Quatre jours après la promulgation de la nouvelle Constitution, Mahamat Idriss Déby Itno a nommé l’ancien opposant à la tête du gouvernement.
Le 1er janvier 2024, Mahamat Idriss Déby Itno a nommé Premier ministre Succès Masra, un de ses principaux opposants de retour d’exil en novembre après un accord de réconciliation.
« Le Docteur Succès Masra est nommé Premier ministre, chef du gouvernement de transition », a annoncé sur la chaîne de télévision d’État le secrétaire général à la présidence de la République, Mahamat Ahmat Alabo.
Le président du parti Les Transformateurs avait été parmi les plus virulents opposants au pouvoir militaire en place depuis deux ans et demi, après la mort d’Idriss Déby Itno, en avril 2021, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 30 ans.
Quelques jours avant le scrutin, Succès Masra avait publiquement appelé son camp à voter oui au référendum pour une nouvelle constitution promulguée le 29 décembre, étape-clé censée ouvrir la voie à des élections.
Tués par balles
Le 20 octobre 2022, des manifestants, partis du siège des Transformateurs, avaient protesté contre le maintien des militaires au pouvoir, qui venaient de faire prolonger de deux ans une transition de 18 mois au terme de laquelle ils avaient initialement promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections.
Une cinquantaine de personnes avaient été tuées ce jour-là selon les autorités, entre une centaine et 300 selon l’opposition et des ONG locales et internationales, pour la quasi-totalité des jeunes manifestants tués par balles par les militaires et les policiers, essentiellement à N’Djamena.
Comme plusieurs autres leaders de l’opposition, Succès Masra avait été contraint de s’exiler quelques jours après et n’avait pu revenir dans le pays le 3 novembre qu’à la suite d’un accord de réconciliation signé à Kinshasa le 31 octobre.
Le gouvernement s’engageait à garantir « le libre exercice de ses activités politiques » à Masra qui lui disait vouloir « continuer le dialogue (…) en vue d’une solution politique pacifique ». Plusieurs partis de l’opposition avaient pris leurs distances avec lui, exprimant également leur désaccord sur l’amnistie générale prononcée pour « tous les Tchadiens, civils et militaires » impliqués dans les évènements du « Jeudi noir. »
La Gazette du Continent avec AFP