La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, fait face à une nouvelle crise. Les transporteurs routiers, regroupés au sein du COATRARMAD (Collectif des Associations des Transporteurs Routiers du Territoire de Masisi pour le Développement Durable), ont entamé le mardi 11 juin 2024 une grève. Cette mobilisation concerne les axes Goma-Masisi-Walikale et Goma-Kanyabayonga-Butembo, et résulte de multiples tracasseries, de la surtaxation et du mauvais état des routes, en plus d'une situation sécuritaire toujours volatile.
Germain Kanane Kibando, président du collectif, critique le silence des autorités provinciales face à leurs revendications. « Nos revendications, la première, c'est le péage routier dont le gouverneur a remis l'attribution à l'entreprise TAIGA, qui a multiplié, voire triplé la taxe. Un véhicule qui payait 26 dollars américains doit maintenant payer jusqu'à 120 dollars américains. Nous avons sollicité l'intervention du gouverneur, qui a promis de répondre positivement, mais après un mois, rien n'a été fait », a-t-il regretté. Kibando souligne que cette surtaxation est injustifiée, car les routes ne sont pas entretenues.
« Aucun entretien ne se fait sur cette route. En arrivant à Sake, le gouvernement ne dépasse pas 2 km. Le reste est contrôlé par les rebelles M23 qui imposent également leur taxe. Un petit camion de 6 tonnes paie 320 dollars américains, un camion de 15 tonnes 450 dollars américains, et un camion de 20 tonnes 650 dollars américains », a-t-il ajouté.
La grève des transporteurs pourrait avoir des répercussions graves sur la ville de Goma, notamment en provoquant la rareté de certains produits. Les producteurs et vendeurs de divers produits plaident déjà pour une solution rapide. Bizimana Oscar, président de l'ADEVEVI (Association des Dépositaires et des Vendeurs de Vivres), avertit : « Il faut que la situation soit résolue urgemment, car Goma sera en manque de produits. Nous ne pourrons pas travailler, nos partenaires étant en grève. Nous allons aussi fermer nos dépôts. »
Pour la même raison, les transporteurs routiers entre Goma et Kanyabayonga appellent également à une intervention pour la réouverture de la route Goma-Rutshuru. Selon Léonard Kasereka, leur représentant, les véhicules entrant à Kanyabayonga ne peuvent plus revenir à Goma par décision des autorités de l'état de siège.
Le mardi à Goma, les camions Fuso restent immobiles dans les grandes artères de la ville, notamment à l'entrée terminus, illustrant la paralysie totale du transport routier.
Magloire Mutulwa