L’assassinat de Laurent Desiré Kabila a été un acte désespéré, nullement guidé par une main étrangère.
Mais qui l’a vraiment tué alors ?
Toutes les pistes ont été explorées : celle d'un trafic de diamants avec des libanais , celle d'un règlement de comptes entre anciens camarades d'armes , celle de l'intervention du Rwanda, de l’Ouganda et des Occidentaux.
Le président de la RDC , Laurent-Désiré Kabila a été assassiné, le 16 janvier 2001, à l’âge de soixante et un ans, par l’un de ses gardes du corps, dans son bureau.
La certitude à ce jour est que l'attentat a été commis par des kadogos ,ces enfants-soldats qui l’ont accompagné et gardé depuis les premiers jours de la rébellion contre le maréchal Mobutu Sese Seko jusqu’au 17 mai 1997 , date à laquelle celui-ci a été chassé du pouvoir.
Aucune culpabilité réelle n’a été vraiment établie , l’enquête sur sa mort piétine jusqu’aujourd’hui. À Kinshasa, personne ne croyait à la culpabilité de la cinquantaine de détenus qui croupissaient en prison -11 co-accusés sont décédés en détention, d’autres se sont évadés-, 22 viennent de bénéficier de la grâce présidentielle accordée par le président Félix Antoine Tshisekedi , dont son aide de camp , le colonel Eddy Kapend, bras droit du président, désigné comme le principal instigateur.
Les congolais ont toujours pensé que les vrais coupables sont ailleurs. Les vrais assassins courent encore. Plusieurs versions s’affrontent et se contredisent dans cette affaire.
Le « Mzee », le « Sage », avait-il appris qu’un complot se tramait contre lui ? Les rumeurs d’une conspiration couraient dans les chancelleries, nul ne pouvait ignorer la fin d’un règne qui s’était installée au sommet du pouvoir, le président était à la quête des nouveaux alliés, ses rapports avec ses parrains le Rwanda et l’Ouganda s’étaient dégradés. Selon d’autres sources , les Kadogos échafaudaient des plans de coup d’État pour venger l’exécution des 47 militaires originaires de l’Est tués par Kabila et celle de commandant Masasu et 8 de ses compagnons passés par les armes le 27 décembre 2000 à Poweto.
Ce jour-là, le mardi 16 janvier, peu avant 14 heures, l’opération est déclenchée, un jeune soldat Rachidi Kasereka entre dans le bureau présidentiel et demande à aller présenter ses civilités au président.
Les soldats de faction devant le bureau présidentiel laissent donc Rachidi, un simple soldat de base, pénétrer. Kabila y est seul en présence de son conseiller économique, Emile Mota, assis en face de lui sur un canapé. D’autres personnes, des visiteurs et le colonel Eddy Kapend, l’aide de camp du président, se trouvent dans l’anti-chambre attenante.
Rachidi Kasereka se dirige calmement vers Kabila, en pleine conversation avec son conseiller, il fait un signe au président, comme s’il avait un message secret à lui glisser à l’oreille. Kabila ne se méfie pas, se penche vers lui. Il est abattu de quatre balles, tirées à bout portant : une dans le cou, deux dans le thorax, une dans la jambe. Son corps massif s’écroule.
Son conseiller Emile Mota pousse des cris,l’aide de camp , le colonel Eddy Kapend, et quelques soldats, font irruption dans le bureau ; ils découvrent le président allongé par terre .
Le caporal Rachidi tente de s’enfuir. Il est aussitôt abattu par Eddy Kapend.
Les témoignages sont contradictoires, de nombreuses zones d'ombres planent sur les conditions de sa mort , sur les commanditaires et leurs auteurs ; l’énigme reste entière 24 ans après.
Avait-il signé sa mort en s’embrouillant avec ses parrains ? Ce conflit avait dégénéré rapidement en une guerre régionale, impliquant de multiples groupes armés ,sept pays africains , de multinationales et puissances occidentales.
Après cet assassinat, une réunion de crise sera aussitôt organisée à laquelle prendront part le colonel Eddy Kapend, le ministre d’État Pierre Victor Mpoyo ,l’ambassadeur angolais en RDC . Il est difficile, dans ces conditions, décident-ils, de confier le pouvoir à un civil pour faire face à la situation et maintenir la continuité de l’État.
Le représentant de l’Angola suggère alors au colonel Eddy Kapend de prendre ses responsabilités , l’intéressé décline l’offre.
Son cousin Kakudji refuse aussi,le général Denis Kalume Numbi, ministre du Plan et de la Reconstruction nationale était pressenti ; mais, après une longue discussion, Pierre Victor Mpoyo sortira de son chapeau le nom du général-major Joseph Kabila , qui dirigera le pays pendant 18 ans.
Jean-Claude Mass Mombong