Les pages sombres du Congo : l’arrestation des 4 martyrs de la Pentecôte

Les pages sombres du Congo : l’arrestation des 4 martyrs de la Pentecôte

L’histoire des conjurés de la Pentecôte commence le 29 mai 1966, un dimanche de la Pentecôte, dans la résidence du colonel Alphonse Bangala.

Le Premier ministre Évariste Kimba, le sénateur et dignitaire de l‘Église Kimbanguiste, Emmanuel Bamba, le ministre des Affaires foncières, Alexandre Mahamba et le ministre de la Défense, Jérôme Anany sont arrêtés, accusés de complot contre les institutions de l‘État. Il était reproché aux condamnés l’infraction d’atteinte à la Sûreté intérieure de l’Etat par le fait qu’ils auraient tenté de renverser le régime du Coup d’Etat Militaire du 24 novembre 1965 et projetaient d’assassiner le général Mobutu, le général Mulamba et le général Bobozo.

MAIS QUE S’EST-IL PASSÉ RÉELLEMENT ?

L’hypothèse d’une machination est plus privilégiée, les tenants du complot avancent la thèse d’un piège cynique imaginé par les militaires sous l’initiative du président Mobutu lui-même.

Sept mois après sa prise du pouvoir, le président Mobutu pour mieux asseoir son autorité, plante les décors d’un pouvoir fort marqué du sceau des préceptes de Machiavel.

Le président Mobutu charge le colonel Pierre Efomi de reprendre contact avec M. Emmanuel Bamba, de faire semblant d’accepter son projet de coup d’Etat. Ces parlementaires s’opposaient à la dérive autoritaire qui prenait le nouveau régime.

Mobutu, le général Bobozo et Bangala

Le 7 mars 1966, le président Mobutu prend une ordonnance-loi restreignant les droits des parlementaires.

Le colonel Pierre Efomi forme une équipe de jeunes officiers (il s’agissait des colonels Tokpui et Kwima, des majors Mwarabu et Tshikeva), placés sous le commandement du général Bangala, gouverneur de la ville de Kinshasa, sous le prétexte d’apporter un appui logistique aux politiciens comploteurs.

A gauche, colonel Pierre Efomi 

Les militaires entraînèrent les infortunés civils, à des réunions, dans une maison privée à Bongolo et à N’Sele. Mais, constatant une certaine lenteur, le général Bobozo, à qui les officiers rendaient régulièrement compte, ordonne de faire diligence. C’est ainsi que le général Bangala convoqua la dernière réunion, à sa résidence officielle, le dimanche 29 mai 1966, au quartier Parc Hembrise, à Ma Campagne. Dans le jardin de la villa sont cachés des commandos. D’autres, dont déguisés en domestiques, servent la bière. Cette réunion qui avait débuté à 20 heures se termine à une heure du matin. Au cours de cette réunion, les politiciens furent pressés par les militaires de dresser une liste des membres du futur gouvernement. C’est en ce moment-là que des soldats de la Garde présidentielle cachés derrière surgirent pour arrêter tout le monde et le conduire au camp Kokolo, où, chose étrange, tous les militaires furent immédiatement libérés. D’autres noms virent s’ajouter à ces quatre politiciens arrêtés, il s’agit entre autres des messieurs Kamitatu, Bolya, Delvaux, Mirhuo et Kapwasa.

Nous sommes donc devant un cas d’assassinat politique où le but était d’effrayer la classe politique.  La responsabilité principale incombe aux commanditaires de ces assassinats politiques, ceux qui ont monté un scénario macabre dans le but de faire peur aux politiciens.

Ils seront arrêtés et pendus publiquement le 2 juin 1966.

 

Jean-Claude Mass Mombong

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