La candidate du Parti socialiste espagnol, Francina Armengol, a été élue jeudi présidente du Congrès des députés, un succès pour le Premier ministre sortant Pedro Sanchez qui augure bien de ses chances d'être reconduit prochainement à la tête du gouvernement.
Le Premier ministre espagnol sortant, Pedro Sanchez, a gagné son pari, jeudi 17 août, lors de l'ouverture de la session parlementaire, en faisant élire à la présidence de l'Assemblée la candidate socialiste, Francina Armengol, grâce à un accord de dernière minute avec le parti représentant l'aile dure de l'indépendantisme catalan.
Pedro Sachez
Francina Armengol, 52 ans, a recueilli dès le premier tour 178 voix, soit deux de plus que la majorité requise, grâce aux voix des sept députés de Junts per Catalunya (JxCat, Ensemble pour la Catalogne), le parti dirigé par le leader indépendantiste Carles Puigdemont, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole depuis l'échec en 2017 d'une tentative de sécession de la Catalogne.
Même s'il ne s'agissait que d'une première manche, cet accord entre le parti socialiste et celui de Carles Puigdemont est important car il donne une première indication positive sur les chances de Pedro Sanchez d'être de nouveau investi Premier ministre dans les prochains jours et d'éviter ainsi de nouvelles élections.
JxCat a révélé sur son site peu après le vote que l'accord, conclu aux premières heures de la matinée, comprend quatre points, le premier étant "la reconnaissance du catalan comme langue officielle de l'Union européenne".
Pedro Sanchez avait lui-même fait cette proposition mercredi, mettant en avant le fait que l'Espagne occupait la présidence tournante du Conseil de l'UE jusqu'à la fin de l'année et promettant d'utiliser cette position pour obtenir que le catalan, mais aussi le basque et le galicien, deviennent des langues officielles de l'UE.
"Aucun lien avec l'investiture"
L'accord reste très en deçà des exigences de Junts, qui a deux revendications fondamentales : une amnistie pour toutes les personnes ayant fait l'objet de condamnations pour la tentative de sécession avortée de la Catalogne et un referendum d'autodétermination.
Pour des raisons aussi bien juridiques que politiques, il n'était pas pensable que Pedro Sanchez accède à ces demandes. Carles Puigdemont a donc renoncé à ces exigences pour l'instant, préférant obtenir des gains concrets.
Carles Puigdemont
Junts avertit toutefois sur son site que "cet accord se limite" à l'élection de la présidence et des huit membres du bureau de l'Assemblée "et n'a aucun lien avec l'investiture" du prochain Premier ministre, qui constituera la bataille principale.
En d'autres termes, l'accord ne signifie pas que Junts appuiera également l'investiture de Pedro Sanchez le jour où il se présentera devant le Congrès des députés.
"L'objectif de Junts est l'indépendance de la Catalogne et tous les accords (souscrits par le parti) servent pour avancer dans cette direction", conclut le communiqué.
Échec cinglant pour la droite
Malgré cet avertissement très clair, l'horizon de Pedro Sanchez s'est toutefois grandement éclairci jeudi, d'autant que son rival Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire (droite), qui revendique lui aussi le poste de Premier ministre, a connu un échec cinglant lors de cette session d'ouverture du Parlement.
Sa candidate à la présidence de l'assemblée, Cuca Gamarra, qui espérait obtenir 172 voix et pensait donc pouvoir l'emporter en cas d'abstention des députés de Junts, n'a finalement recueilli que 139 voix, à savoir celles des 137 députés du PP et celles des élus de deux petits partis régionaux.
Les 33 députés de Vox, parti d'extrême droite dont dépendait le PP, ont, en effet, décidé de voter pour leur propre candidat.
Une illustration éclatante des relations tumultueuses, parce que très ambigües, entre le PP, parti de centre-droit, et Vox, une formation ultra idéologiquement proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban et de la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni.
Depuis les élections législatives du 23 juillet, qui avaient vu le PP redevenir le premier parti du pays, mais loin de la majorité absolue, avec un score bien inférieur à ce qu'il attendait, Alberto Núñez Feijóo réclame de pouvoir se présenter devant les députés pour se soumettre à un vote d'investiture, justifiant son exigence par le fait que son parti est celui ayant eu le plus de députés.
Pedro Sanchez lui avait répondu mercredi de manière cinglante en affirmant qu'"en Espagne, celui qui gouverne est celui qui obtient le plus d'appuis", autrement dit qui peut rassembler une majorité. Il avait aussi accusé le PP de "faire pression" sur le roi Felipe VI, à qui il incombe de choisir le candidat à l'investiture.
De ce point de vue, le vote de jeudi a montré que Alberto Núñez Feijóo ne dispose d'aucun allié sûr et d'aucune majorité, puisque même Vox lui a fait défaut.
La Gazette du Continent avec AFP / France 24