Pendant le règne du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, le gouvernement congolais avait négocié avec les Turcs de la société Souma la construction d'une Aréna et la réhabilitation de la Foire Internationale de Kinshasa (Fikin). La cérémonie s'était déroulée au Pullman hôtel de Kinshasa (ex-Grand Hôtel), où les deux parties avaient conclu un accord.
Le ministre des Sports y était pour la construction de l’Aréna, le ministre du Commerce Extérieur pour la réhabilitation de la Fikin. Au fil des temps, il s'est avéré que la société Milvest à poser ses valises à Kinshasa. Les agents et cadres de la Fikin ne savent expliquer par quelle magie cette société avait raflé tous les marchés négociés avec la société Souma. C'est ainsi que des responsables de Milvest ont pris des contacts avec les responsables de toutes ces structures pour la construction de l'Aréna pour le ministère des Sports et la réhabilitation et la modernisation de la Fikin pour le ministère de Commerce extérieur, qui a même envoyé les responsables de Milvest à la Fikin, pour des négociations avec les membres du comité de gestion, avec à leur tête, le Directeur général Didier Kabampele.
Avant de conclure le marché, les représentants de Milvest ont fait plusieurs tours à la Fikin pour voir la possibilité de réhabiliter et de moderniser cette institution foraine.
Mais avant tout, ils avaient demandé six hectares pour l'implantation de leur base vie, une sorte de quartier général où ils logeront tous les travailleurs et exposer quelques matériels et matériaux de construction.
Dans le contrat, il était prévu que cet espace des six hectares devrait être loué par eux pour une durée de 10 ans, avec possibilité de solliciter l'achat de cet espace à la Fikin.
Contre toute attente, ce fameux contrat avait été signé difficilement et à la résidence de l'ancien ministre du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Bussa (Il assumait d'ailleurs les affaires courantes après la démission du gouvernement Sama Lukonde) près d'une année après sa négociation, suite à la grogne des agents de la Fikin qui ne voyaient pas clair.
Le patrimoine de la Fikin bradé
En outre, le montant convenu évalué à près de 37.000 dollars américains pour 6 hectares est loin d'être une réalité en faveur de l'institution foraine, lorsqu'on sait que les stations services louent des espaces d'un hectare à 33 ou 35.000 dollars américains par mois. De là à se demander, comment la société Milvest doit payer la même somme pour 6 hectares ?
Pour les agents et cadres de la Fikin, il y a anguille sous roche, car les espaces de leur entreprise ont été purement et simplement bradés". Il s'agit bien d'un bradage immobilier du patrimoine public", constate un agent qui est intervenu sous le couvert de l'anonymat.
Par ailleurs, les containers qui surplombent tous les espaces de la Fikin, donnant l'impression qu'ils serviront à la réhabilitation et modernisation de cet établissement public, servent plutôt aux travaux du Centre de commerce international bâti en face du ministère des Affaires étrangères ainsi qu'à la construction de l’Aréna au stade des Martyrs. Rien pour la Fikin qui est transformée en port sec et dont la réhabilitation a été renvoyée aux calendes grecques, malgré les fausses déclarations faites en son temps par l'ancien ministre du Commerce Extérieur, Jean-Lucien Bussa, prétextant que les travaux de modernisation avaient commencé et dureront 14 mois.
La Fikin prise en otage ?
D'autre part, ces containers qui ont envahi la Fikin, privant ainsi cette institution foraine de réaliser sa mission régalienne, sont entreposés sans contrepartie. Des sources concordantes renseignent que la société Milvest devra débourser plusieurs dizaines de millions de dollars, au titre des frais d'entreposage. Toute compte fait, il y a lieu d'affirmer que les Turcs de la société Milvest logent à la Fikin et l'ont transformé en un camp de travailleurs, au détriment des agents, dont les effectifs sont passés de 185 à 365, le Directeur général ayant profité de l'augmentation de l'enveloppe salariale accordée par le gouvernement, pour revoir les salaires des agents.
A la place de procéder à l'augmentation des salaires tel que décidée par le gouvernement, le directeur général Kabampele en complicité avec le "Tout-puissant" Directeur des Ressources humaines, Robert Mafoto, a plutôt engagé les siens au sein d'une entreprise où les bureaux font défaut. Comme dans la plupart des ministères, les nouveaux engagés à la Fikin n'attendent que la fin du mois pour passer à la banque et toucher leurs salaires, sans travailler.
Dans ce lot de nouveaux engagés, on retrouve des pères spirituels du directeur général, ses tantes, ses nièces, ses cousins, ses neveux, des membres de son parti politique...
Voilà un dossier qui doit réveiller l'attention des inspecteurs de l'Inspection générale des finances (IFG) qui ont passé quelques semaines à la Fikin, mais sans aucun résultat escompté.
Réhabilitation de la Fikin : une utopie
Pour revenir au dossier relatif à la réhabilitation et modernisation des installations foraines, personne ne sait donner aujourd'hui, des explications y relatives. Depuis la fameuse promesse de 14 mois de durée des travaux faite par l'ancien ministre Bussa, force est de constater que "nous avons atteint près de 20 mois déjà, sans que rien ne puisse bouger à la Fikin. S'il y avait un début de travaux de réhabilitation et de modernisation de la Fikin, c'est le chef de l'État qui serait passé pour poser la première pierre. Il n'aurait pas raté cette occasion, surtout qu'il se présentait pour son second et dernier mandat, afin de se faire non seulement élire, mais également sauver son identité d'un des fils de la commune de Limete", a fait savoir un autre agent de la Fikin désabusé.
Disparité des salaires et grades fantaisistes
Dans un autre chapitre, le directeur général Didier Kabampele a violé les textes qui régissent la Fikin en engageant un directeur de cabinet qui est le frère aîné de son épouse, un certain Jules Kubikula, au grade de directeur, sans compter les autres membres de sa famille qui ont tous des grades élevés. Pourtant, les statuts de la Fikin prévoient plutôt un assistant du directeur général avec le grade de directeur, lequel doit provenir à l'interne, pour la simple raison que le grade d'engagement à la Fikin pour un licencié se limite au chef de bureau principal.
Mais hélas, il s'est formé un nouveau cabinet où il a engagé ses nièces, neveux, beaux-frères..., à des grades qui ne reflètent pas la réalité de l'entreprise. Un autre dossier similaire qui fâche, concerne la disparité des salaires. À titre exemplatif, un chef de bureau touche 2.200.000 FC, un autre chef de Bureau 1.020.000 FC, un troisième 1.400.000 FC, tandis qu'un quatrième touche 1.800.000 FC.
Dans ce même chapitre, on retrouve des chefs de service avec un salaire de 1.800.000 FC, un chef de bureau principal avec 1.400.000 FC, un sous-directeur avec plus de 3 millions de FC ; tandis qu'un directeur se contente de moins de 3 millions de FC.
Une mégestion criante ?
Dès leur nomination à la tête de la Fikin, le directeur général Didier Kabampele a trouvé la rondelette somme de 1.300.000 de dollars américains représentant les arriérés de loyer payée par le ministère de la Défense nationale pour des habitations occupées par des officiers militaires au Motel Fikin. Comme pour favoriser les tiens, il a créé des missions de voyage inutiles, parce que n'ayant rien rapporté à la Fikin. Dans le même chapitre, il a promis avoir épargné près de 500.000 dollars américains qui devaient servir à l'aménagement d'un espace des loisirs dénommé "Aqua Fikin". Près de deux années à la tête de la Fikin, ce projet est resté lettre morte tandis que l'argent destiné à sa réalisation serait porté disparu.
Constat ?
Au regard de tout ce qui précède, les agents et cadres de la Fikin sont unanimes que le nouveau directeur général est venu créer un désordre inexplicable au sein de l'institution foraine, qui peine à se relever. Ce qui met en cause le principe de la gestion des entreprises publiques par des politiciens. Aujourd'hui à la Fikin, les agents et cadres commencent à regretter le départ de leurs anciens mandataires qu'ils ont accusé à tort. La rédaction de la Gazette du Continent a tenté en vain de joindre le 18 juillet en milieu de la journée le directeur général de la Fikin qui n’a pas décroché son téléphone.
La Gazette du Continent