La date anniversaire de la disparition de Debaba el Shabab passe quasiment inaperçue, car elle coïncide malheureusement avec celle de la légende planétaire Papa Wemba.
Debaba el Shabab, de son vrai nom Cleophas Claude Dieka Mbaki est né le 12 octobre 1961 à Kinshasa en RDC.
Il est le fils de Simba Simba, un soldat de l’armée congolaise et de Pascaline Mbombo, femme entreprenante et commerçante au Marché central de Kinshasa.
Élève moyen, originaire de la Commune de Barumbu, il grandit sur l’avenue Kindu.
Orphelin de père, il était le fils unique du côté de sa mère qui l’a élevé seul avec l’aide de quelques membres de la famille.
Après l’internat à Lemfu dans le Kongo Central, il sera inscrit à l'athénée de Ngiri-Ngiri puis à l'école IPK/St Pierre. Il débute sa carrière musicale avec le soutien de son ami Derval, cette rencontre sera déterminante, pour le reste de sa carrière ; ensemble, il forme le groupe Véritable Sakana Musica. Entre-temps, un orchestre de jeunes de la Commune de Lingwala qui assurait les premières parties de Viva La Musica de Papa Wemba « Kanako Chipriquez Bango » -une formation créée par le Vieux Boutshie -, connaît le départ de plusieurs de ses chanteurs phares.
C’est ainsi qu’un certain Ali Babason demandera à Debaba de les rejoindre.
Papa Wemba souffrait d’angine cette soirée-là, en lever de rideau de Viva La Musica, Debaba saisit l’occasion, improvise et interprète une chanson de Papa Wemba, le Kuru Yaka tombe sous le charme de cette voix, doublée d’un beau visage et d’une silhouette de sportif.
Il l’intègre dans son groupe, c’est ainsi que Debaba el Shabab voit confirmer son statut de vedette, et les succès s’enchaînèrent.
1978 sera le début d’une carrière fulgurante, c’est donc en 1978 que Debaba rejoint des artistes mythiques tels que King Kester Emenaya, Djuna djanana, Dindo yogo, Bipoli, Esperant Djengaka, Fafa de Molokaï, Rigo Stars etc...
Ses prestations vocales et scéniques lui attirent la reconnaissance de ses pairs et du public.
Il s’impose comme l’une des plus grandes voix de Viva La Musica et l’une des grandes figures dans le monde musical.
Debaba el Shabab fera partie des chanteurs titulaires et chantera dans quasiment tous les titres composés de fin 1978 à 1982. Il fait partie de la chorale « Indusa ». Sa voix défraie les chroniques musicales, et dope des titres à succès de ses collègues tels que (Beloti, Méa culpa, Ngonda), "Abidjan" sera son premier grand succès.
En 1982, il quitte Papa Wemba avec Kester Emeneya pour former Victoria Eleison, une formation musicale composée de Bipoli, Petit Prince, Bengali, Huit Kilos, Tofla Kitoko, Safro, Pinos, Patcho Star, Ekoko Mbonda, Mongo ley, Joly Mubiala...
Debaba el Shabab se voit pousser les ailes, il signe son contrat avec Verckys Kiamuagana, il crée son propre groupe Historia Musica avec l’artiste Koffi Olomidé, l’orchestre fait sa sortie officielle chez Veve Center le 31 décembre 1983.
Mais son aventure ne fera pas long feu, l’orchestre connaît sa première défection avec le départ de Koffi Olomidé pour l’Europe.
Debaba el Shabab traverse de moments difficiles, il jette l'éponge, et rejoint Ben Nyamabo le patron de Choc Stars avec Nzaya Nzayadio et Carlyto Lassa.
Choc Stars fut une pépinière de talents, qui fit florès avec des chansons d’anthologie. Mais quelques années plus tard, le succès n’est plus au rendez-vous, des difficultés financières surviennent, miné par des querelles intestines, il quitte le groupe en 1994 et, rejoint de nouveau son mentor Papa Wemba.
Celui-ci sera surpris quelques jours avant leur tournée pour l’Europe quand Debaba est venu lui annoncer qu’il consacre désormais sa voix à Jésus-Christ, il devient prédicateur. « Ma musique est réservée au Seigneur, Dieu m’a dit clairement, chante pour moi, je veux que tu me loues », aurait dit Debaba à Papa Wemba.
Il produit plusieurs artistes religieux, en 1997, les congolais découvrent la chanteuse Maria Misamu à travers l'album "Who's that girl".
Debaba succombera le 24 avril 2011 à 2h du matin à Kinshasa de suite d'un second arrêt cérébral vasculaire, à la clinique Ngaliema.
Icône de la chanson, considéré comme l'un des plus grands chanteurs ténor qu'ait connu le Congo, Debaba nous a laissé une discographie inoubliable : Mokolo Mosusu, Abidjan, Tati Kondé, Zikondo, Célio déclarant et bien d’autres.
Jean-Claude Mombong