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Haïti : violence des gangs

Haïti : violence des gangs

Le gouvernement haïtien a décrété dimanche l'état d'urgence et un couvre-feu.

Cette décision fait suite à une "dégradation sécuritaire", à Port-au-Prince.

Au moins une dizaine de personnes sont mortes durant l'évasion de milliers de détenus du Pénitencier national attaqué par des gangs armés.

Le gouvernement haïtien a décrété dimanche l'état d'urgence et un couvre-feu "sur toute l'étendue du département de l'Ouest pour une période de 72 heures renouvelable", département dont fait partie la capitale, et "un couvre-feu sur tout ce territoire" entre 18h et 5h locales lundi, mardi et mercredi, ainsi que dimanche de 20h locales à 05h, indique un communiqué.

Le ministre de l'Économie et des Finances de Haïti, Patrick Michel Boisvert, a signé le document en tant que Premier ministre par intérim. Le Premier ministre Ariel Henry était en déplacement au Kenya la semaine dernière, où Port-au-Prince et Nairobi ont signé un accord pour l'envoi de policiers kényans dans l'île.

Le couvre-feu a été annoncé "en raison de la dégradation sécuritaire", notamment à Port-au-Prince, "caractérisée par des actes criminels de plus en plus violents perpétrés par les gangs armés", selon le gouvernement.

Pays pauvre des Caraïbes, Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, depuis l'assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse. Les forces de sécurité sont dépassées par la violence des gangs qui ont pris le contrôle de pans entiers du pays, y compris de la capitale Port-au-Prince. Depuis jeudi, des gangs armés s'en prennent à des sites stratégiques, disant vouloir renverser le Premier ministre contesté Ariel Henry. Au pouvoir depuis 2021, ce dernier aurait dû quitter ses fonctions début février.

"Les forces de l'ordre ont reçu l'ordre d'user de tous les moyens légaux à leur disposition en vue de faire respecter le couvre-feu et d'appréhender tous les contrevenants", ajoute le communiqué. La Police nationale "mettra tout en œuvre pour traquer les prisonniers en fuite, arrêter les responsables de ces actes criminels et leurs complices", a insisté le gouvernement.

Détenus dans la nature

L'instauration du couvre-feu tient également compte de "l'évasion de prisonniers dangereux", qui participe à mettre "en péril la sécurité nationale", a précisé le gouvernement. Dans la nuit de samedi à dimanche, des policiers "ont tenté de repousser l'assaut des gangs criminels contre le Pénitencier national et la prison de Croix des Bouquets", a indiqué le gouvernement haïtien dans un communiqué. "Cet assaut contre ces centres carcéraux a fait plusieurs blessés parmi les prisonniers et le personnel de l'Administration pénitentiaire", a-t-il ajouté.

Selon Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), seule une centaine de détenus étaient toujours présents dans la prison dimanche, sur environ 3800 avant l'attaque. Plusieurs prisonniers de droit commun, des chefs de gangs connus et des inculpés dans l'assassinat du président Jovenel Moïse étaient incarcérés au Pénitencier national, situé à quelques centaines de mètres du palais national. S'agissant de la prison de Croix des Bouquets, on ignore pour l'heure combien de détenus ont pu s'échapper, selon Pierre Espérance. Cette prison abritait avant l'attaque environ 1450 détenus, a-t-il précisé.

Le gouvernement a dénoncé les "déchaînements de criminels lourdement armés voulant à tout prix libérer des personnes gardées, notamment pour des faits de kidnapping, de meurtres et d'autres infractions graves".

 

La Gazette du Continent avec AFP

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