RDC : élection des sénateurs et Gouverneurs des Provinces, leurre ou lueur ? (Tribune de Legrand Mufwenge)

RDC : élection des sénateurs et Gouverneurs des Provinces, leurre ou lueur ? (Tribune de Legrand Mufwenge)

Attendue depuis longtemps, l'élection des gouverneurs des provinces et des sénateurs de la 3ème législature a finalement été organisée par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) sur fond d'un sentiment mitigé.

Cap désormais vers l'installation progressive des institutions ou exécutifs provinciaux dans l'optique de la décentralisation telle que voulue par le Constituant. Toutefois, si pour les uns, cette élection des Gouverneurs et Sénateurs suscite de l'espoir permettant de renouveler les exécutifs provinciaux et ainsi booster le développent local souhaité par tous, pour d'autres, l'élection des Gouverneurs et Sénateurs consacre une ploutocratie doublée de kleptocratie biaisée par des velléités de corruption généralisée.

Cette élection serait profitable aux riches, à une clique de personnes disposant de gros moyens pour gagner le pari. Manifestement, il s'agit d'un véritable leurre.

C’est justement par souci de redonner à tous les compétiteurs la même chance et la même possibilité d'accès aux postes de responsabilité que nous proposons ce qui suit :

La révision de certaines dispositions constitutionnelles interdisant le cumul des mandats. Sur ce point précis, il est indécent de constater que les élections soient prises en otage par certaines personnes qui se permettent allègrement tout sans scrupule. Ces personnes ne se gênent nullement à postuler tous les échelons de la compétition électorale pour assouvir leur boulimie politique préjudiciable à la démocratie. Conséquence directe : M.X est concomitamment élu conseiller communal, député provincial, député national, sénateur, gouverneur (devenir ministre)... au détriment des autres compétences au sein de la formation politique. Cette pratique, du reste ridicule et honteuse est à proscrire. Les parlementaires nouvellement élus devraient prioriser le bannissement de ce sale jeu pour récrédibiliser et revigorer notre jeu électoral et ainsi élargir la même chance à tout le monde.

La révision de certaines dispositions de la loi électorale pour interdire la suppléance familiale et opter pour une suppléance méritocratique parmi les autres membres et cadres du parti. Il est fort regrettable de constater que M.X élu à tous les échelons de la compétition électorale (Conseiller communal, député provincial, député national, sénateur...) se choisisse comme premiers suppléants ses enfants biologiques, sa femme, copines, cousins, cousines... Cette pseudo-sélection, généralement opérée pour des raisons mesquines crée des frustrations doublées de discrimination. Les partis politiques en RDC fonctionnent comme des ligablos familiaux ; un bien familial. C’est ridicule pour un pays qui se veut une démocratie au cœur de l'Afrique. Ce népotisme devenu véritable pratique politicienne en RDC sacrifie les compétences sur l'autel des intérêts égoïstes de certaines autorités dites morales. Cela confère aux sénatoriales le caractère de leurre. Une supercherie politique. Le parti politique étant transformé en tremplin, en outil permettant au chef du parti de propulser les siens aux postes juteux. Ça devrait s'arrêter par une révision de la loi électorale interdisant formellement la honteuse suppléance familiale.

La Révision ou sensible diminution du train de vie des institutions. La politique en RDC paye mieux, dit-on. D'où, la ruée vers des postes politiques, des candidatures massifiées, souvent fantaisistes pour accéder aux postes de responsabilité. Les émoluments et avantages faramineux alloués aux Gouverneurs des provinces et aux sénateurs attisent des convoitises, réveillent et éveillent l'attention de tout le monde. Le rapide enrichissement par la politique fait naitre des vocations politiques et des engagements politiques financièrement motivés. Ceux qui s'y engagent ne viennent forcement pas pour servir le peuple. La motivation première étant le rapide auto-enrichissement. Il nous parait impératif de réduire substantiellement les émoluments accordés aux sénateurs, Gouverneurs des provinces et députés. Cela passe par la révision raisonnable de la tension salariale, source des frustrations et de la misère des uns et de l'enrichissement éhonté des autres.

Une démocratie, c’est aussi une redistribution équitable des revenus et richesses du pays pour le bien de tous. Des dirigeants riches face à un peuple pauvre puisqu'appauvri est une catastrophe sociétale. Une situation inacceptable. Dans cette optique, pour des raisons de transparence et de redevabilité, il n'y a pas de tabou, pas de honte à ce que le peuple sache exactement combien touchent ceux qui le gouvernement comme cela se passe dans des vielles démocraties sous d'autres cieux. Le contraire serait très mal perçu et digéré par la population.

Impératif du cautionnement moral et de compétence pour une sélection qualitative des candidats. L'argent seul ne suffit pas. Les diplômes tout comme les avoirs ne suffisent pas pour occuper des postes de responsabilité dans une République digne de ce nom. Pour des raisons inavouées, l’on ne fait pas assez attention à la moralité, à la crédibilité de ceux qui postulent à tous les échelons. La médiocrité tant décriée dans la gouvernance de nos entités vient de là. Pour réajuster, équilibrer et surtout repenser notre système électoral, nous proposons la prise en compte de l'exemplarité morale dans le choix de candidats. Que cela soit acté dans la Constitution et dans la loi électorale. Les candidats à voter devraient être éthiquement et moralement valables. Et puisque la moralité sans compétence ne vaut pas. Il faut joindre à la moralité la compétence comme ensemble des aptitudes qui permettent à l'élu de bien faire son travail.

Quelques orientations utiles

Elire les Gouverneurs des provinces et des sénateurs (représentants des provinces) ne suffit pas. Les institutions ne valent que ce que valent leurs animateurs. Il faudrait, en sus, créer un climat de collaboration harmonieuse et pacifique entre les Gouverneurs en tant que chefs des exécutifs provinciaux et les députés provinciaux pour l'émergence d'un bon développement local profitable à tous. Il faut une certaine mutation paradigmatique de notre système électoral. Non aux motions alimentaires des députés provinciaux visant à déstabiliser les Gouverneurs. Non aux attitudes négationnistes du genre jalousie, haine viscérale, guéguerres intestines ou byzantines, l'arrogance aveugle et aveuglante, la prétention à l'autosuffisance trompeuse.

Perçue comme un leurre, l’élection des sénateurs et Gouverneurs peut devenir une lueur d'espoir et d’espérance si nous optons pour un changement paradigmatique raisonnable. C’est possible si chacun met la main à la patte, a laissé entendre Legrand Mufwenge. Le président de la République est appelé à se saisir du dossier pour trancher afin que cette injustice sociale ne puisse s’enraciner en République Démocratique du Congo.

 

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