez avec le grand maître Franco. « Où vas-tu »? , lui dit Luambo... j’ai faim, je vais chercher du pain, lui répond timidement Madilu » Viens dans ma chambre, j’ai tout,on va manger ensemble ». Dans sa chambre, en grattant sa guitare, le grand maître Franco lui propose de répéter la chanson Non. Le coup de foudre sera immédiat.
Initialement, Franco Luambo avait prévu de chanter la chanson « Non », avec Josky Kiambukuta, il avait besoin de Madilu juste pour placer sa voix mais pas l’enregistrement au studio. Une fois terminé, Franco va repartir avec la cassette enregistrée. Dans la voiture, Franco la fait écouter dans sa voiture à sa femme, l’avis de sa femme sera déterminant : « C’est qui cet inconnu qui chante merveilleusement bien comme Tabu Ley ? », s’étonne sa femme. « C’est Madilu, la nouvelle recrue qui ne chante pas bien », répond Franco. « Mais pas du tout », poursuit sa femme, c’est un trésor, il chante mieux que les autres.
C’est comme ça que Madilu sera consacré, il explosera quelques mois après avec « Mamou», « Mario », le duo Franco Madilu se taille un succès spectaculaire, il devient l’enfant chéri de Franco.
À la mort de Luambo Makiadi, il poursuit avec Lutumba Simaro avec l’Ok Jazz, suspendu par Lutumba, il quitte l’Ok jazz pour une carrière solo, il se distingue avec des tubes de qualité « Ya Jean », « Si je savais », est devenu l’hymne de la rumba congolaise, et un véritable classique repris dans tous les mariages congolais. On se souvient tous de l’anniversaire du président gabonais Omar Bongo Odimba, Madilu a fait danser tous les chefs d’état africains : Sassou, Idris Deby, même l’austère Obiang Nguema et la belle Edith Lucie Bongo Odimba.
- De Jean Bialu à Madilu
Avant devenir ce qu’il est devenu, Jean De Dieu Bialu vivait à Kimbanseke, impressionné par son potentiel, il sera recruté en 1971 dans Fiesta populaire par Faugus Izeidi, il allait le chercher pour les répétitions et pour l’avoir à portée de main, il lui a aménagé une chambre chez lui à Renkin l’actuel Matonge.
Très vite, il devient la coqueluche des filles, Faugus lui trouve un nom de scène.
James Brown était au sommet de tous les hit-parades. De Jean, il devient James, il ajoute un pseudonyme qu’il avait trouvé dans le dictionnaire : Mahdi, qui signifie grand magicien en Inde. On l’appelle naturellement James Madhi, mais Jean de Dieu n’est pas emballé par ce nom de scène, il ajoute à Madhi, la dernière syllabe « lu » de son propre nom. N’étant pas fort en orthographe il écrit Madhi sans la lettre «h», ce qui donne Madi, auquel il ajouta syllabe «lu». Ainsi, venait de se créer l’une des grandes étoiles.
Un grand nom de la chanson congolaise.
Jean-Claude Mombong