Sport : Mayanga Maku ’’Goodyear" et Lobilo Boba "Docta’’, les deux corrompus de Conakry ?

Sport : Mayanga Maku ’’Goodyear" et Lobilo Boba "Docta’’, les deux corrompus de Conakry ?

Nous étions à Conakry la capitale de la Guinée en 1978 pour le compte de demi-finale de la coupe d’Afrique des clubs qui venait d’opposer le meilleur club africain, triple champion d’Afrique, le Hafia FC, le détenteur du titre face aux Zaïrois de l’AS Vita-Club de Kinshasa battus ce jour-là au stade du 28 septembre 1958 par un score de 2- 0 devant un public hystérique et acquis à la cause nationale. Le stade 28 septembre, une citadelle imprenable pour les adversaires de Hafia FC.

Le Hafia, un club d’État géré par lui-même le guide révolutionnaire et président de la République guinéenne Ahmed Sekou Touré en personne, et qui mettait ses propres marabouts à la disposition du club de Conakry II pour une victoire finale. Une victoire sportive, mais aussi politique contre les impérialistes et leurs valets locaux. Senghor, Houphouët Boigny et autres.

Les joueurs de Vita-Club seront logés dans un hôtel en ville durant leur séjour en Guinée-Conakry, après le match ; un homme d’affaires guinéen très connu du nom de monsieur Kaba, un richissime et fanatique de football zaïrois à l’époque, sera très heureux d’apprendre la présence de certains joueurs Mondialistes zaïrois au sein de l’équipe de Vita-Club à Conakry. Il enverra alors ses hommes de main pour aller chercher les joueurs Mayanga Maku, Lobilo Boba, Kibonge Mafu et Kembo uba Kembo dans l’hôtel à l’occasion d’une réception qu’il avait organisée dans un endroit huppé avec Myriam Makeba exilée en Guinée-Conakry comme étant l’invitée pour agrémenter la soirée.

Malheureusement pour le richissime guinéen, monsieur Kaba; les joueurs Kibonge Gento et Kembo uba Kembo n’étaient pas de l’expédition et ni dans la délégation zaïroise présente à Conakry, presque semi- retraités à Kinshasa. D’où, seuls Mayanga Maku et Lobilo répondront à l’invitation de l’homme d’affaires guinéen monsieur Kaba.

Une soirée mondaine VIP avec tout le gratin politique conakryka et le monde des affaires guinéen. La chanteuse Myriam Makeba va s’excuser, à sa place, elle enverra ses deux filles. Il y aura à boire, à manger pour tous et de la musique.

Après cette cérémonie, le richissime homme d’affaires guinéen va insister afin que ses deux hôtes zaïrois puissent aller dans son domicile privé pour saluer son épouse vu que l’un de ses garçons avait ’’Lobilo ’’comme surnom.

Un véritable hommage au libéro-zaïrois. À l’issue de la visite, le Guinéen remettra comme cadeau d’aurevoir à Lobilo, une grande radio de marque’’Grundig ’’en souvenir. Le cadeau de son homonyme, l’autre Lobilo.

C'était tardivement que les deux joueurs rentreront à l’hôtel, radio ’’Grundig’’ entre les mains de Lobilo. Ce qui va provoquer des suspicions, on leur soupçonna de corruption, et d’avoir été corrompus pour lever le pied sur le terrain d’où, la défaite de Conakry par 2- 0.

Le président Kande Dzambulate ,le président du club qui avait accompagné son équipe, sera le premier à déclencher les hostilités. Il va téléphoner au sommet de l’État donc, à Mobutu le Vitaclublien pour lui expliquer cet épisode malheureux de Conakry.

L’affaire de la corruption de Mayanga et Lobilo fera donc un grand bruit à Kinshasa à quelques jours du match retour décisif dans la capitale.

Les manchettes de journaux ’’Elima et Salongo’’ porteront un grand titre : ’’Mayanga Maku et Lobilo Boba ont-ils été corrompus à Conakry ? ’’

Les deux joueurs vivront réclus à domicile par peur de la colère et vendetta de la part de Vitaclubliens, fanatiques imprévisibles et coléreux.

Il ne fallait pas vraiment se faire voir. Donc, ils seront presque exclus du groupe.

Le match-retour se jouera dans 2 semaines après celui de Conakry, mais avancé pour un certain vendredi.

À sa grande surprise, à 2 jours du match, Mayanga Maku à son domicile, verra débarquer un homme en grand boubou Franco Luambo qu’il croyait être à la prison de Makala pour une affaire de moralité, flanqué de journaliste sportif Weber Mayo de regretter mémoire, Franco ne venait pas pour des explications, mais avec comme mission spéciale de récupérer Mayanga Maku Adelard et Lobilo Boba pour les entraînements de Vita-Club vers Kimwenza, mandaté par le président fondateur du MPR.

Pourquoi ce revirement de la situation ?

Le président Guinéen Ahmed Sekou Touré avait téléphoné personnellement à son homologue zaïrois pour décanter la situation, en lui expliquant clairement ce qui s’était réellement passé, et qui n’avait rien avoir avec la corruption mais pour cause de sentiment d’un passionné du football africain envers ses idoles zaïroises.

Mobutu va alors à son tour, tancer le président Kande pour avoir empoisonné l’atmosphère de l’équipe à quelques jours d’un match très capital, la toute dernière marche avant la finale.

Mayanga Maku fera ses équipements, montera dans la voiture jusqu'à Matete pour récupérer Lobilo chez-lui, qui en voyant Mayanga et Franco Luambo débarquer avait déjà tout compris. Et les deux joueurs vont réintégrer le groupe sans vraiment avoir eu le temps de s’entraîner depuis le retour de Conakry.

Le jour du match dans un stade du 20 mai plein comme un oeuf, Vita-Club dominera toute la rencontre, obligé de marquer 3 buts pour accéder en finale de la coupe d’Afrique des clubs 1978 après la défaite de Conakry 2- 0.

Vita Club va remonter les deux buts de retard puis marquera un troisième, synonyme de la finale. Buts de Lupeta Zacharie ’’Zakoul’’ avec Mayanga comme passeur décisif, Katshimuka l’homme du match et Lofombo Geleme.

Vita-Club jouera tout ce match presqu’en supériorité numérique après l’expulsion du défenseur Jacob Bangoura le rugueux ( photo) dans le premier quart d’heure de jeu de suite à son acte d’antijeu à l’endroit du milieu offensif zaïrois Ngoma ’’Yaya’’ fauché dans le petit rectangle, carton rouge direct, mais étrangement l’arbitre préféra accorder un coup-franc indirect au lieu d’un penalty pour les Zaïrois.

Alors qu’on s’acheminait vers la fin du match, le Hafia FC qui avait pris de l’ascendance depuis un moment, il avait mis le pied sur le ballon et marquera un but aux lourdes conséquences ; le but de la qualification qui éliminera le Vita-Club à moins d’un miracle de la dernière minute 3-1.

Vita-Club après un pressing impressionnant et désespéré, arrivera à obtenir un penalty de la dernière chance, un penalty pour la finale après une touche de la main d’un défenseur guinéen dans la surface de réparation.

Qui pour le tirer ? Mayanga ? Mavuba ? Kondi ? Ngoma ?

Et finalement, ce sera Mayanga qui sera chargé de son exécution, choisi exprès par l’entraîneur Kalambayi Ngoie de Vita-Club. Une façon pour Mayanga Maku de prouver son innocence et de se disculper définitivement aux yeux du monde. Il va placer le ballon, va reculer de quelques petits pas à peine avant de botter à... côté, alors que le gardien guinéen Abdoulaye Keita était visiblement battu en partant du côté opposé de tir de Mayanga. Raté !

Mayanga Maku va s’écrouler et bientôt l’arbitre va siffler la fin du match. Vita-Club éliminé. Le Hafia jouera la finale contre le Canon sportif de Yaoundé 0- 0 à Conakry et 2- 0 à Yaoundé, victoire du ’’Kpakum’’, et ce sera le début de l’envol définitif de football camerounais et aussi le début du déclin de Hafia FC et de football guinéen. Une passation du pouvoir.

Conclusion

Mayanga Maku et Lobilo Boba n’ont pas été corrompus à Conakry, mais ils ont été tout simplement victimes de la jalousie et de l’intolérance de la part de certains de leurs coéquipiers compte tenu de leur notoriété et rayonnement en Afrique dans les années 70.

Ce qui avait failli quand même créer un incident diplomatique entre le Zaïre et la Guinée-Conakry ;l’intervention personnelle de président Guinéen Ahmed Sekou Touré auprès de Mobutu Sese kuku Ngbendu Wazabanga a été salvatrice et sage.

En tout cas, même si on a toujours tendance à dire que la politique ne doit pas s’immiscer dans le domaine du sport de la fédération d’après le règlement de la CAF ; la politique s’invitera toujours, surtout en Afrique, jusqu'à en faire son instrument.

Autre temps autres moeurs.


Dary Abega

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