Médecins Sans Frontières (MSF) a exprimé une vive inquiétude après une incursion armée survenue dans l’enceinte de l’hôpital de Kyeshero à Goma, qui a coûté la vie à une personne et fait plusieurs blessés.
L’ONG internationale dénonce une recrudescence inquiétante des violences visant les structures de santé dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo.
Dans la nuit du 4 au 5 avril 2025, environ vingt hommes armés, identifiés comme appartenant au M23/Alliance Fleuve Congo (AFC), ont pénétré dans l'enceinte de l’hôpital de Kyeshero à la recherche de personnes réfugiées depuis plusieurs semaines. D’après MSF, qui appuie l’Unité Nutritionnelle de Traitement Intensif (UNTI) au sein de cette structure liée au ministère de la Santé, les hommes armés ont effectué des tirs, provoquant la mort d’une personne, trois blessés, et des violences physiques sur deux membres du personnel médical. Bien que les services de soins n’aient pas été envahis, plusieurs balles ont atteint des zones sensibles, dont le matelas d’un patient.
<< L’usage de la force dans une structure médicale transforme un lieu de soins en un lieu de danger. Ces événements sont inacceptables et doivent cesser immédiatement >>, a déclaré Margot Grelet, coordinatrice des urgences pour MSF à Goma.
Le M23/AFC évoque une riposte militaire
Dans un communiqué officiel publié le 12 avril, le Gouverneur militaire du Nord-Kivu, Bahati Musanga Erasto, représentant des autorités établies sous le contrôle du M23/AFC, a expliqué que les tirs entendus dans les quartiers de Lac-Vert et Kyeshero vers 22h dans la nuit du 11 avril étaient liés à des affrontements. Selon lui, l’Armée Révolutionnaire Congolaise (ARC) a été visée par une tentative d’attaque de la coalition formée par les FARDC, les FDLR et les miliciens Wazalendo. Ces derniers auraient été, selon ses termes, << vite anéantis >> après une riposte des forces du M23/AFC.
<< Nous appelons la population au calme. Votre armée, l’ARC, a chassé les ennemis qui ont troublé votre quiétude. Elle reste déterminée à garantir votre paix et votre sécurité >>, peut-on lire dans le communiqué officiel.
Multiplication des incidents sécuritaires
MSF souligne que cet incident s’inscrit dans une tendance inquiétante : depuis le début de l’année 2025, l’organisation humanitaire rapporte une quinzaine d’incidents similaires dans les deux provinces. Le 20 février à Masisi Centre, deux personnes ont été blessées lors d’affrontements, dont un employé de MSF, Jerry Muhindo Kavali, décédé deux jours plus tard. Le 19 mars, des tirs croisés à Walikale ont touché la base MSF, endommageant installations et véhicules. Au Sud-Kivu, l’Hôpital général de Référence (HGR) d’Uvira a également été touché par des tirs à la mi-février, forçant l’interruption des soins.
Face à ces risques, MSF alerte sur les difficultés croissantes à poursuivre ses missions dans des conditions sûres. “Sans garanties minimales de sécurité, les acteurs humanitaires ne peuvent ni travailler, ni assurer des soins vitaux à la population”, a insisté Margot Grelet.
MSF maintient son engagement humanitaire
Malgré ces défis, MSF continue de soutenir plusieurs structures sanitaires dans les zones affectées par les conflits, à Goma comme dans d'autres localités du Nord et du Sud-Kivu. Elle intervient notamment dans la prise en charge des cas de malnutrition, des victimes de violences sexuelles, des maladies infectieuses comme le choléra, ainsi que dans les soins primaires et pédiatriques.
L’organisation réitère son appel à toutes les parties impliquées dans le conflit de respecter strictement le caractère civil et protégé des structures de santé, conformément au droit international humanitaire.
Magloire Mutulwa