Miriam Makeba, la voix du panafricanisme s’est éteinte le 9 novembre 2008

Miriam Makeba, la voix du panafricanisme s’est éteinte le 9 novembre 2008

Elle fait partie des femmes qui ont marqué l’Afrique, ces grandes dames qui ont fait l’Afrique grâce à leurs talents, combats et œuvres.

Elle est née en 1932 près de Johannesburg, sa mère, demi-sorcière, moitié brasseuse, se fait arrêter pour distillation clandestine d'alcool. Au mitard, elle emmène sa fille, Miriam Makeba est née dans le ghetto, la township.

Au début des années 1950, la jeune Zenzi – de son prénom Uzenzile – , commence sa carrière comme choriste dans le groupe Manhattan Brothers. En 1956, elle écrit Pata Pata, qui restera comme le tube planétaire de la chanteuse.

En 1959, elle participe au documentaire Come Back Africa de Lionel Rogosin, qui dénonce les lois d’apartheid, en vigueur depuis 1947 dans la société sud-africaine. Le film était projeté à Venise, suite à son voyage, elle sera interdite de séjour par le gouvernement de Pretoria. Son exil débutera ce jour-là (31 ans d’exil hors de son pays natal ).

Mama Africa se produira partout dans le monde, elle sera la première femme noire à obtenir un Grammy Awards en 1965 – pour son album avec Harry Belafonte.

Elle s’est servie de sa notoriété pour mener de combats politiques pour la libération de son pays mais aussi de l’Afrique de la domination coloniale et postcoloniale.

Elle a été une militante panafricaine, anti-apartheid, vers les années 60, elle s’installe aux États-Unis et épouse l’intellectuel Stokely Carmichael ,membre des Blacks Panthers .

Très engagée, traquée par le FBI et la CIA ,elle fuit en Afrique, sans passeport , retiré par la junte boer -elle est apatride-, elle collectionne jusqu'à neuf passeports. Elle reçoit un passeport des mains du président tanzanien Julius Nyerere, elle s’installera ensuite en Guinée par la suite .

Le président guinéen Sékou Touré lui offre un passeport, une maison, il la convoite, et devient même ministre de la culture.

Après 31 ans d’exil en décembre 1990 après la libération de Nelson Mandela, elle rentre en Afrique du Sud. Elle rendait souvent hommage dans ses chansons aux héros panafricains : Jomo Kenyatta, Patrice Lumumba, Samora Machel, Sékou Touré, etc...

Ce 9 novembre 2008, accompagnée de sept musiciens en Italie pour un concert de soutien, dans la région de Naples à l'écrivain Roberto Saviano (Gomorra) qui dénonçait la mafia que Miriam Makela s’effondre dans les coulisses et s’évanouit, victime d’un malaise, transportée à la clinique Pineta Grande de la ville ; elle décède peu de temps après une crise cardiaque, à l’âge de 76 ans.

C’est un baobab de l’histoire musicale et de l’histoire contemporaine de l’Afrique qui est tombée.

En Afrique du Sud, de Nelson Mandela, de toutes les provinces et de tous les townships du pays, du monde de la musique et de l’Afrique entière, les hommages se succèdent. Un deuil national sera décrété, avec drapeaux en berne et livres de condoléances mis à la disposition de la population.

 

Jean-Claude Mass Mombong

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