Liberté de la presse en RDC : entre engagements officiels et réalités alarmantes à l’Est

Liberté de la presse en RDC : entre engagements officiels et réalités alarmantes à l’Est

À l’occasion de la 32ème Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée sous le thème national : « Le journaliste congolais face au défi de l’intelligence artificielle : information et désinformation en temps de guerre d’agression rwandaise », la République Démocratique du Congo s’est retrouvée partagée entre déclarations d’intention et constat d’une réalité préoccupante sur le terrain, notamment dans l’Est du pays.

À Kinshasa, le président Félix-Antoine Tshisekedi a présidé une cérémonie officielle, réaffirmant l’importance d’une presse libre et responsable. « Il n’y a pas de paix durable sans liberté de la presse. Il n’y a pas de démocratie réelle sans pluralisme de l’information », a-t-il déclaré devant les professionnels des médias. Le chef de l’État a toutefois appelé à un journalisme éthique et patriote, à même de faire face à la désinformation en période de guerre.
En parallèle, dans la partie Est du pays sous occupation de l’AFC-M23, la situation des journalistes reste marquée par la précarité et la peur. Dans un communiqué publié le 2 mai 2025, l’organisation Journaliste en danger (JED) tire la sonnette d’alarme sur les violations graves et répétées des droits des journalistes. Enlèvements, menaces, disparitions, fermeture arbitraire de médias : le climat, selon JED, est devenu intenable pour des dizaines de professionnels contraints de fuir ou de se taire.
« Une véritable chasse à la presse est en cours dans les zones de conflit, réduisant au silence les médias indépendants », dénonce l’organisation. Le conflit armé dans l’Est du pays aurait déjà provoqué la fermeture de plusieurs radios communautaires et la fuite d’une cinquantaine de journalistes.
À Goma, le maire Katembo Ndaliendi Julien, nommé par l’AFC-M23, a tenu à marquer cette journée par un message de soutien aux professionnels des médias. À l’issue des travaux communautaires de salubrité (Salongo), il a promis de garantir la sécurité des journalistes dans les zones contrôlées par son administration. « Le mouvement révolutionnaire AFC/M23 assure cette liberté de la presse dans les espaces libérés. L’atteinte à la sécurité des journalistes est inacceptable », a-t-il déclaré, en référence à la résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la protection des journalistes en zones de conflit.
« Nous disons joyeuse fête à tous les chevaliers de la plume. Nous allons continuer à vous accompagner et surtout en vous assurant la protection », a-t-il ajouté, saluant l’apolitisme des journalistes et leur rôle dans l’accompagnement des politiques publiques.
Du côté du gouvernement central, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a dénoncé les exactions subies par les journalistes dans les zones occupées, évoquant « le musèlement de la presse, les intimidations, les arrestations arbitraires et la fermeture de médias ».
En cette journée symbolique, les acteurs institutionnels et les organisations de la société civile s’accordent sur un point : la liberté de la presse demeure un pilier de la démocratie et un levier indispensable pour accompagner les efforts de paix. Reste à savoir si les engagements proclamés se traduiront en mesures concrètes dans toutes les parties du pays.

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