Les obsèques de Silvio Berlusconi ont lieu mercredi à Milan en présence de hauts responsables politiques italiens. Ces funérailles d'État sont accompagnées d'une journée de deuil national. C'est une première pour un ex-Premier ministre, qui n'est cependant pas du goût de tous les Italiens.
L'Italie a dit adieu mercredi 14 juin à l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, mort d'une leucémie lundi à 86 ans, lors de funérailles d'État organisées en présence des hauts responsables politiques du pays.
Les obsèques officielles du milliardaire ont débuté 15 h à la cathédrale de Milan en présence de milliers de personnes et sous les chants des supporters de l'AC Milan, club dirigé pendant 31 ans par l'ancien chef du gouvernement. Surplombé de fleurs blanches, rouges et vertes, aux couleurs du drapeau italien, le cercueil a fait son entrée dans l'église, sous les applaudissements de l'assemblée, dont la Première ministre Giorgia Meloni ainsi que de très nombreux dignitaires politiques.
"Quand un homme est un homme politique, il cherche à gagner. Il a des soutiens et des opposants. Certains le portent aux nues, d'autres ne le supportent pas", a résumé dans son homélie l'archevêque de Milan, Mgr Mario Delpini.
Visages graves, certains en pleurs, la foule d'admirateurs de Berlusconi agglutinés derrière des barrières les séparant du parvis de la cathédrale a suivi en silence la cérémonie sur deux écrans géants. Sous un soleil de plomb, beaucoup ont scandé "Silvio", "Berlusconi président" ou encore "Merci, tu es l'unique !"
À l'issue des funérailles, ses cinq enfants issus de deux unions sont sortis et ont salué la foule qui a applaudi lorsque le corbillard est reparti.
Outre Giorgia Meloni et ses deux vice-Premiers ministres, Matteo Salvini et Antonio Tajani – numéro deux de son parti Forza Italia –, le président de la République Sergio Mattarella ainsi que l'ex-chef du gouvernement Mario Draghi étaient présents. Elly Schlein, cheffe du Parti démocrate, et l'ancien chef du gouvernement de centre-gauche Matteo Renzi, ont représenté, entre autres, l'opposition de gauche et centre-gauche.
La Commission européenne était représentée par son commissaire à l'Économie, l'Italien Paolo Gentiloni, ex-chef de l'exécutif à Rome. Parmi les rares responsables étrangers figuraient notamment l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le président irakien, Abdel Latif Rachid et le Premier ministre hongrois Viktor Orban.
"Manque de respect"
Ces funérailles d'État, prévues par le protocole, étaient accompagnées d'une journée de deuil national, une première pour un ex-Premier ministre qui n'est cependant pas du goût de tous les Italiens. À Milan comme partout en Italie, les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics.
"Les funérailles d'État sont prévues et c'est juste, mais le deuil national pour une personne clivante comme Silvio Berlusconi me semble un choix inopportun", s'est ainsi exprimée Rosy Bindi, ex-ministre de gauche dans le gouvernement Prodi II (2006-2008) à la radio publique.
Andrea Crisanti, sénateur du Parti démocrate (PD, centre-gauche), a également fait connaître son opposition. "Il n'a pas eu de respect pour l'État quand il a fraudé le fisc", a-t-il dit, rappelant la condamnation définitive du "Cavaliere" en 2013 à quatre années de prison – ramenées par amnistie à une année aménagée –, dans l'affaire de fraude fiscale concernant son empire Mediaset.
Le parcours de cet éternel revenant, dont la mort politique fut maintes fois annoncée à tort, se confond avec l'histoire italienne des trente dernières années. Il était aussi l'un des hommes les plus riches de la péninsule avec une fortune évaluée début avril par Forbes à 6,4 milliards d'euros.
Adoré ou détesté
Adoré ou détesté, cet amateur assumé de femmes beaucoup plus jeunes que lui, y compris des call-girls, a été impliqué dans une myriade de procès liés à des réceptions controversées.
À l'étranger, il était surtout connu pour la ribambelle de scandales dans lesquels il fut impliqué, ses gaffes devenues légendaires, ses procès à répétition et ses coups d'éclat diplomatiques.
Sa disparition a suscité des réactions dans le monde entier : un "vrai ami" pour le président russe Vladimir Poutine, "une figure majeure de l'Italie contemporaine" pour son homologue français Emmanuel Macron, en passant par la Maison Blanche, l'ONU et le monde du sport.
Source : AFP / France 24