Colère au Sénégal, après la décision de la Cour suprême contre l’opposant Ousmane Sonko

Colère au Sénégal, après la décision de la Cour suprême contre l’opposant Ousmane Sonko

Au Sénégal, la Cour suprême a cassé le verdict rendu par le tribunal de Ziguinchor favorable à l’opposant Ousmane Sonko. Une décision qui a déclenché une vague de colère dans ce pays ouest-africain.

La Cour suprême du Sénégal a cassé la décision du tribunal de Ziguinchor de réinscrire Ousmane Sonko sur les listes électorales. L’institution, qui a rendu son verdict, hier vendredi, a renvoyé l’État et l’opposant devant le Tribunal de grande instance de Dakar. C’est donc un nouveau marathon judiciaire qu’entament les avocats du leader des Patriotes. Le chef du parti dissout Pastef tient à participer à la Présidentielle pour laquelle il est, pour l’heure, éjecté. Une mise à l’écart confirmé par la Cour suprême et qui passe très mal chez nombre de Sénégalais.

« Empêcher Ousmane Sonko d’aller à l’élection présidentielle »

« C’est triste ce qui se passe actuellement dans ce pays. C’est tellement flagrant que Macky Sall est derrière toute cette pagaille. Le Président continue de combattre Ousmane Sonko avec ses dernières énergies. Il est en train d’user de tous les moyens pour empêcher Ousmane Sonko d’aller à l’élection présidentielle de février. Quitte à faire usage de l’appareil judiciaire. C’est honteux ce que nous vivons en ce moment. Le Sénégal ne mérite pas un tel scénario », se désole Ousmane Diagne, enseignant, casquette bien vissée sur la tête. Ses lunettes de soleil cachent mal la colère qui se lit dans ses yeux.

Même son de cloche chez Aliou Diop, menuisier qui cache mal sa colère, après le verdict rendu par la Cour suprême. « Je trouve que c’est très lâche de la part des autorités de s’acharner de la sorte contre un candidat à la Présidentielle. Tout ceci est l’œuvre de Macky Sall, qui continue de tisser sa toile. Il prouve, encore une fois, qu’il ne veut pas d’adversaire de rang lors d’une élection. En 2019, il avait écarté des poids lourds comme Khalifa Sall et autre Karim Wade. Aujourd’hui, c’est au tour de Sonko », dénonce-t-il.

« Donner des consignes de vote en faveur d’un candidat »

« Macky oublie une chose : l’homme propose, Dieu dispose. Il a beau faire ses calculs politiciens pour maintenir son camp au pouvoir, s’il doit perdre les élections, il les perdra. Depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall ne fait que des calculs purement politiques. Peu importe le volet social, il n’a d’yeux que pour les résultats politiques. Et c’est regrettable, car le peuple avait fondé beaucoup d’espoir en lui et en sa loyauté. Mais il a beaucoup déçu, surtout en le voyant s’acharner de la sorte contre son principal adversaire », poursuit M. Diop.

La décision de la Cour suprême reste une pilule difficile à avaler pour bon nombre de Sénégalais. D’autres gardent tout de même espoir. C’est le cas de Daouda Diokhané, bijoutier de profession. « C’est insensé de vouloir tout fonder sur des calculs politiques. D’ailleurs, je ne sais pas comment fera le camp de Macky Sall pour remporter ces élections. Même si Sonko est maintenu en prison, il lui suffit de donner des consignes de vote en faveur d’un candidat pour que celui-ci remporte les élections ».

Macky Sall « aura la surprise de sa vie »

« Il y a des limites dans tout calcul. On ne peut pas tout calculer dans la vie. Ce qui est grave avec Macky Sall, c’est qu’il passe tout son temps à faire des calculs politiques. Des combinaisons qu’il ne cesse de mettre en place, n’en déplaise aux Sénégalais. Il oublie complètement qu’il a été élu par les Sénégalais. Mais il aura la surprise de sa vie. Je suis persuadé qu’au soir du 25 février 2024, il se mordra les doigts et se rappellera qui l’avait élu en 2012 », martèle Daouda Diokhané, cure-dent en main, qu’il n’hésite pas à utiliser entre ses réponses.

Notons que l’ambiance est tendue au Sénégal après le verdict rendu hier. Les avocats de l’opposant Ousmane Sonko ont tous partagé leur déception face à ce qu’ils qualifient de « recul démocratique ». A Dakar comme à Ziguinchor, il y a eu de petites manifestations de colère. Ce samedi, les Sénégalais continuent de mener leurs activités, en étant conscients de la tension perceptible dans le pays. Il revient au tribunal de grande instance de Dakar de valider ou non l’éligibilité d’Ousmane Sonko. Avant ou après les délais fixés pour prendre part à la Présidentielle ? Là est la question.

 

AFP pour la Gazette du Continent

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