La Gazette du Continent a rencontré le directeur adjoint de la Communication du chef de l'Etat. Giscard Kusema Kamba revient sur la dernière rencontre manquée entre le chef de l'Etat congolais et celui du Rwanda à Luanda en Angola le 15 décembre 2024.
Un accord qui devrait être signé entre les présidents rwandais et congolais. Peut-on parler d'un échec ?
On parle de l'échec de la tripartite simplement parce que la troisième partie qui devait la constituer ne s'est pas présentée. Donc, là où on attend trois personnes, on en reçoit que deux. C'est un échec simplement sur le plan numérique. Maintenant dans les fonds, nous considérons que c'est un échec parce qu'au niveau ministériel il y a eu sept sessions préparatoires. Au cours de la sixième, il y a une avancée significative avec ce qu'on a appelé le plan d'opération. Finalement, on savait quel était l'engagement de la RDC et quel était l'engagement du Rwanda. Pour rappel, la RDC s'engageait à donner un plan de neutralisation des FDLR. Ce plan opérationnel avait été accepté. Du côté rwandais, c'était le désengagement des troupes aujourd'hui évaluées à plus de 4.000 hommes qui sont en terre congolaise et au front au nom du M23 qui devrait se désengager. Maintenant lorsqu'on arrive la veille de la signature dudit accord, les Rwandais sortent une autre exigence qui n'avait jamais été révélée au cours de la session précédente. Voilà pourquoi nous disons que le Rwanda est responsable de cet échec. Il l'a préparé et la preuve, c'est que son chef d'État ne s'est pas rendu à Luanda et puis la délégation est sortie du texte qui était un draft pour proposer des choses qui sont irréalisables. Ce qui étonne d'ailleurs, c'est de voir cette connivence finalement entre le Rwanda, on le sait, qui constitue une seule partie mais de dire haut et fort qu'il ne signe pas si la RDC ne le fait pas avec le M23. Je ne sais pas quel est le lien ici puisque c'était un accord d'État à Etat. Il s'agit de l'État agressé et l'état agresseur avec une agression avérée et documentée par les Nations Unies mais le Rwanda va prendre un groupe terroriste comme préalable. Donc, voilà pourquoi nous disons que le Rwanda torpille cet accord de paix. Par ce fait, le président Paul Kagame a défié la communauté internationale qui a mis en place ce processus et qui le soutient. Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi a tiré les leçons de cet échec. Et maintenant, on va changer le fusil d'épaule pour continuer à défendre l'intégrité et la souveraineté de la République Démocratique du Congo.
Pour les officiels rwandais, si le président Paul Kagame ne s'est pas déplacé à Luanda c'est à cause du Président de la République Démocratique du Congo qui ne respecte pas sa parole...
De quelle parole voulez-vous parler ? Le président Tshisekedi a été à Luanda en Angola sur invitation de son homologue. Il est allé honorer cet engagement. Le président ne s'est pas déplacé à Luanda parce qu'il voulait bien y aller pour serrer la main de son homologue ou répondre à son invitation. Non. Disons de quel engagement avait-il parlé ? Ce sont des concepts vagues et des déclarations farfelues qui n'ont aucun fondement parce qu'il y a aucun engagement qui a été pris entre le président Paul Kagame et le président Félix-Antoine Tshisekedi. S'il en a un, le président rwandais n'a qu'à l'exhiber. Donc, il n'y a aucun accord. C'est c'est un faux fouillant.
Le président de la République avait dit qu'il ne rencontrerait Paul Kagame qu'au ciel lors de sa dernière campagne électorale...
Le ciel pour nous, c'est le retrait du territoire congolais des troupes rwandaises. Dès lors que le Rwanda les a acceptées, le président de la RépubliqueDémocratique du Congo était en droit de pouvoir aller au nom de la paix, aller le rencontrer. C'est une rencontre qui ne donne rien s'il ne s'engage pas. La preuve, il ne l'a pas rencontré. Voilà.
La délégation congolaise qui était à Luanda savait que le président Kagame n'allait pas venir. Pourquoi est-ce qu'on avait dit au Président de la République de faire ce déplacement de Luanda que certains Congolais qualifient d'un déplacement qui n'a rien apporté à la République Démocratique du Congo ?
Non. Il ne faut pas dire que ce déplacement n'a rien apporté. Il a permis au président de la République de faire le point de ce processus avec le médiateur. Le président de la République Démocratique du Congo est parti à Luanda parce que la médiation n'avait pas annulé cette rencontre. Nous insistons que la médiation n'avait pas fait une communication publique pour l'annuler. S'il y a eu un échec au niveau préparatoire, c'était une rencontre informelle qui n'engageait pas les chefs d'État. Il faut bien comprendre les choses. Nous disons que ce qui s'est passé dans la nuit du 14 décembre 2024 était une rencontre préparatoire et informelle. Et que cette question pouvait, si la médiation était forte, trouver une solution au niveau des chefs d'État. Le président de la RDC est parti parce qu'il a reçu une invitation du président angolais qui était valable. Il y était attendu. Il a été reçu par le médiateur. Il ne faut pas condamner le président de la RDC qui est parti à Luanda. Il faut condamner plutôt celui qui n'est pas parti parce qu'il a manqué du respect non seulement à ces deux homologues mais aussi à la communauté internationale qui soutient et qui a mis en place ce processus. C'est comme ça que les choses devaient être comprises.
Pour terminer, il y a la démarche diplomatique qui jusque-là ne donne vraiment pas les résultats escomptés. Il ne reste que, selon les Congolais, l'option militaire. Sur le plan militaire, la RDC pourrait-elle vaincre le Rwanda à travers le M23 puisque jusque-là le M23 et le Rwanda continuent de gagner du terrain ?
Nous disons oui. Les Fardc ont toute la capacité opérationnelle de bouter hors du territoire national, nous savons que derrière le M23 d'abord c'est une coquille vide et qui n'existe pas. Nous savons qu'il y a 4.000 hommes au dernier décompte, peut-être le nombre a doublé aujourd'hui. Les troupes rwandaises ont été renforcées par d'autres forces extérieures qui sont au front. Le M23 est juste une coquille vide et que les Fardc ont toute la capacité opérationnelle et continueront à défendre le territoire national. Et jusqu'ici, elles font bien leur travail. Jusque-là, quelques résultats qui sont présentés c'est juste pour faire valoir quelque chose au M23. Ce n'est qu'un trompe l'oeil. Nous disons que la RDC restera dans ses 2.345.409 km2. Aucune force étrangère ne restera éternelle en RDC. Elle sera boutée dehors parce qu'il y a quelques années le M23 était défait parce qu'il ne représentait rien. Ils seront défaits eux et tous ceux qui sont derrière eux, notamment l'armée rwandaise.
La gazette du Continent.