Elections 2023 : une campagne électorale épuisante pour les candidats faute des voies de communications dans les provinces

Elections 2023 : une campagne électorale épuisante pour les candidats faute des voies de communications dans les provinces

Dans presque toutes les provinces, les voies de communication sont en délabrement très avancé. La ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, ne fait pas exception. La mobilité est un grand et véritable défi pour les candidats qui doivent emprunter des motos et traverser des rivières avec tous les risques possibles d’accident de circulation.

« Rien ne sera facile. Il est inévitablement évident que je sois épuisée parce qu'il se pose un sérieux problème avec les routes. Je viens de Lubefu et j'ai touché de mes doigts à la gravité de la situation, mais ce n'est pas pour autant que je vais renoncer à aller rencontrer mon peuple totalement oublié et lui redonner l'espoir. Il faut que sa cause soit traitée au niveau national. Je vais user de tous les moyens possibles, s'il faut y aller par pirogue, vélo ou moto afin de communier avec le peuple, je vais le faire ». C’est le vœu de la candidate de Lubefu, Clarisse Mulenda.

Lorsqu’elle est arrivée au village Obudi non loin de la rivière Lomami par exemple, la population a dû ouvrir une route d'une longueur de 8 à 10 km pour que l'aspirante députée arrive dans le territoire. « A Lubefu, il existe des ponts de 10 à 15 mètres qui vous prennent 20 minutes pour les traverser par motos. J'avais un cortège de plusieurs motos. Nous avons mis plus de 5 heures sur une distance de 34 km simplement parce qu'il y avait trois rivières à traverser ».

Le peuple a besoin de sortir du cloisonnement dans lequel il vit. Dans tout le territoire du Sankuru, il n'y a pas un seul centimètre de route asphaltée. La situation est vraiment dramatique. « Je suis en train de vous parler des routes qui reliaient le Sankuru à d'autres villes il y a à peine trente ans, mais toutes les routes sont devenues littéralement impraticables. A certains endroits, nous avons dû compter sur le génie des conducteurs des motos par manque de traces des routes. Le Sankuru est carrément coupé du reste du pays ».

« Malgré son peuple vaillant, ambitieux, son réseau routier et Internet ne valent pas un franc et Lubefu ne vaut pas un rond ». C'est un peuple qui a besoin d'un lobbying particulier au niveau national, affirme Clarisse Mulenda. Le Congo est immense et le président Félix-Antoine Tshisekedi à travers plusieurs programmes audacieux, est en train de relever l'incroyable défi, estime-t-elle. « Je crois que le moment est venu de porter la cause du Sankuru sur la table nationale. Cette région du centre du pays a besoin des représentants d'une nouvelle ère qui est en train de rénover le bien commun pour juguler les méandres d'une misère sordide qui a assez duré ».

A Mweka, pas de routes aussi...


Honorine Chistine Bokashanga Kwete

Honorine Chistine Bokashanga Kwete, candidate à la députation nationale dans la circonscription électorale du territoire de Mweka, province du Kasaï, pense se battre pour la campagne électorale dans le territoire de Mweka. C'est comme dans tous les autres territoires de la République où il y a un problème de déplacement qui se pose. Le problème de transport pour arriver à Mweka en partant de Kinshasa est un véritable parcours de combattant.

Le voyage est plus aisé par avion en partant de Kinshasa pour Kananga. De Kananga, vous allez prendre la moto parce que les routes sont impraticables. À partir de Kananga, le seul moyen de transport qui s’offre à vous, c’est la moto jusqu'à Mweka. Vous pouvez prendre un vol jusqu’à Tshikapa. De Tshikapa, vous prendrez la moto jusqu’à Mweka. Soit, vous prenez le bus qui part de Kinshasa à Tshikapa. Il n’y a pas d’autres moyens de transports parce qu’avec le véhicule vous n’arriverez pas à temps. Voyager par véhicule risque de vous prendre deux semaines ou un mois, surtout pendant cette période pluvieuse à cause du mauvais état des routes qui sont trop sablonneuses. Lorsque le candidat arrive à Mweka, le chef-lieu de territoire, il doit se déployer. La cité de Mweka a plusieurs axes. Ce sont les routes qui mènent vers les villages, les secteurs, les groupements... Le candidat se déplace à moto jusqu'à un certain niveau mais à un moment, il doit traverser des rivières par pirogues.

« Par exemple, lorsque nous devons prendre l'axe Mweka vers Mbelu ou vers Misumba, vous avez la rivière Lubudi. La traversée n’est possible que des pirogues. Il n’y a pas assez de vélos qui sont utilisés comme moyens de transport parce qu’ils sont utilisés pour le transport des marchandises. Nous faisons nos campagnes dans des conditions très difficiles ».

Le voyage par moto a ses conséquences. « Vous tombez et vous vous fracturez mais vous vous relevez toujours. Lorsque je suis allée pour me faire enrôler, j'ai connu un accident de moto juste. J'ai mal au genou à la suite de cette chute. J’y suis encore rentrée pour le dépôt de la candidature. Nous ne pouvons pas abandonner notre pays et notre territoire. Nous devons travailler et nous travaillons dans ces conditions-là. Ce n'est pas facile mais ce n'est pas impossible.

Il y a un adage qui dit « quand on veut, on peut. Nous voulons bien avoir des élections. Voilà ce que nous avons comme la mer à boire mais nous sommes là pour battre notre campagne ».

Également dans le territoire de Luozi

Effectivement la campagne électorale est un défi énorme à Luozi, a avoué un candidat de la circonscription de Luozi dans la province du Kongo Central. « L'état de délabrement avancé des routes dans tous les secteurs en général ne nous facilite pas la tâche.  La quasi-totalité des 10 secteurs de Luozi demeurent difficilement accessibles, surtout pendant la saison des pluies.  Cette campagne sera un vrai parcours de combattant ».

 

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